Un proverbe du terroir enseigne qu’’ il serait impropre de tresser des cheveux sur un crâne truffé de poux.’’ ! Aujourd’hui, malheureusement, cet adage populaire résume parfaitement la situation désastreuse dans laquelle se trouve la ville de Niamey, depuis un certain temps, où le désordre et la pagaille semblent avoir réélu domicile dans l’occupation des espaces publics. A moment où le Président de la République, Issoufou Mahamadou, cet infatigable bâtisseur, se soucie au quotidien de l’image de la capitale qu’il souhaiterait hisser à un niveau digne du Niger et de son peuple, avec l’édification de grandes infrastructures ultra-modernes dans la Ville de Niamey, les autorités municipales se montrent incapables d’être à la hauteur de l’ambition présidentielle.
Rien qu’au cours de la semaine écoulée, le Chef de l’Etat a procédé au lancement des travaux de construction de l’Echangeur Ali Saïbou, au niveau du Rond-point des Armées, le quatrième sous les deux quinquennats, un bel ouvrage qui permettra de fluidifier, sans doute, la circulation urbaine fortement perturbée sur ce carrefour aujourd’hui. Pour matérialiser cette grande ambition d’une urbanisation moderne de la capitale, un mirifique projet, dénommé ‘’Programme Niamey Nyala’’ a été savamment et mûrement conçu, comprenant la construction d’infrastructures routières, administratives, hôtelières, sportives et récréatives pour le confort des habitants de Niamey. Incontestablement, ces dernières années, le visage de Niamey a profondément changé sous l’effet de ces réalisations impressionnantes.
Mais, très malheureusement, en dépit de ces gigantesques efforts financiers et matériels, et surtout au regard de l’investissement personnel des plus hautes autorités du pays dans cette énorme tâche de modernisation de la capitale, la copie municipale laisse à désirer. En effet, partout, la chienlit urbaine se réinstalle dans la capitale, l’éclaircie entrevue avec les opérations de déguerpissement d’avant le Sommet de l’Union Africaine à Niamey s’étant, peu à peu, dissipée. C’est même pire qu’avant dans certains endroits de la ville, tels que le Grand-Marché, l’échangeur Diori Hamani devenu l’échangeur Katako, transformé, à l’occasion en parking de stationnement pour camions gros porteurs ; ou encore Wadata, Maourey devenus de véritables niches d’oiseaux ou des toiles d’araignée, mieux, de véritables coupe-gorges routières pour les passants !
Et dans tout cela, où se trouvent les autorités municipales peut-on se demander. Soit, elles ont carrément démissionné, au figuré comme au propre. Au propre, il faut rappeler que le Délégué Spécial de la Communauté Urbaine de Niamey (CUN), Mouctar Mamoudou, avait rendu sa démission dans la perspective de se présenter aux élections municipales et régionales du 13 décembre 2020. Mais, s’étant rendu compte qu’une disposition du Code électoral dans sa nouvelle version, qu’il ignorait sans doute, interdisait à un certain nombre de personnes publiques de se présenter dans les circonscriptions où elles exerçaient (Gouverneurs, Préfets, Sous-préfets, Délégués Spéciaux, Secrétaires Généraux de Mairies), il était revenu, en catimini, sur cette démission et tout était rentré dans l’ordre.
Au figuré, le Délégué Spécial de la CUN ne semble plus avoir la tête à ses tâches désormais en pointillés depuis les élections locales passées, et réfléchirait plutôt sur un point de chute Ainsi, on pourrait se poser la question de savoir quelle est la véritable utilité de la Police municipale dans toute cette affaire ? En échangeant avec certains d’entre eux, il ressortait clairement que l’impulsion devrait venir du sommet. A titre d’exemple, nous confiait un officier de cette police, ‘’rien qu’avec l’application stricte de l’usage de la pose des sabots pour mauvais stationnements sur la voie publique au centre-ville, cela pourrait garantir le paiement de nos salaires grâce aux pénalités. D’autre part, rajoute notre interlocuteur du jour, en plus de cette rentrée de recettes pour la municipalité, cela pourrait constituer un caractère dissuasif à l’endroit d’automobilistes indélicats.
Que l’on se comprenne bien, nous ne sommes point contre le principe de rues marchandes, car cela existe dans toutes les grandes villes du monde, mais de là à faire de toute la ville de Niamey un supermarché ambulant à chaque coin de rue, au vu et au su des responsables municipaux à tous les étages, cela devient véritablement un problème structurel. Pour s’en convaincre, nous vous renvoyons à un reportage paru dans une de nos livraisons sur la quasi-privatisation de la rue Houdou Younoussa, qui a totalement rendu impraticable cette voie. Idem pour le carrefour Maourey censé être à quatre sens, mais qui, à certains moments de la journée, se transforme en rue en une seule voie ! Même chose pour la belle voie de la Corniche Kombo qui est, à certains endroits, obstruée par de troncs d’arbres posés par les riverains en guise de cassis. Les exemples font légion, mais nous nous en limitons à ces cas emblématiques. C’est donc tout ce désordre, cette pagaille organisée qui révulsent les Niaméens, et Dieu sait qu’il existe beaucoup de marchés dans la capitale avec de nombreux kiosques vides. Autre casse-tête, les charrettes ambulantes pour lesquelles il faudrait une réglementation spécifique pour délimiter leur aire de circulation dans la ville de Niamey.
Pourtant, la ville Niamey n’a jamais mérité d’être aussi belle, coquette qu’aujourd’hui, au regard des investissements massifs injectés dans le Programme Niamey Nyala par le Président Issoufou. Mais, hélas, le niveau de suivi et d’accompagnement de l’élan présidentiel constitue, visiblement, le talon d’Achille de cette noble ambition de l’Homme de la renaissance du Niger !
Quant aux braves habitants de Niamey, il faudrait également qu’ils s’approprient, véritablement, tous ces bijoux architecturaux construits à grands frais ! Car, ce n’est pas demain que vous en aurez d’autres !
Par Zakari Alzouma