
Général de Division Ibra Boulama Issa
Monsieur le gouverneur, le CNSP a deux ans au pouvoir, quel est l’état général de votre entité administrative en particulier sur le plan sécuritaire ?
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour cette initiative louable qui permettra d’archiver cette page de l’histoire sociopolitique de notre pays. Comme vous l’avez si bien dit, 26 juillet 2023 – 26 juillet 2025, le CNSP compte deux années au pouvoir, caractérisées par des défis multiples mais aussi par d’importantes avancées sur plusieurs plans et dans de nombreux secteurs de la vie de notre nation. Je profite de cette occasion pour saluer la résilience de notre pays et de son vaillant peuple, pour avoir su surmonter tous les obstacles auxquels nous avons été soumis parce que nous avons décidé de choisir de nous libérer et de prendre en main le destin de notre pays, par nous-mêmes et pour nous-mêmes. C’est le lieu ici de saluer le courage, l’abnégation et la détermination du CNSP et du Gouvernement pour conduire avec succès la gestion des affaires.
Pour revenir à votre question, je rappelle qu’avant notre prise de service le 10 août 2023, l’environnement sécuritaire de la région d’Agadez demeurait très volatile. La partie septentrionale de notre pays faisait face à plusieurs types de menaces dont celle des groupes armés non étatiques (GANE), animés souvent par des milices venant de certains pays frontaliers vers les zones d’orpaillage. A cela s’ajoutaient la menace des groupes armés terroristes (GAT) et des groupes criminels organisés qui s’adonnent encore aux trafics divers (armes, drogues, cigarettes, êtres humains…), et le banditisme armé résiduel qui sévissait sur certains axes routiers.
Face à cette situation, les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ont travaillé sans relâche pour assurer l’intégrité du territoire et protéger les populations et leurs biens. Il s’agissait pour nous de créer d’abord un sentiment de sécurité pleine et entière dans l’esprit et le quotidien des citoyens, par l’application impartiale de la loi, de renforcer la confiance du public et garantir la justice sociale. Ainsi, nous avons œuvré à la création de mécanismes efficaces de résolution des conflits permettant de prévenir l’escalade des tensions au sein des populations et aussi entre différentes communautés.
Plusieurs initiatives ont fortement contribué à l’atteinte de cet objectif dont la tenue régulière des sessions du conseil régional de sécurité élargi et la mise en œuvre de ses recommandations ; le maillage territorial des Forces de Défense et de Sécurité ; la mise en place de comités de veille au niveau local avec des moyens de communication pour assurer la remontée d’informations en temps réel ; la création par le Gouverneur du comité régional de paix, sécurité et développement ; l’organisation d’activités civilo-militaires pour renforcer la confiance entre les FDS et les populations ; l’organisation de plusieurs fora sur les questions de paix, sécurité et cohésion sociale; la création d’un cadre de dialogue permanent entre le gouverneur et les chefs coutumiers, leaders religieux, la société civile et les leaders d’opinion pour encourager le dialogue entre les différentes communautés et pour favoriser la compréhension mutuelle et la réconciliation. Ces initiatives ont permis d’enregistrer d’importants résultats dont le désarmement et la démobilisation d’environ 220 jeunes combattants de l’UFPR, du FPL et du MJRN qui suivent avec succès le processus de leur réinsertion. C’est le lieu de saluer tous les acteurs, particulièrement, les chefs traditionnels avec à leur tête le Sultan de l’Aïr, les chefs de canton du Kawar et tous les oulémas de la région pour leur mobilisation dans les prières et les lectures du Saint Coran pour la paix et la prospérité.
Aujourd’hui, sur le plan sécuritaire, je puis vous assurer que la situation s’est beaucoup améliorée en deux ans. La population vaque à ses occupations depuis l’arrestation par les FDS de tous les redoutables bandits de la région. Pour ce qui est du trafic de drogues, la situation est sous contrôle et nos FDS réussissent à déjouer les stratégies des trafiquants, avec la saisie d’importantes quantités de drogue. Pour rappel, la valeur marchande des quantités détruites à la dernière incinération dépassait les 14 milliards FCFA.
Quels changements avez-vous relevés dans la vie de la population de votre région et dans son état d’esprit par rapport à la marche du pays ?
