
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il nous parait extrêmement important, de définir les concepts : Intellectualisme et Développement Social.
Par le concept d’Intellectualisme, sans conteste, il faut entendre, la faculté de réflexion laborieuse, certaine et positive, d’imagination fertile, d’analyse rigoureuse, de conception pragmatique certaine, de matérialisation concrète, au départ d’une idée lumineuse de développement social, dont disposerait toute personne ayant la faculté et l’amour de cogiter abondamment ; mais également par certains individus ayant fréquenté l’école, lesquels en plus des connaissances théoriques disposeraient de connaissances pratiques fécondes.
Par le concept de Développement Social, il faut entendre, le passage d’une situation de vie mauvaise à une situation de vie meilleure ; c’est en fait le progrès social tous azimuts que connaît un pays et son peuple du fait de son patriotisme et du fait du travail quotidien fécond ; c’est la recherche permanente de l’épanouissement total des populations d’un pays. C’est le fait de voir un pays du fait du génie de son peuple et surtout du leadership de ses dirigeants politiques, se métamorphoser admirablement et magnifiquement.
Dans tous les pays du monde où le développement social est quelque chose de concret ; quelque chose de prégnant ; et par conséquent quelque chose de véritable, c’était qu’il y avait eu la contribution positive et patriotique des Intellectuels ; ce d’autant plus que, les Intellectuels avaient été au début et à la fin sans conteste, de tout développement social. C’est donc un rôle régalien des Intellectuels quels qu’ils fussent ; à quelque niveau qu’ils se fussent trouvés, quelque fussent leurs spécialités, de contribuer de manière positive, patriotique, nationaliste et civique au développement social.
Mais avant sans conteste de démontrer concrètement, comment les Intellectuels pourraient apporter leur pierre à l’édification de la nation, voyons voir les préliminaires auxquels forcément, il faille sacrifier d’abord, pour faire valoir un intellectualisme positif et fécond.
La première condition, c’est de pouvoir s’organiser en une structure ad ’hoc. Ladite structure doit être absolument parrainée par l’Etat ; d’autant plus l’Etat est normalement l’initiateur et le catalyseur du développement social.
La deuxième condition, c’est de chercher à inventorier tous les problèmes de développement social et toutes les pistes de solutions susceptibles de contribuer à la résolution des problèmes de développement social.
La troisième condition, c’est de voir les Intellectuels se mettre à table et écrire par rapport aux problèmes de développement social inventoriés et par rapport aux pistes de solutions susceptibles d’être proposées.
La quatrième condition, c’est de voir tous les Intellectuels potentiels se réunir tous ; en tout cas dans leur globalité et arrêter un chronogramme de travail. La périodicité des rencontres indispensables sera laissée à la sagacité des Intellectuels.
La cinquième condition, c’est de voir l’Etat mettre les Intellectuels dans toutes les bonnes conditions de travail. Ainsi l’Etat doit leur attribuer un local de travail propre à eux. Il doit prévoir tous les moyens financiers et tous les moyens matériels qu’il faut. C’est-à-dire les émoluments absolument nécessaires des Intellectuels, une sorte de caisse noire susceptible d’être utilisée pour faire appel à des personnes ressources, des moyens logistiques avec bien sûr du carburant en permanence, du matériel informatique avec son corollaire de consommables.
Une fois que toutes ces cinq principales conditions sont réunies, les Intellectuels devraient se réunir de façon périodique, pour faire des propositions de pistes de solutions de sortie de crise, pour évaluer les propositions de sortie de crise qui avaient été déjà faites, afin d’apporter des correctifs idoines et nécessaires. Les rencontres des Intellectuels -du fait qu’ils ont leurs activités classiques et régaliennes doivent intermittentes, facultatives, programmées.
Une chose est une vérité de la Palice, c’est-à-dire une vérité incontestable, les Intellectuels doivent absolument se convaincre du fait que depuis que l’humanité existe, que le développement social quel qu’il fût avait eu pour origine une idée lumineuse, provenant des gens qui n’eurent de cesse de cogiter abondamment sur les problèmes du monde. Et cela afin de voir comment leur trouver des solutions concrètes, véritables, durables, fécondes.
