
M. Aboubacar Yacouba Maïga
Chaque année, une journée mondiale de la langue Hausa est célébrée le 26 Août à travers le monde. Cette année, une semaine entière est consacrée à cette célébration. Pourquoi un tel choix ?
La promotion de la langue Hausa s’inscrit dans le processus normal de la marche du pays dans l’affirmation de l’identité nationale et de la souveraineté d’un peuple à trouver la voie de son développement. Cette volonté s’est déjà affirmée, car il y a un an, à l’occasion de la même célébration de la Journée Mondiale de la langue Hausa, un Forum international des journalistes a été organisé au Centre international des conférences Mahatma Gandhi de Niamey placé sous le patronage du Président de la République, Chef de l’Etat, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, et présidé par le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances, SE Ali Mahaman Lamine Zeine, alors que le 26 Août 2024, la ministre de l’Education Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues patronnait la 9è édition au CCOG. Cela dénombre toute la volonté du Gouvernement à faire de cette commémoration une opportunité d’expression populaire comme c’est le cas cette année.
Le Niger a été pionnier dans la promotion du Français à travers l’ACCT, devenue plus tard l’OIF. Mais, il n’en a pas été le cas pour ses propres langues. Qu’est ce qui explique cet état de fait ?
Le Niger a été un des initiateurs des grands événements mondiaux et sous-régionaux comme l’ACCT en 1969 à Niamey, l’OCI en 1980 à Niamey, la CEN-SAD en 2007 à Niamey, etc. Aujourd’hui je peux dire que le pouvoir à Niamey se ressaisit en accordant cette attention particulière à cet événement de promotion de la langue Hausa d’abord, mais surtout africaine car le Haussa n’est pas une langue qui n’est parlée qu’au Niger. Elle est parlée dans plus de 20 pays en Afrique, elle est la 2è langue la plus parlée en Afrique, la 11è langue au Monde sur plus de 7 000 langues et la langue utilisée dans les émissions de radiodiffusions internationales dont la BBC depuis 1947, la Deutsche Welle (Allemagne), la VOA (Etats Unis d’Amérique), Radio Chine Internationale ; Radio Téhéran et même RFI, etc.
Cette année, la langue Hausa a été la 10è langue de prêche à la Mecque. Promouvoir un événement sur la langue Haussa au Niger, c’est une volonté de réunir le Monde entier autour d’une langue ‘’mystique’’ qui serait une des premières langues de l’Humanité.
Ces derniers temps, on a constaté un intérêt soudain des autorités nationales et de certains acteurs pour promouvoir nos langues. Qu’est-ce qui explique ce changement de cap vis-à-vis des langues nationales, en particulier du Hausa ?
C’est une réaction normale. J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les événements organisés ces 3 derniers mois sur nos langues. Il y a eu notamment la Rencontre Culturelle Internationale Songhai-Zarma-Dendi en août, la Journée mondiale de la langue Toubou en septembre, et bien entendu la Journée mondiale de la langue Hausa en août qui est à sa 10è édition. Ces derniers temps, les gens ont accordé une plus grande attention à ces événements en raison notamment de la question de l’article 12 qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Sinon, la Journée mondiale de la langue Toubou est à sa 3è édition, la rencontre culturelle Sonhai-Zarma-Dendi est à sa 2è édition, si on compte avec celle d’Ouagadougou en 2019, mais la 3è édition, car il y a un an le Mali en a organisé. En 2022 à Ballayara, il y a eu une rencontre internationale culturelle Kel Tamasheck qui était à sa 2è édition après le Mali en 2019.
Ces événements sont dans leur essence des expressions de la volonté de protection et de promotion des identités culturelles. Elles sont toutes des spécificités de promotion culturelle et scientifique. Mais, il faut retenir que si nous voulons aller vite et fort à côté des langues européennes des colonisateurs, nous devons, en faisant la promotion des langues, faire un choix sur une langue la plus populaire. Ce choix reviendrait aux pouvoirs publics et au peuple souverain.
Comment se prépare la célébration de cette Semaine de la langue Hausa et à quel niveau êtes-vous ?
Depuis le lancement des activités le 26 août passé à la Faculté des Lettres de l’Université Abdou Moumouni par le ministre de la Refondation, de la Culture et de la Promotion des Valeurs Sociales, Monsieur Ali Ben Sallah Hamouda, deux comités (un Conseil des sages et un Comité d’organisation) se sont donné les moyens et le temps de peaufiner les textes et le programme d’organisation de la Semaine mondiale de la langue Hausa qui serait une première. Nous attendons que cette première édition soit un point de départ d’un événement annuel ou biennal consacré à la langue Hausa au plan mondial. Déjà aujourd’hui, plus de 30 pays ont donné leur accord pour y participer, des grandes universités y prendront part et des associations de la chefferie traditionnelle également.
Quelles sont les activités prévues dans le cadre de cette célébration et pour quel but ?
Il est prévu des conférences, une Assemblée Générale des Femmes leaders, un colloque des chefs traditionnels, des conférences diverses, une foire sur la pharmacopée traditionnelle et les produits de l’Artisanat, des expositions d’ouvrages scientifiques, des visites touristiques, etc.
Quelles sont les attentes du Comité vis-à-vis des différents acteurs et de la population nigérienne en général ?
Nous attendons un soutien ferme et conséquent des autorités administratives et politiques, mais surtout une mobilisation sans précédent de la population pour participer aux différentes activités programmées en vue de découvrir la richesse de notre patrimoine. L’événement de Niamey a toutes les chances d’être un événement propre au Niger comme plusieurs événements culturels dans la sous-région.
Réalisé par Siradji Sanda