
Adjudant-chef Mahamane Chaibou, Administrateur Délégué des Communes de Kiota et Harikanassou
Le Maouloud de Kiota attire chaque année un grand nombre de visiteurs. Cette année encore, la mobilisation a été exceptionnelle. Même si les chiffres officiels ne sont pas encore définitivement consolidés, on estime qu’il y a eu plus d’un million de visiteurs venus du Niger et de l’étranger. Dans cet entretien, l’Administrateur délégué des communes rurales de Kiota et Harrikanassou revient sur l’organisation logistique, le dispositif sécuritaire et sanitaire mis en place, mais surtout sur les importantes retombées économiques que cet événement génère pour la municipalité et ses habitants. Pour l’Adjudant-Chef Mahamane Chaibou, le Maouloud, en plus d’être un rendez-vous religieux, est aussi une véritable manne économique pour la municipalité.
Mon adjudant, l’affluence enregistrée au Maouloud pose des défis logistiques. Comment la commune et les autorités ont-elles pu gérer cette marée humaine ?
Accueillir plus d’un million de personnes nécessite un effort considérable. Les défis concernent l’hébergement, le transport, l’eau et bien sûr la sécurité. À ce niveau, nous avons travaillé en étroite collaboration avec le Conseil Départemental de Sécurité (CDS) et toutes les structures de l’État. C’est une mobilisation qui dépasse la commune et implique le département et même le niveau national. Le dispositif sécuritaire ainsi mis en place par l’Etat comprend plus de 700 agents de sécurité (policiers, gendarmes, gardes, Sapeurs-pompiers), sans compter les escortes des délégations et la sécurité traditionnelle. Ce dispositif a été coordonné par le Conseil Départemental de Sécurité. Je peux dire, sans exagération, que le plan sécuritaire a été une réussite totale : aucun incident majeur n’a été signalé et nous avons même reçu les félicitations des autorités administratives et coutumières.
Et sur le plan sanitaire, comment la commune a-t-elle fait face à ce flux massif ?
Chaque année, des dispositions particulières sont prises. Pour cette édition, 24 agents de santé supplémentaires sont venus en renfort, en plus des équipes locales. Nous avons pu gérer les cas courants sans difficulté majeure et, à ma connaissance, aucun incident de santé publique grave n’a été signalé. Il y a même eu une opération de don de sang, lancée en collaboration avec le Conseil Communal de la Jeunesse.
Parlons maintenant des retombées économiques. Concrètement, qu’est-ce que le Maouloud rapporte à la commune de Kiota?
Le Maouloud est une véritable manne économique. Durant cette période, la ville se transforme en un marché géant. Chaque habitant tire profit de l’événement : location de hangars, vente d’articles religieux, de tissus, de vivres, restauration, artisanat, transport, etc. Pour la mairie en particulier, les retombées sont considérables. Nous percevons des taxes sur tous les hangars, stands et étals installés pour l’occasion. Chaque emplacement est loué entre 5.000 et 15.000 F CFA selon sa situation, auxquels s’ajoutent des taxes journalières de 1.000 à 2.000 F CFA payées par les commerçants. Ces recettes constituent une ressource exceptionnelle pour les finances communales.
Avez-vous un exemple concret de recettes enregistrées par la mairie?
Oui. L’année passée, les recettes issues uniquement du Mouloud se sont élevées à 2.600.000 F CFA. Cette année, avec l’affluence record que nous avons observée, nous nous attendons à dépasser largement ce montant. C’est une rentrée financière très attendue, car elle nous permet de régler au moins deux mois de salaire des agents municipaux (une quinzaine) et de réduire les arriérés. Autrement dit, sans le Mouloud, la commune aurait beaucoup de difficultés à assurer certaines charges de fonctionnement.
Au-delà des finances communales, qui profite de cette activité économique ?
Tout le monde en bénéficie. Les commerçants locaux, mais aussi ceux venus de l’intérieur du pays et même de l’étranger trouvent ici un marché exceptionnel. Les habitants qui louent des espaces ou proposent des services tirent aussi profit de l’événement. Le Maouloud génère ainsi une dynamique économique qui dépasse largement Kiota et profite à toute la région.
Comment cet événement contribue-t-il à la visibilité de votre commune ?
C’est un rendez-vous qui met Kiota sous les projecteurs, au niveau national et international. Chaque année, des délégations venues de plusieurs pays foulent le sol de Kiota. Cela donne une image positive de notre commune, renforce son rayonnement et attire de nouveaux partenaires. Pour nous, c’est un moment tant attendu, car il donne une visibilité qui dépasse nos frontières.
Au regard de l’importance spirituelle, sociale et économique du Maouloud, quel message aimeriez-vous partager ?
Je rends grâce à Allah pour le bon déroulement de cet événement. Le Maouloud n’est pas seulement une célébration religieuse ; c’est aussi un moment de fraternité, de communion et de prospérité. Pour la commune, c’est une véritable bouffée d’oxygène financière, qui nous aide à mieux fonctionner et à répondre aux attentes des populations. Nous souhaitons que les prochaines éditions continuent de renforcer la foi, la cohésion et le développement économique de Kiota, et de toute la région.
Oumar Issoufou et Abdoul-Razak Ado (ONEP), Envoyés spéciaux