La salle Niger Ball Room de l’hôtel Radisson Blu a abrité, hier dans l’après-midi, la rencontre des 1ères Dames de l’espace CEDEAO sur le genre et l’éducation. C’est un forum de haut niveau, organisé en marge du 33ème Sommet de l’UA par la fondation Tattali Iyali de Dr. Lalla Malika, qui a mobilisé les acteurs clés de la lutte contre le mariage des enfants et pour le maintien de la jeune fille à l’école. Le président en exercice de la CEDEAO, Président de la République du Niger, SE. Issoufou Mahamadou, a été représenté à ce panel par le Premier ministre SE. Brigi Rafini, qui a encouragé la nouvelle dynamique de l’autonomisation de la femme dans la région.
Au cours de ce forum, les acteurs clés de la protection et promotion des droits des enfants se sont exprimés quant à leur engagement et leur volonté à améliorer davantage l’éducation de la jeune fille et l’autonomisation de la femme dans la région CEDEAO. Pour les Premières Dames de l’espace CEDEAO, la rencontre a été mise à profit pour lancer un plaidoyer en faveur de l’amélioration des conditions d’autonomisation des femmes, à travers notamment la lutte contre le mariage des enfants et la promotion de la scolarisation de la jeune fille.
Cette rencontre s’inscrit dans le prolongement des efforts des Gouvernements des de l’espace CEDEAO et des Premières Dames pour inverser cette fâcheuse tendance qui cause des torts à une partie de la population et qui plombe les opportunités de développement du capital humain, a indiqué la Première Dame, Dr Lalla Malika Issoufou. Elle a révélé qu’en moyenne, 40% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, avec de fortes disparités entre les pays. La région ouest-africaine et l’Afrique Centrale sont les plus concernées par les mariages des enfants dans le monde.
« Nous continuons à faire face à des défis énormes pour garantir la jouissance des droits reconnus aux enfants et notamment les filles, et assurer l’autonomisation des femmes » a déclaré Dr Lalla Malika Issoufou. En tant qu’êtres humains, ces filles aspirent aussi à la vie, dans la dignité et le respect de leurs droits humains, a ajouté la Première Dame. «La scolarisation de la jeune fille et son maintien à l’école est sans nulle doute un des meilleurs antidotes contre les mariages des enfants. Plus la fille est maintenue longtemps à l’école, plus elle a des chances de mieux préserver sa santé, d’échapper aux mariages précoces et aux grossesses précoces, de mieux gérer sa famille, et d’être acteur du développement » a expliqué la Première Dame.
« La scolarisation des filles est aussi la clé pour améliorer significativement le capital humain. Car il n’y a pas de développement durable pérenne lorsqu’on abandonne sur le bord de la route une proportion importante de notre population » a relevé Dr Lalla Malika. «La ligne d’action doit être l’éducation pour tous, sans exclusive, cette action d’envergure permettra d’atteindre le 4e objectif de développement durable », a-t-elle souligné. « L’un des objectifs du programme de renaissance du président de la République, SE Issoufou Mahamadou est de faire de l’école un ascenseur social pour tous les enfants ; c’est pour cela que l’école est gratuite et obligatoire jusqu’à l’Age de 16 ans », a-t-elle précisé, avant de citer plusieurs autres initiatives développées dans ce sens.
La Première Dame a vivement remercié les autorités coutumières et religieuses, garantes de l’ordre moral et des valeurs de la société pour leur accompagnement constant et déterminant dans l’action de développement du pays en général et sur les questions relatives aux mariages précoces et à la scolarisation de la jeune fille en particulier. Elle les a enfin invités à poursuivre les campagnes de sensibilisation des communautés et à déconstruire tout discours qui lie les mariages des enfants aux préceptes religieux, ceux qui font une place de choix à la santé surtout des femmes et des enfants, au développement de leur potentiel, et la recherche du savoir sans distinction de sexe.
Les partenaires techniques et financiers s’engagent pour la promotion de la scolarisation de la jeune fille en Afrique de l’Ouest
Le président de la Commission de la CEDEAO, M. Jean Claude Kassi Brou a donné un bref aperçu de la situation sur l’ensemble de la région. Il a, ainsi expliqué qu’il s’agit d’un problème de fond dû au fait que la grande partie de nos populations constituée par les femmes n’est pas suffisamment active. Cela dit-il, affecte lourdement le PIB des Etats. Il a réitéré à cet effet, l’accompagnement de la CEDEAO. Pour le président de la Commission, au-delà des infrastructures à accroitre, il est aussi question de mener des vastes sensibilisations par rapport aux normes sociales.
La Directrice Exécutive de l’UNFPA a, pour sa part, salué la tenue de ce panel dont la sensibilité et l’intérêt ont mobilisé des acteurs, leaders qui partagent le souci de l’autonomisation de la femme, un idéal gage de transformation de l’Afrique en général. Dans le cas du Niger, pays hôte du forum, elle salue particulièrement l’implication des leaders coutumiers dans les actions de lutte contre le mariage des enfants et pour le maintien de la jeune fille à l’école.
«Toutes les filles doivent aller à l’école. Et, il faut qu’elles y soient maintenues », a martelé de son côté le président de la Banque Africaine de Développement (BAD), M. Akinwumi Adesina. Depuis son arrivée à la tête de cette institution, il fait des investissements pour l’accès à l’eau et à l’assainissement sa priorité, afin de permettre aux femmes africaines, en particulier du monde rural de se défaire de cette occupation quotidienne ardue, pour qu’elles puissent s’ouvrir à l’école. Dans le même ordre d’idées, la représentante de Mme Amina Mohamed, Secrétaire Générale Adjointe des Nations Unies a retiré l’engagement de l’ONU à travailler étroitement avec l’UA pour accélérer la résolution des problèmes liés au genre et à l’éducation conformément aux ODD et à l’agenda 2063 de l’UA.
Issoufou Adamou Oumar
Aminatou Seydou Harouna
Mahamane Chékaré Ismaël