
M. Abdoul Aziz Ibrahim présentant une de ses médailles
Quand il était petit, bizarrement tout le monde pensait qu’il s’appelait Zoubeirou, et ce surnom l’a suivi. Pourtant, son vrai nom est Djibo Abdoul Aziz Ibrahim. Ce jeune né le 1er janvier 2008, pratique le Judo au Samouraï Judo club David Douillet et détient la ceinture marronne. Mesurant 1m65 et combattant dans la catégorie des -55 kg, il a intégré l’équipe nationale de judo en 2021 grâce à ses performances impressionnantes. Abdoul Aziz a arrêté ses études en classe de 6è. Aujourd’hui, il exerce le métier de mécanicien pour subvenir à ses besoins, tout en poursuivant sa passion pour le judo.
Calme, silencieux, sérieux et toujours souriant, il déclare que sa curiosité l’a mené vers le judo. « Avant, en sortant de l’école, j’allais observer les entraînements dans les clubs. En regardant, je suis tombé amoureux de cet art martial japonais », confie-t-il.
Pourtant, lorsque Abdoul Aziz a annoncé à sa mère qu’il voulait pratiquer le judo, celle-ci s’y est opposée. Déterminé, il a réussi à économiser pour s’acheter un kimono avant d’informer son ami Aya Djibril, qui lui a suggéré de s’inscrire au club Samouraï. Depuis 2019, ce club est devenu sa deuxième maison. « Au début, les entraînements étaient très difficiles. Parfois, j’avais tellement mal au cou que je passais des nuits blanches, mais j’étais déterminé. J’ai donc fait preuve de patience et j’ai continué », raconte-t-il.
Aujourd’hui, Abdoul Aziz possède 14 médailles internationales. Il a participé à de nombreuses compétitions dans plusieurs pays, dont entre autres le Cameroun, la Tunisie, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Maroc, raflant des médailles d’or, d’argent et de bronze sur son passage. Récemment, après avoir ramené la médaille d’Or de l’OPEN de Casablanca au Maroc en 2025, il a été élu meilleur judoka Cadet de l’année 2024 par la fédération nigérienne de Judo.
Depuis qu’il a commencé sa carrière, il affirme n’avoir rencontré aucun problème majeur. Ses entraînements se déroulent bien, encadrés par de très bons coachs au Samouraï Judo club David Douillet. Il travaille dur et reste patient dans la construction de son avenir sportif.
Lors des compétitions, il sait ce qu’on attend de lui. En plus des entraînements au club, il effectue des séances supplémentaires avec sa coéquipière et partenaire Rabilatou Mamane, elle aussi championne de judo. Ensemble, ils courent, répètent des techniques et réalisent des exercices tactiques. Ils vont même en salle de gym pour renforcer leur condition physique.
Le judoka qui l’inspire le plus est Hifumi Abe, un Japonais né le 9 août 1997 qui a remporté quatre titres de champion du monde et deux médailles d’or olympiques. Abdoul Aziz aspire à suivre ses traces. « Mon objectif est de devenir comme Abe. Pour cela, je travaille dur pour me qualifier aux Jeux olympiques. Une fois qualifié, je redoublerai d’efforts pour décrocher l’or olympique », affirme-t-il avec détermination.
Conciliant métier et passion, il s’entraîne trois fois par semaine : lundi, mercredi et vendredi de 19h30 à 21h30. « Quand je suis en compétition, je suis très fier de représenter mon pays. Je donne tout pour gagner, et mes coéquipiers ressentent la même chose. Si l’un de nous perd, les autres ne sont pas contents. On est une famille », explique-t-il.
Malheureusement, Abdoul Aziz regrette que ses efforts ne soient pas récompensés à leur juste valeur. Il a remporté de nombreuses médailles, mais reste méconnu. « J’ai l’impression que le taekwondo est plus valorisé que le judo. Beaucoup d’athlètes sont formés à l’étranger, alors que nous sommes laissés à nous-mêmes. J’appelle les autorités à soutenir les judokas. Nous avons du talent, mais les conditions sont déplorables. Avec un peu d’aide, le judo nigérien ira loin », plaide-t-il. Son conseil aux jeunes voulant faire carrière dans le judo est simple ; « il faut s’armer de patience et travailler dur. Le judo est un art difficile, mais avec du courage et de la persévérance, on peut réussir ». Son plus beau combat reste une finale contre un adversaire ivoirien. « Il était en train de me gagner, il ne restait que 14 secondes. Le combat a été arrêté, mais après avoir revu la vidéo, les arbitres nous ont remis en lice. J’avais la rage, j’ai foncé et j’ai marqué un ippon. C’était ma plus belle victoire », raconte-t-il avec fierté.
Assad Hamadou (ONEP)