L’idée lumineuse, une fois conçue et balancée, elle doit faire l’objet d’analyse sérieuse et pertinente. Elle doit être suffisamment affinée. Elle doit être expérimentée concrètement. Elle doit être appliquée dans des zones pilotes. Enfin, lorsque le constat est fait ; est véritablement établi, quelle est prégnante, positive, constructive, concrète, féconde, elle doit faire l’objet d’application générale.
L’histoire de l’humanité ; l’histoire de certains pays du monde, avait démontré qu’au départ, le développement social était une idée lumineuse ; laquelle avait été suffisamment travaillée pour en devenir quelque chose de concret. Nous allons parler un à un des cas de certains pays de par le monde, pour attester de la véracité des propos que nous avançons.
C’est aujourd’hui un secret de polichinelle de savoir qu’en 1929, une crise économique mondiale sans précédent avait secoué le monde entier. Elle était partie pour tout compromettre, lorsque le Président américain Franklin Delanoë Roosevelt avait eu une idée lumineuse, magnifique. Il rassembla autour de lui, des Intellectuels de toutes les spécialités et de tous les genres. Pour pouvoir juguler la crise économique mondiale et y mettre fin.
Franklin Delanoë Roosevelt, entouré des Intellectuels, demandait à chacun d’entre eux selon sa spécialité de faire des propositions de sortie de crise. Alors, chaque Intellectuel creusait ses méninges, remuait son cerveau et faisait des propositions pertinentes. Chaque proposition était soupesée, analysée de fonds en comble, expérimentée concrètement, testée dans quelques zones pilotes, et lorsqu’incontestablement, elle s’avère être prégnante, concrète, utilisable et féconde, elle faisait l’objet d’application généralisée. Cela avait été ainsi dans tous les domaines de la vie socio-politico-économique. A telle enseigne, qu’au bout de quelques mois, la crise économique mondiale, laquelle avait vu le monde entier être sens dessus-dessous ; favorisant même le fascisme, commença sans conteste à être jugulée progressivement, jusqu’à disparaître définitivement.
Ce principe de résolution d’un problème socio-économique se posant avec beaucoup d’acuité avec le concours ô combien important des Intellectuels américains avait été appelé : le New-Deal. Le fait d’amener les divers Intellectuels américains à cogiter fortement pour « accoucher » des idées lumineuses, avait été appelé : le Brainstorming ; c’est un remue-ménage du cerveau.
Cela va sans dire, la seconde guerre mondiale de 1939 à 1945, avait totalement laminé le Japon avec les largages des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki respectivement : le 6 août 1945 et le 9 août 1945. Le peuple japonais en était sorti, meurtri, démoralisé, apathique, amorphe, timoré, et par conséquent comme tétanisé. C’était alors que les Intellectuels japonais survivants de la seconde guerre mondiale dans un sursaut de conscience patriotique se réunirent. Ils palabrèrent entre eux. Ils décidèrent de conjurer de sort maléfique. Ils s’organisèrent méthodiquement. Ils mirent en priorité Dieu en avant en priant nuit et jour ; en louant le Seigneur Maître des mondes nuit et jour ; afin qu’il les assistât à faire sortir le Japon du creux de la vague. Et Dieu dans son infinie bonté, assista le Japon. Il fit en sorte que sur le plan socio-économique, que le Japon se métamorphosa admirablement et magnifiquement. Comme par miracle, le Japon devint à un moment de l’histoire la deuxième puissance économique mondiale en dépit des affres douloureuses et mémorables de la seconde guerre mondiale.
En 1840, après moult tentatives de pénétration de l’Empire chinois millénaire ayant échouées auparavant, les Anglais réussirent à percer le mythe de l’invincibilité chinoise et pénétrèrent dans l’Empire du Milieu ; c’est-à-dire la Chine. A la suite des Anglais, les Portugais, les Espagnols, les Français et même les Américains envahirent la Chine millénaire. Ils la dépecèrent en diverses zones d’influence et se mirent sans honte ni vergogne, à l’exploiter drastiquement et dramatiquement. De telle sorte que l’Empire millénaire disparut que le gigantesque territoire chinois -environ 9 millions de kilomètres carrés- fut sens dessus sens dessous ; parce que disputé par des bandes rivales. Puis il eut l’époque de l’affrontement entre les Nationalistes et les Communistes. Affrontement momentanément arrêté pour faire face à l’ennemi commun japonais ; puis affrontement repris après la fin de la seconde guerre mondiale en 1945 ; pour s’achever en 1949, avec la victoire éclatante et mémorable des Communistes. Ainsi donc le 1er Octobre 1949, Mao Tsé Toung, proclamait l’avènement de la République populaire de Chine.