Le véritable changement observé au sein de la population, c’est l’adhésion aux idéaux du CNSP et à la vision de SE le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République, pour un Niger véritablement indépendant et prospère. C’est pourquoi, la population de la région dans son ensemble reste encore debout et mobilisée pour soutenir les actions du Gouvernement et du CNSP. Pour preuve, toutes les autorités administratives de la région, chacune dans sa sphère de compétence, bénéficient du soutien et de l’accompagnement de la population dans la mise en œuvre de leurs activités notamment dans la matérialisation de la vision du Chef de l’Etat.
Je peux vous assurer que la population de notre région contribue de manière significative, en collaboration avec les autorités administratives et coutumières, à la vulgarisation de ces idéaux, mais aussi pour la sensibilisation des citoyens sur les enjeux et défis actuels de notre pays qui nécessitent la mobilisation de toutes ses filles et de tous ses fils. Les différentes couches sociales se sont très bien organisées. Et chaque structure s’attèle du mieux de ses possibilités à l’œuvre commune de la Refondation.
Cette synergie d’action de tous les acteurs se traduit toujours par une forte mobilisation autour des actions du gouvernorat allant dans le sens de la consolidation de la paix, la recherche de l’amélioration du bien-être et des conditions de vie et de travail des populations. Je saisis cette opportunité, au nom du Président de la République et du Premier Ministre, pour saluer et remercier la population de la région d’Agadez, pour son soutien et pour l’inviter à ne pas baisser les bras.
Quels sont les principaux acquis à capitaliser notamment dans le cadre du Programme Grande Irrigation ?
Le Programme Grande Irrigation a été lancé le 2 janvier 2025 à Tiguirwit, Ingall. Le lancement a concerné deux types de travaux à savoir les réhabilitations des deux sites de Tiguirwit 1 et Tiguirwit 2 totalisant 45 hectares et cinq sites pour les nouveaux aménagements qui totalisent 402 hectares. Les nouveaux sites sont : Tiguidan Adar avec 120 ha, Tiguidan Teguet 96 ha, Taslim (Arlit) avec 48ha, Dirkou 48 ha et enfin Tiguirwit 3 avec 90ha. Les travaux de réhabilitation ont commencé juste après le lancement et se poursuivent actuellement à Tiguirwit. Au 15 Juillet 2025, ils sont à un taux d’exécution d’environ 80%. Au total plus de 900 parcelles seront aménagées avec 63 forages.
Quels sont les défis et surtout les espoirs de la population ?
Les défis auxquels la région d’Agadez est confrontée sont à certains points de vue similaires à ceux des autres régions. Cependant, notre région se distingue par quelques spécificités, particulièrement l’immensité du territoire régional (52% du territoire national), l’insécurité résiduelle, la pression des flux migratoires mixtes (migrants internes et externes, réfugiés et demandeurs d’asile, orpailleurs, etc.), les effets du changement climatique. L’impact de ces défis est considérable sur les différents secteurs du développement socio-économique de la région. A titre d’exemple, l’insécurité a un impact sur les secteurs d’accompagnement et de soutien au développement comme le tourisme, l’artisanat, le transport ou les mines.
Aussi, l’espoir de la population repose sur les opportunités qu’offrent les ressources naturelles dont regorge la région, avec d’importantes potentialités dans plusieurs secteurs, notamment un important potentiel irrigable estimé à plus de 2,4 millions d’hectares, soit 22% du potentiel national, des ressources en eaux abondantes et peu profondes, qui ont juste besoin de petits investissements pour l’amélioration et la modernisation de ce secteur. En outre, la région dispose d’un important cheptel qui constitue un autre potentiel économique pourvoyeur d’emplois et de revenus.
Sur le plan artistique, culturel et touristique, Agadez constitue une destination privilégiée de rencontres, de brassage, d’échanges et de partage entre les différentes communautés, à travers ses sites et monuments historiques, ses musées archéologiques et ses importants évènements socio-culturels annuels comme le Festival de l’Aïr, le Bianou, la Cure Salée, mais aussi le potentiel artisanal local qui porte sur la forge, la bijouterie, la maroquinerie, la couture, la sculpture bois ou la cordonnerie.
Enfin, la création de deux nouvelles sociétés d’Etat dans les domaines miniers d’or et d’uranium ainsi que le projet de la SONIDEP sur les blocs pétroliers de Bilma et de Kafra, ainsi que la nationalisation de la SOMAÏR, suscitent beaucoup d’espoir au sein des populations et font de la région d’Agadez un atout non négligeable et un puissant levier de l’économie nationale.
Nous restons convaincus plus que jamais qu’au regard de ses immenses potentialités encore non exploitées la région d’Agadez constitue l’avenir d’un Niger fort, souverain et émergent.
Propos recueillis par
ONEP