
Elhadj Boubacar Abdoulaye
Le premier vol charter pour le Hadj 2025 a quitté Niamey, le 13 mai, à destination de Médine. Les autorités s’investissent pour assurer une bonne organisation du Pèlerinage musulman,cinquième pilier de l’islam. Dans cet entretien, le Secrétaire Général sortant et Commissaire entrant à l’Organisation du Hadj et la Oumra du Niger (COHO) parle de l’acheminement des pèlerins, les défis à relever pour un bon déroulement du Hadj.
Monsieur le Commissaire, les vols charters des pèlerins du Niger ont débuté le mardi 13 mai 2025 pour les lieux saints de l’islam. Comment se déroulent ces opérations d’acheminement des pélérins ?
Merci de nous avoir donné l’opportunité de nous exprimer dans les colonnes de votre journal. Vous avez constaté que les départs pour les lieux saints de l’Islam ont débuté ce mardi 13 mai 2025. Je peux vous assurer que l’essentiel des préparatifs logistiques et administratifs a été finalisé. Parmi les grands axes déjà bouclés, nous avons notamment fini la sélection et la répartition des pèlerins, la signature des contrats avec les avionneurs et l’établissement d’un calendrier en coordination avec les compagnies partenaires de transport. Pour ce transport aérien charter, c’était la compagnie libyenne Afriquiya qui devait transporter nos pèlerins du 8 au 14 mai avec un quota de 2200 pèlerins. La compagnie libyenne Fly Oya quant à elle, c’est du 14 au 21 mai, et la compagnie saoudienne Fly Adeal et son partenaire Nigérien, Niger Airlines, c’est du 13 au 19 mai 2025. Mais, compte tenu des difficultés rencontrées par la compagnie libyenne Afriquiya dans l’attribution des slots par les autorités saoudiennes de l’aviation civile et la révision du programme de la compagnie libyenne Fly Oya, les pèlerins nigériens enregistrés sur les vols charters seront transportés en suivant le nouveau calendrier. La compagnie Fly Adeal, dans sa première phase, achemine, du 13 au 19 mai, 4 541 pèlerins et sa deuxième phase s’effectuera du 20 au 26 mai 2025 avec les 2 200 pèlerins de la compagnie Afriquiya qui n’a pas eu de slot auprès des autorités saoudiennes. La compagnie Fly Oya a déjà commencé le 14 et jusqu’au 26 mai avec 2 793 pèlerins. Insha Allah, nous assurons les 9 543 candidats enregistrés aux vols charters qu’ils seront acheminés en terre saoudienne pour effectuer le Hadj, édition de 2025.
Combien de pèlerins nigériens sont attendus cette année ? Avez-vous atteint le quota fixé ? Quelle est la répartition entre agences privées et organisation officielle ?
Pour l’édition 2025 du Hadj, le Niger a obtenu un quota officiel de 15891 pèlerins comme celui de l’année dernière. À ce jour, nous avons enregistré 12858, soit 80,91% du quota global. Cela témoigne de l’engouement constant de nos concitoyens pour ce pilier fondamental de l’islam, vu la situation du pays. Comme les agences de voyages agréées prennent en charge la formation de leurs pèlerins, cette répartition a été faite en respectant les directives fixées par les autorités saoudiennes et dans un souci de transparence et d’équité. Nous tenons à rassurer les pèlerins que toutes les dispositions logistiques, sanitaires et sécuritaires sont prises pour leur permettre d’accomplir leur Hadj dans les meilleures conditions possibles.
Sur le plan de la logistique, pouvez-vous nous détailler le dispositif prévu pour les départs et quels sont les aéroports retenus, les dates de départ, et les compagnies aériennes partenaires ?
Les premières rotations ont débuté le mardi avec deux vols, le mercredi avec trois vols et jusqu’au 19 mai 2025 par la compagnie flyadel partenaire de Niger Airlines. Nous avons un calendrier provisoire bien établi en coordination avec les compagnies aériennes partenaires pour l’acheminement des pèlerins nigériens. Normalement sur le calendrier, c’étaient les compagnies Fly Oya et Afriqiya qui devraient commencer depuis le 8 mai 2025, compte tenu d’un désagrément, les pèlerins attendent encore, mais nous les rassurons, leur acheminement en terre sainte sera exécuté dans les brefs délais.
Concernant l’encadrement, combien d’agents ou d’accompagnateurs officiels seront mobilisés et quel sont les critères de sélection de ces derniers ?
Avec le quota restauré par nos partenaires saoudiens en 2023 ce ne sont pas toutes les agences qui organisent le Hadj, ce sont des groupements d’agences. Nous avons au total onze (11) groupes constitués par 244 agences. Le convoyage des pèlerins se fait par ces groupes avec 2000 pèlerins. Cette année, la particularité, l’Arabie saoudite a beaucoup insisté sur la constitution et la redynamisation des groupes comme l’année dernière. Mais, à la dernière mission du COHO en Arabie Saoudite, nos partenaires saoudiens ont exigé la même chose, le COHO a difficilement bataillé pour ramener ce nombre à 1 000 pèlerins. Maintenant, pour qu’il y ait vraiment un groupe d’agences, il faut avoir au moins 1 000 pèlerins. C’est vraiment une particularité. Parce que, nous avions essayé par le passé, ça n’a pas abouti.
