
Au cours de l’excursion à Kouré
A l’initiative de l’Agence Nationale de la Promotion du Tourisme au Niger (ANPT), une trentaine d’auditeurs des écoles de guerre du Niger, du Burkina-Faso et du Mali a effectué, samedi 19 juillet 2025, une incursion à la Réserve Naturelle Nationale des Girafes (RNNG) de Kouré. Ce voyage d’étude dans cette aire protégée de troisième génération située dans le département de Kollo (Tillabéri), à une soixantaine de kilomètres de Niamey, a permis aux visiteurs venus des trois (3) pays de l’AES de découvrir les merveilles de ce site touristique.
A Kouré, les visiteurs ont pu apprécier cette zone protégée ainsi que les girafes qui y vivent en parfaite cohabitation avec les hommes. D’après le Conservateur de la zone girafe, le Commandant Lamine Saïdou, la réserve couvre une superficie de
1 560 000 ha. Elle abrite la dernière population des girafes de l’Afrique de l’ouest qui, au début du 20è siècle, était rependue dans toute la zone ouest africaine, notamment du nord du Nigéria jusqu’au nord du Sénégal.
Le Conservateur ajoute que ces girafes étaient venues de l’Aïr (nord du Niger) du fait des effets liés aux changements climatiques et bien d’autres facteurs qui ont obligé l’espèce à redescendre vers le sud. Dans cette recherche d’un refuge plus sûr, explique-t-il, cette population de girafes a fait escale d’abord au Damergou (Zinder) dans les années 1960, puis dans la zone de Dakoro (Maradi) avant d’arriver vers Tillabéri puis Kouré dans les années 1980 à 1990. « Là également, en cette période, les girafes n’étaient pas à l’abri du braconnage. C’est ainsi qu’elles ont migré vers Ansongo (Mali) avant de revenir sur leurs pas, tout en restant dans les localités de Tillabéri. Par la suite, les autorités du Niger ont décidé de protéger l’espèce », a-t-il indiqué.
Pour rappel, en 1996 la population de girafes était de 49 individus avant d’atteindre, selon le dernier recensement, 1 148 individus en 2023. Le Commandant Lamine Saïdou a fait remarquer qu’en période sèche, cette population émigre vers des zones où elle peut trouver du pâturage. Il a reconnu qu’au cours de ce déplacement, l’animal cause des désagréments à la population car, la giraffe consomme tout ce qu’elle trouve sur son chemin, sauf le mil.
Au vu du nombre croissant de cette population, l’Etat du Niger a initié un transfert notamment vers les sites d’origines comme Dakoro. En 2018, huit individus dont trois males et cinq femelles ont été concernés, puis en 2022 quatre autres femelles. Dans l’ensemble, a-t-il poursuivi, le transfert a touché d’autres zones comme le Park W et le Tagazar (zone de Balleyara). Toutefois, la zone du Park W n’est pas favorable compte tenu de la présence de prédateurs comme le lion ou le crocodile et la possibilité d’embourbement des animaux.
Le responsable du Ministère en charge de l’Environnement a rassuré les visiteurs que les girafes ne sont pas agressives mais, tout comme les autres animaux, elles protègent leurs progénitures. « Tant qu’elle n’est pas agressée, la girafe reste inoffensive. L’on peut s’approcher de l’animal jusqu’à une distance de près de 10 mètres seulement. Elle n’aime ni les mouvements brusques, encore moins l’encerclement. La femelle peut peser jusqu’à 750kg, contre
1 000kg pour le male. L’adulte peut consommer près de 30kg de paille par jour. La gestation dure 15 mois et le nouveau-né peut peser jusqu’à 50kg. De même, l’espérance de vie avoisine les 30 ans », a-t-il précisé.
Au cours de cette visite, les auditeurs des écoles de guerre de l’AES ont apprécié la beauté des girafes de Kouré. Ils ont posé des questions sur les éventuelles maladies qui peuvent menacer l’espèce et proposé la multiplication des points d’eaux artificielles pour retenir l’animal sur place. Ils se sont dits émerveillés de découvrir la richesse de ce site, tout en appréciant les efforts déployés par le gouvernement du Niger dans le cadre de la protection et la sécurisation de la zone. L’excursion a pris fin par la dégustation de mets de la gastronomie nigérienne sur fond de musique touareg.
Abdoulaye Mamane (ONEP) Envoyé spécial