Le président de l’Assemblée nationale, SE. Ousseini Tinni, a présidé hier l’ouverture de la conférence régionale des pays du Sahel sur l’engagement des parlements dans la lutte contre le terrorisme. L’objectif de ces assises est de réfléchir et définir ensemble les conditions d’efficacité de l’engagement dans la lutte vitale pour la paix et le développement, de mettre en place des mécanismes de mutualisation des expériences en la matière à l’échelle des parlements du monde entier. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence des membres du gouvernement du Niger, des parlementaires des pays de la région du Sahel, des ambassadeurs et représentants des organisations internationales, du Haut représentant de l’Union Africaine pour le Sahel et le Mali, M. Pierre Buyoya, de la représentante du Secrétaire général de l’Union Interparlementaire (UIP), du directeur, conseiller spécial du Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, de la Vice-présidente du comité Interparlementaire de l’Union Africaine, Mme Fatima Doubou Dogo et de plusieurs invités.
Dans son allocution d’ouverture des travaux, le président de l’Assemblée nationale a tenu à remercier les participants de leur présence pour qu’ensemble, ils examinent les contributions les plus efficaces des parlementaires à la lutte contre cette peste des temps modernes qu’est le terrorisme. Selon SE Ousseini Tinni, pendant fort longtemps la zone sahélienne n’en percevait qu’un lointain écho ; il en constitue aujourd’hui une problématique centrale dont le traitement conditionne jusqu’à l’existence des Etats concernés. « C’est le défi le plus sérieux auquel nos Etats du Sahel sont confrontés. Mais comme chacun peut aisément le deviner, au-delà de notre espace, c’est tous les pays épris de paix qui en sont menacés », a-t-il déclaré.
Pour le président de l’Assemblée nationale, il est fort opportun et pertinent que les parlementaires des pays en première ligne du combat contre le terrorisme se retrouvent pour réfléchir et définir ensemble les conditions d’efficacité de leur engagement dans cette lutte vitale pour la paix et le développement. SE Ousseini Tinni a affirmé qu’au Niger, c’est au quotidien que les populations vivent les conséquences néfastes du terrorisme. « Je noterai d’abord l’évidence, celle d’un coût humain des plus lourds. En effet, un peu trop souvent nos familles sont endeuillées par des attaques aussi sournoises que meurtrières en raison de la nature asymétrique de cette guerre d’un genre nouveau. Il ya ensuite partout au Sahel, ces milliers de réfugiés et déplacés internes qui s’en viennent, ici et là perturber l’équilibre social déjà précaire de certaines de nos agglomérations. Actuellement la plus faible des estimations fait état d’au moins 300 000 réfugiés présents sur le territoire nigérien et d’autres difficultés», a relevé le président de l’Assemblée nationale du Niger.
- Ousseini Tinni a ensuite évoqué le travail que les parlementaires nigériens sont entrain de mener pour accompagner le gouvernement à combattre ce phénomène Devant ce fâcheux état des lieux a-t-il ajouté, l’Assemblée nationale fait front avec le reste du pays. Elle soutient les stratégies de riposte du gouvernement tout en restant dans le cadre stricte de ses prérogatives constitutionnelles. Elle participe ainsi à l’effort d’ensemble d’abord par les armes de la loi en adaptant la législation nationale à la situation née des conséquences du terrorisme, en adoptant régulièrement et à l’unanimité les lois relatives à l’état d’urgence dans les régions de la ligne de front. L’Assemblée nationale a aussi décidé d’organiser à l’échelle de l’ensemble du pays des missions de terrain pour sensibiliser les populations sur la paix, la sécurité, la cohésion et l’unité nationale. « L’objectif de ses missions est d’inciter le citoyens des villes et des campagnes à mieux collaborer avec les forces de défenses et de sécurité », a-t-il expliqué.
Le président de l’Assemblée nationale a, en outre, souhaité que la conférence régionale des parlements dans la lutte contre le terrorisme au Sahel parvienne aux résultats escomptés notamment la définition d’un modus operandi qui permette l’engagement des parlements dans la lutte contre le phénomène. Il a enfin appelé et espéré que tous les pays et régions concernés par le phénomène du terrorisme se concertent au niveau gouvernemental comme au plan parlementaire pour agir et donner à la lutte une chance d’aboutir sans trop de dommages collatéraux.
Pour le Haut représentant de l’Union Africaine au Sahel et au Mali, M. Pierre Buyoya, la paix et la sécurité constituent une des préoccupations majeures de l’Union Africaine. Malheureusement elles sont mises à mal par le terrorisme, un fléau des temps modernes qui tend à déstructurer les sociétés. « La menace terroriste est aujourd’hui une menace incontournable qui est loin de connaitre un déclin » dira M. Buyoya ajoutant que l’Union Africaine est convaincue que seule une approche multisectorielle, globale et coordonnée, qui prend en compte tous les éléments qui alimentent le terrorisme peut apporter une réponse efficace à ce fléau. «C’est dans cette optique que l’Union Africaine continue de soutenir les efforts déployés par la communauté internationale pour la mise en place de la Force Multinationale Mixte pour la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad », a-t-il dit. S’agissant de la région du Sahel, l’Union Africaine a apporté son soutien pour la mise en œuvre de la Force Conjointe du G5 Sahel et poursuit sans relâche ses efforts pour contribuer à sa pleine opérationnalisation.
Le représentant du bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a souligné que malgré les multiples défis auxquels le Sahel est confronté, l’unité démontrée par les pays est louable et donne confiance dans l’existence d’une volonté politique de s’attaquer aux causes de la crise dans la région. Il a félicité le président l’Assemblée nationale du Niger pour l’initiative de créer une commission interparlementaire du G5 Sahel ouverte aux pays de l’Alliance du Sahel.
Pour sa part, la représentante du Secrétaire général de l’Union Interparlementaire (UIP) a indiqué que le programme conjoint UIP-ONU de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent soutient les travaux au niveau national, régional et international en facilitant la transposition des résolutions et décisions internationales dans la législation nationale et en promouvant la coopération parlementaire régionale. Ce programme, précise-t-elle, vise à soutenir et à compléter les efforts mondiaux, à lutter contre le terrorisme, et à prévenir l’extrémisme violent par le biais de différentes activités et produits. Dans cette optique, dit-elle, les parlements et les parlementaires jouent un rôle crucial dans la lutte contre les conditions propices à l’extrémisme violent ou à l’extrémisme menant au terrorisme.
Seini Seydou Zakaria(onep)