Des séances de formation et de sensibilisation ont été organisées à travers le pays pour mieux préparer nos compatriotes aux rites du Hadj et au séjour en Arabie Saoudite. Cela est assuré par les Agences de pèlerinage. En ce qui concerne les points encore en cours, nous avons finalisé les dernières vérifications sanitaires et administratives, notamment la délivrance des visas électroniques et la mise en œuvre du dispositif d’encadrement médical et religieux. Nous restons mobilisés, avec l’ensemble des acteurs impliqués, pour assurer un Hadj 2025 sûr, organisé et spirituellement enrichissant pour nos pèlerins.
Du côté de l’hébergement et de la restauration, quelles garanties peuvent être données aux pèlerins ?
Concernant l’hébergement à Médine, Mecque et Mina, toutes les dispositions ont été prises pour garantir aux pèlerins nigériens un séjour dans de bonnes conditions. Les autorités et agences de Hadj et Oumra ont mis en place plusieurs garanties pour assurer un séjour sûr et digne aux fidèles. Du côté de l’hébergement, seuls les établissements conformes aux normes de sécurité et d’hygiène sont autorisés, avec des contrôles réguliers. Ils offrent un minimum de confort et un accès aux soins.
La restauration, quant à elle, propose des repas adaptés aux exigences religieuses et sanitaires, avec des menus halal, préparés dans le respect des normes locales.
Concernant le volet santé, quels sont les dispositifs sanitaires prévus cette année et qu’en est-il de la prise en charge médicale sur place ?
Vous savez, chaque année, l’État met à la disposition du COHO une équipe de spécialistes en santé, vraiment des médecins, des infirmiers, des assistants médicaux et tout ce qu’il faut pour accompagner nos pèlerins en Terre Sainte. Et une quantité très importante de produits pharmaceutiques est mise à la disposition du COHO. Vous n’êtes pas sans savoir, nous avons notre clinique au niveau des deux sites, à Médine et la Mecque. Et même sur les sites des rites, nous avons des dispensaires pour vraiment faire les premiers soins. Nous avons tout mis en place pour que ces cliniques soient vraiment opérationnelles. Déjà une partie de l’équipe de la santé avec les précurseurs du COHO est partie pour accueillir les premiers pèlerins arrivés à Médine le mardi dernier.
Nous avons mis en place plusieurs dispositifs sanitaires afin d’assurer une prise en charge efficace et rapide. Cette année, nous avons même prévu des cliniques médicales avancées qui seront installées sur les principaux sites, dotés de personnel médical et paramédical qualifié. Des ambulances resteront en alerte permanente pour gérer les éventuelles évacuations vers les structures hospitalières partenaires en cas de complication. Tout de même, nous avons initié, en parallèle, une campagne de sensibilisation à la prévention (hydratation, protection contre la chaleur, gestes de premiers secours). L’objectif est d’anticiper les risques et de garantir la sécurité sanitaire de tous les participants. Par rapport aux vaccinations aussi, nous avons exigé cette année, pour que les pèlerins soient vaccinés contre la poliomyélite et la fièvre jaune, mais le Covid est facultatif.
Enfin, quels sont les défis majeurs rencontrés pendant les préparatifs de l’organisation de cette édition 2025 et quel message souhaitez-vous adresser aux pèlerins avant leur départ pour la Mecque ?
L’organisation de l’édition de 2025 a présenté plusieurs défis majeurs. Parmi ceux-ci, la gestion logistique d’un flux croissant de pèlerins, dans un contexte d’exigences accrues en matière de sécurité, de santé publique et de conformité aux standards fixés par les autorités saoudiennes, a constitué un enjeu central. La mise en œuvre des procédures de digitalisation, l’optimisation du dispositif d’encadrement, ainsi que les contraintes géopolitiques et économiques actuelles ont également nécessité une mobilisation renforcée de l’ensemble des acteurs impliqués. L’année dernière, il y avait des pèlerins clandestins qui avaient envahi le site de Mina et Arafat. Il est interdit à tout celui qui n’a pas de visa Hadj d’aller clandestinement, parce que des sanctions sévères ont été prévues des deux côtés.
J’adresse un message de responsabilité et de patience à l’ensemble des pèlerins. Le Hadj est un moment de haute portée spirituelle, qui exige rigueur, respect des consignes et solidarité. Nous les invitons à se préparer dans un esprit de discipline et de sérénité, afin que leur pèlerinage se déroule dans les meilleures conditions. Nous formons le vœu que leur Hadj soit Mabrour et qu’ils accomplissent ce devoir sacré dans la paix, la foi et la dignité et de regagner leurs familles respectives à la fin des rites.
Interview réealisée par Seini Seydou Zakaria (ONEP)