La République chinoise, une fois proclamée urbi et orbi, il fallait organiser l’Etat afin de le rendre vivable, viable, fiable, crédible. La première des choses que Mao Tsé Toung et ses camarades révolutionnaires comme : Chou En Laï ; Lin Biao, Deng Ziao Ping, pour ne citer que ces quelques noms, firent patriotiquement, c’était de tout faire, en faisant feu de tout bois, pour assurer à la nombreuse population- culminant les deux milliards de Chinois – le bol quotidien du riz. Et cela par la mobilisation tous azimuts de tout le vaillant peuple chinois – y compris les dirigeants politiques- pour pouvoir atteindre l’autosuffisance alimentaire. Il n’est peut-être pas superflu de dire que sans conteste, tous les Chinois, quelque fussent les différentes nationalités qui y vivent, mangèrent à leur faim quotidiennement dès les premières années de la Révolution patriotique et féconde.
L’alimentation quotidienne des milliards des Chinois assurée, le Grand Timonier ; c’est-à-dire Mao Tsé Toung crut devoir engager la gigantesque Chine populaire dans un processus véritable de refondation totale. Avec ses camarades révolutionnaires, il initia en 1955, le Mouvement des Cent Fleurs. C’était une sorte de Brainstorming intellectuel pour pouvoir produire des idées lumineuses de développement social ; c’était à cette occasion que Mao Tsé Toung professât à la cantonade ceci de très fondé : « Que cent fleurs s’épanouissent ! Que cent idées rivalisent ».
Après le Mouvement des Cent Fleurs, il eut en 1958, le Grand Bond En Avant. C’était un processus général d’engagement de la gigantesque Chine dans la transformation industrielle. Ainsi donc, sans conteste, parallèlement au développement tous azimuts du secteur agropastoral, la Chine populaire devrait s’industrialiser à grande échelle. Les Intellectuels chinois furent mis largement à contribution pour le développement de l’énorme territoire chinois. En faisant abattre leurs prétentions comparables souvent à une certaine déification injustifiée, en montrant que le savoir livresque pour être utile, doit être confronté au savoir pratique du terrain, il choisissait d’envoyer en milieu rural, les Intellectuels chinois bardés de mille et un diplômes universitaires. C’était pour encadrer les paysans et les ouvriers afin de booster à la fois la production agropastorale, mais également la production industrielle. C’était à cette occasion qu’il avait eu à dire à un de ses propres fils, revenu de l’Union des Républiques Socialistes et Soviétiques (URSS) qui avait étudié dans plusieurs universités en URSS ceci de très fondé : « Tu as fréquenté toutes les meilleures universités de l’URSS. Tu es revenu bardé de multiples diplômes. Il te reste à présent à fréquenter l’Université de la Chine ; laquelle n’est ni plus ni moins qu’une université du travail concret, pratique et fécond ».
Et Mao Tsé Toung d’envoyer son propre fils en milieu rural pour travailler aux côtés des paysans et ouvriers chinois. Histoire de l’amener à contribuer au développement de son pays ; histoire de l’amener à savoir être Peuple ; histoire de l’amener à aimer le travail pratique, concret, véritable et fécond. Il nous semble que c’est cette attitude d’aimer le travail manuel fécond, est celle que la jeunesse nigérienne devrait adopter. Il faut qu’elle veuille du travail manuel si tant il est vrai que c’est une jeunesse qui se veut patriote. Pour la simple raison que le patriotisme ne consiste pas seulement à manifester au niveau des carrefours ; cela ne consiste pas seulement à lancer haut et fort, des slogans tonitruants mais creux ; cela consiste à se creuser les méninges, pour sortir des idées lumineuses ; analysables ; expérimentales ; concrétisables, et sans conteste, par conséquent susceptibles de contribuer au développement national.
