
Le ministre en charge de l’Administration Territorial (à droite) recevant le rapport
L’occupation désordonnée des espaces et le non-respect des normes en matière de lotissement à Niamey et dans ses communes périphériques ont poussé les plus hautes autorités à instruire le Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire à prendre des dispositions pour mettre de l’ordre dans ce secteur. Ainsi, le vendredi 16 octobre 2025, le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, le Commissaire Général de Police Ayouba Abdourahamane a animé un point de presse dans lequel il a détaillé les propositions issues du rapport du comité ad hoc chargé d’analyser cette problématique.
Les recommandations formulées par le comité pour y remédier sont, entre autres, la nécessité de veiller au respect de la vocation des réserves foncières conformément aux textes législatifs et réglementaires ; l’identification et la sécurisation du domaine foncier de l’État (public et privé) ; la conduite d’un audit approfondi des lotissements privés ; l’application de sanctions rigoureuses à l’encontre des contrevenants ; la sécurisation des ressources naturelles partagées comme les zones pastorales, les couloirs de passages, les points d’eau et le renforcement des capacités des chefs traditionnels sur le régime juridique des terres à travers des ateliers de sensibilisation. Le Commissaire Général de Police Ayouba Abdourahamane a souligné que l’examen de cette question a mis en lumière le manque de professionnalisme de certains acteurs ainsi que l’insuffisance du contrôle et du suivi de l’administration.
En effet, parmi les principales irrégularités relevées, le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur a énuméré la faible application des textes encadrant les lotissements privés ; le chevauchement des lotissements, le dépassement des superficies autorisées et les conflits de limites entre communes ; l’absence d’enquêtes sur les avantages et les inconvénients préalables à la signature des arrêtés et le non-respect des cahiers des charges, notamment en matière de viabilisation. Il a surtout rappelé que la gestion du foncier dans les collectivités territoriales est devenue une problématique préoccupante au Niger, avec une mise à nue quotidienne de réseaux de fraudeurs et de faussaires. Ces réseaux, a-t-il souligné, mettent souvent en cause des lotisseurs privés mais aussi des agents de l’administration territoriale et de la fonction publique, comme c’est le cas récemment dans les villes de Niamey, Zinder, Agadez et Maradi.
Selon le Secrétaire Général du Ministère en charge de l’Intérieur, ce rapport constitue une base de réflexion stratégique pour instaurer une gestion foncière plus cohérente et efficace à Niamey et dans les communes environnantes. « Les constats dressés révèlent un non-respect généralisé des affectations prévues pour les réserves foncières ainsi qu’une collaboration insuffisante entre les différentes entités administratives », a-t-il noté. Eu égard à l’urgence qu’appelle ce phénomène, le comité a formulé, dans son rapport, des propositions de mesures urgentes dont la création d’un cadre de concertation entre la Ville de Niamey, les communes limitrophes et tous les promoteurs privés pour traiter toutes les questions relatives au foncier et la création d’une Agence Unique du Foncier et du Domaine.
Il a aussi indiqué que la mise en œuvre de ces mesures requiert un engagement fort de l’État, des collectivités territoriales et de l’ensemble des parties prenantes ainsi qu’un accompagnement technique soutenu. Il est désormais, dit-il, essentiel de passer à l’opérationnalisation à travers un plan d’action concerté assorti de moyens humains, financiers et réglementaires adaptés pour garantir une gestion durable, sécurisée et conforme aux principes de l’aménagement du territoire. « Ces mesures seront élargies à toutes les collectivités territoriales de notre pays », a-t-il ajouté.
Au terme de cette sortie médiatique, les membres du comité ont présenté leur rapport au ministre d’État, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, le Général de Division Mohamed Toumba. Le ministre d’État a assuré au comité que le document rendu sera présenté au Chef de l’État pour instruction à suivre et les a félicités pour le travail abattu.
Hamissou Yahaya (ONEP)