Depuis le 30 juillet 2023, le Niger vit sous un nouveau ciel avec les remous des sanctions économiques ouest-africaines. De la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger au gel des avoirs du pays au niveau de la BCEAO, la CEDEAO a poussé jusqu’à l’extrême son cynisme au mépris de toutes les conventions qui régissent les institutions d’intégration. A cela, il faut ajouter le blocus économique imposé par plusieurs pays et organisations internationales.
Le but de ces sanctions était de provoquer une situation ingérable et mettre la pression sur le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie et le faire fléchir. Mais, c’était sans compter que l’action du CNSP du 26 juillet 2023 répond parfaitement aux attentes du peuple nigérien. C’est aussi sans compter avec le désir de souveraineté, le sens de la dignité et l’inébranlable résilience des populations.
En effet, à la suite des événements du 26 juillet 2023, la CEDEAO et l’UEMOA ont pris de manière systématique et avec des effets immédiats des sanctions à l’encontre du Niger. Cette organisation avait décrété une série de sanctions économiques et financiéres ( 9 au total) à l’encontre du Niger. Des sanctions sadiques et criminelles qui entravent les actions de développement, plongeant ainsi le pays dans une léthargie économique. Les impacts de ces sanctions se ressentent à plusieurs niveaux. Sur le plan énergétique, le pays vit au rythme des délestages ; conséquence directe de la suspension de la fourniture d’électricité par une société privée du Nigeria à la Nigelec. Pour alimenter ses abonnés, la Nigelec s’appuie sur ses seules productions locales insuffisantes pour couvrir les besoins de la capitale avec ses 2 millions d’habitants et les autres agglomérations.
Aussi, sans tenir compte des impératifs humanitaires cruciaux, ces sanctions ont également eu de fortes conséquences directes sur la population notamment, la perturbation des exportations et des importations des denrées alimentaires et des produits pharmaceutiques au profit du Niger. De milliers de camions chargés de produits ont été bloqués aux frontières avec le Bénin. Ce qui a provoqué une hausse des prix des denrées alimentaires dans le pays.
Au niveau des banques, l’insuffisance de la liquidité a occasionné un ralentissement dans les opérations bancaires. La fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Niger a occasioné le développement du transport fluvial.
Les Nigériens s’adaptent à la nouvelle situation
Face à ces sanctions inhumaines, les autorités de la transition, déterminées à œuvrer pour la souveraineté du Niger, ont entrepris plusieurs actions de résilience. Ces initiatives se traduisent par la multiplication des partenariats dans le domaine diplomatique à laquelle s’ajoute la recherche de nouveaux corridors pour assurer le ravitaillement du pays dans des conditions sécurisées. Sur certains corridors les avancées se remarquent avec le système d’escorte militaire mis en place. Avec ce systéme, les autorités arrivent à maintenir une cadence régulière permettant d’approvisionner les marchés de Niamey et ceux de l’intérieur du pays. Depuis plusieurs mois, des milliers de camions sont en train de rentrer au Niger et cela de façon interrompue. Plus de 4000 camions sont rentrés au Niger entre le 28 novembre et le 9 décembre 2023.
Aussi, des mesures ont été prises par le ministère des Finances pour alléger les charges fiscales au profit des opérateurs économiques sur les produits importés. Le ministère du Commerce a trouvé un accord avec les importateurs pour maintenir le ravitaillement en produits de première nécessité, notamment le riz. Le ministre effectue des visites régulières des magasins de stockage pour s’assurer de la disponibilité des denrées alimentaires tout ayant un regard aigu sur les tarifs des produits de première necessité. Aussi, relativement à la vie chére liée à l’environnement économique mondial , le Chef de l’Etat a rassuré qu’avec le temps d’autres solutions seront trouvées.
Sur le plan énérgétique, depuis le 25 Novembre 2023, le ministre du Pétrole , des Mines et de l’Energie a procédé à la mise en exploitation de la centrale solaire de 30 MWc de Gorou Banda de Niamey. Composée de 55.776 panneaux solaires de 540 Wc chacun, et construite sur une superficie de 27 hectares. La centrale solaire de Gorou Banda va produire 53GW/h par an. Depuis sa mise en service, les délestatges sont de moins en moins fréquents dans la capitale nigerienne. Le Ministère en charge de l’Energie a assuré que d’autres mesures seront prises progressivement pour un retour à la normale dans des délais raisonnables.
Par ailleurs, un Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie a été mis en place et depuis lors, les Nigériens, sans aucune distinction et sans pression aucune, contribuent à renflouer ce fonds. Le FSSP est conçu comme un instrument financier pour les Nigeriens, par les Nigériens. C’est l’héritage que le CNSP entend léguer aux générations futures.
En définitive, loin de décourager les Nigériens dans leur quête de souveraineté, les sanctions injustes de la Cedeao et de l’Uemoa, téléguidées par la France, n’ont fait que renforcer la détermination du peuple nigérien. Il est resté digne et résilient parce que convaincu que son combat est juste. Du reste, ses aspirations sont largement partagées par tous les peuples de l’Afrique de l’Ouest, particulièrement ceux des pays membres de l’Uemoa.
Rahila Tagou (ONEP)