Avec le Mouvements des Cent Fleurs, avec le Grand Bond en Avant, sous la férule clairvoyante et intransigeante du Grand Timonier que fut Mao Tsé Toung, la Chine populaire laminée par un siècle d’occupation et d’exploitation occidentale, relevait la tête et commençait à sortir du sous-développement. Après la mort de Mao Tsé Toung en 1976, ses successeurs immédiats maintinrent la flamme et continuèrent les actions positives de développement national. Un d’entre eux, en l’occurrence le célèbre Deng Xiao Ping à partir des années 1980, engagea la Chine populaire dans le développement industriel total pour en faire un pays émergeant et même aujourd’hui une puissance mondiale. Sans le leadership incontestable de Mao Tsé Toung ; sans l’apport significatif de tout le peuple chinois en particulier celui des Intellectuels, la Chine populaire n’eût pas été ce qu’elle est aujourd’hui. Alors Intellectuels nigériens bardés de diplômes multiples, à vos marques !
Les Intellectuels africains en général, les Intellectuels nigériens en particulier, se complaisent dans un attentisme frustrant concernant les problèmes de développement national. Si l’on les voit se grouiller autour d’un projet quelconque, c’est qu’il y a un filon à exploiter ; c’est qu’il y a des sous à glaner. Autrement de leur propre chef, ils ne vont même pas prendre la plume pour faire des propositions de sortie de crise, à fortiori proposer des solutions concrètes, pratiques, fécondes, de développement national. Ce qui n’est pas normal, d’autant plus que l’intellectuel devrait être au début et à la fin du développement national. Il ne s’agit pas de verser dans une certaine faconde certes mirobolante et mirifique mais creuse, insipide, infertile. Il s’agit d’être pragmatique. En vérité lorsqu’il y a des problèmes concrets de développement, il faut savoir faire des propositions pratiques de sortie de crise manifeste. De nos jours, le verbiage infertile, les beaux et mielleux discours mais inféconds, la démagogie politicienne, ne sont plus de mise. Seul le pragmatisme fertile, la pratique véritable, l’action féconde, devraient dorénavant prévaloir. Il faut que tout un chacun se convainque de cela.
Ce qui nous a toujours surpris, c’est que les Intellectuels africains n’ont jamais eu pratiquement l’initiative des inventions, des créations, des innovations. La plupart du temps, toute invention, toute création, toute innovation, vient de l’Occident. Nous avons également remarqué que malgré la prolifération d’Ingénieurs de Ponts et Chaussées, que chaque fois qu’il eût fallu construire des routes bitumées, c’est toujours à des entreprises étrangères que l’on fait appel. Est-ce à dire que nos Ingénieurs des Ponts et Chaussées n’ont pas l’expertise professionnelle nécessaire ? Il faut que nous sachions dorénavant nous débrouiller par nous même pour créer, inventer, innover, améliorer, sans faire recours à l’extérieur. C’est par cette voie salutaire que passerait la souveraineté.
A partir de 1990, avec l’institution forcée de la fausse démocratie gréco-latine ; laquelle avait été plus profitable à une camarilla d’escrocs patentés ayant sucé le sang du peuple jusqu’à le rendre exsangue, nous avons vu que même des Intellectuels et pas des moindres, étaient allés à la mangeoire collective et « forba ». Ce qui sans conteste avait été très déshonorant. Un Intellectuel véritable n’est pas un parasite politique. Il devrait être un concepteur, un conseiller, un facilitateur, « un avertisseur » de dérives totalitaires. Un Intellectuel au sens plénier du terme, au lieu de chercher lui-même à profiter des prébendes, devrait plutôt chercher à apporter une plus-value significative à la construction de la nation.
Ainsi il nous est loisible de boucler cet article avec cette citation lumineuse d’un ancien Président des Etats Unis : John Fitzgerald Kennedy qui a eu à dire à l’endroit des étudiants de l’Université de Haward des USA, ceci de très fondé : « Ne demandez pas ce que votre pays peut pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez pour votre pays ».
Aphorisme grandiose sans conteste à mémoriser et à intérioriser par les Intellectuels afin qu’il ait reconversion des mentalités rétrogrades et qu’il ait participation positive au développement national.
Par Elhadj Moumouni Mahamane Sani,
Inspecteur de l’Enseignement du Premier Degré à la retraite.
Cellulaire : 96. 88. 25. 38.