
Vue d’une rue marchande à Téra
Située dans la région du Liptako-Gourma, la commune urbaine de Téra vit ces derniers temps dans un contexte marqué par l’insécurité et une crise humanitaire croissante. Le Secrétaire Général de la commune, M. Issa Ibrahim Amadou, évoque les efforts engagés dans la gestion des défis, les difficultés et les perspectives de développement.
M. Issa Ibrahim Amadou indique que les ressources internes de la commune de Téra proviennent principalement des taxes sur les marchés, des droits de place, des taxes foncières et des amendes. Leur collecte est assurée par les agents communaux déployés sur le terrain souvent dans les marchés et points stratégiques. Cependant, dit-il, la dégradation sécuritaire compromet fortement cette mission, car l’accès restreint à certaines zones réduit la capacité de paiement des populations et la mobilité des agents, ce qui entrave sérieusement la mobilisation des recettes. Il a ainsi révélé que la commune fait face à une menace des terroristes, ce qui bouleverse la vie socio-économique, provoque des déplacements massifs de population et restreint la liberté de mouvement.
« Face à cette situation, les habitants développent des mécanismes de résilience, des regroupements dans des zones plus sûres, la surveillance communautaire et la coopération accrue avec les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Grâce à cette collaboration, nous obtenons souvent des informations utiles qui aident les FDS à mieux faire leur travail », a-t-il dit.
Selon les données statistiques de la Représentation départementale du Ministère de l’Action humanitaire, pour le mois de mai 2025, plusieurs milliers de réfugiés en provenance des zones frontalières affectées par les conflits ont été enregistrés à Téra. On y dénombre 6 285 ménages, soit 39 947 personnes déplacées internes (PDI), ainsi que 3 190 ménages, représentant 16 680 demandeurs d’asile (DA). « La commune de Téra joue un rôle central en coordonnant l’accueil de ces populations, en facilitant leur enregistrement et en mobilisant les partenaires humanitaires pour assurer leur prise en charge », a-t-il expliqué.
Pour ce qui est de la gestion du cadre de vie, à l’approche de la saison des pluies, dit-il, la commune a prévu plusieurs actions dont, entre autres, le curage des caniveaux, l’assainissement de la ville, les sensibilisations sanitaires, la distribution de semences aux agriculteurs, la préparation des centres de santé, et la planification coordonnée avec les partenaires. C’est une approche préventive qui avait déjà porté ses fruits l’année précédente. Pour promouvoir l’émergence économique et sociale, la mairie mise sur le soutien à l’agriculture, à l’élevage, à la réhabilitation des marchés, aux artisans et l’amélioration des infrastructures scolaires et sanitaires à travers de nouvelles constructions. « L’objectif est de stimuler une gouvernance participative et de faire de chaque citoyen un acteur du développement afin que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice », a-t-il déclaré.
M. Issa Ibrahim Amadou a ajouté que l’insécurité reste le défi majeur, suivie de la crise alimentaire doublée avec l’arrivée de plus de 7 000 déplacés rien qu’en mars 2025 à Téra. À cela s’ajoutent les ressources limitées, le manque d’infrastructures et les effets du changement climatique. Pour y faire face, il préconise des solutions telles que le renforcement et la sécurisation du territoire pour permettre aux populations de retourner chez elles et reprendre les activités agricoles ; la mobilisation fiscale et le partenariat renforcé avec les ONG et les bailleurs de fonds ; la formation et l’insertion des jeunes, notamment à travers des infrastructures sportives ; le développement des routes, écoles et centres de santé pour créer un environnement propice à la stabilité. Tout ceci, dit-il, permettra de faire face à quelques grands défis pour le développement de la commune de Téra.
M. Issa Ibrahim Amadou a appelé la population de Téra à la cohésion sociale, à la solidarité entre Nigériens, à la coopération sincère avec les partenaires, et à un engagement collectif en faveur d’un avenir meilleur pour Téra et pour le Niger. Quant aux autorités, il les a appelées à une collaboration plus étroite et à une attention accrue envers les communautés.
« J’encourage les autorités à rester proches de la population. Il est essentiel d’instaurer une communication de proximité pour bâtir un climat de confiance entre les citoyens et les responsables. Il est urgent de rester à l’écoute, d’ouvrir des canaux de communication, pour permettre à chacun de se sentir entendu et impliqué. Nous faisons face à un combat qui nous concerne tous. Le moment que nous vivons est celui d’une véritable révolution nationale. C’est un combat collectif pour la souveraineté et la dignité de notre nation. La refondation du Niger est une œuvre commune qui nécessite l’unité, l’engagement et la solidarité de tous » a-t-il conclu.
Assad Hamadou (ONEP)