
M. Issoufou Hamadou
Traversée par le fleuve Niger, la commune rurale de Karma regorge de beaucoup de potentialités. Dans cette commune, les hommes, et surtout les femmes, mènent des activités génératrices de revenus pour non seulement s’autonomiser mais aussi par participer à l’essor de leur localité et, au-delà, du pays.
Monsieur l’Administrateur délégué, la commune rurale de Karma regorge d’énormes potentialités notamment dans le domaine de l’agro écologie mais très peu exploitées ; selon vous, qu’est ce qui explique cette situation ?
Nous remercions très vivement l’ONEP de nous avoir donné cette opportunité pour parler de la situation de la commune rurale de Karma, créée par la loi 2002 -14 du 11 Juin 2002 portant création des communes. Permettez-moi d’abord, de présenter la commune rurale de Karma qui est une des 11 communes du département de Kollo. Elle couvre une superficie de 1313 km², soit 14% du département de Kollo. Elle a une population estimée à environ 116 390 habitants d’après le recensement administratif de 2013 et en tenant compte du taux d’accroissement annuel de 3% de la population suivant les estimations de l’INS. La densité de la population est en moyenne à 88,63 habitants au kilomètre carré. Cette population est repartie dans 60 villages administratifs et 63 hameaux et les groupes ethniques rencontrés sont, entres autres : Les Songhaï zarma, les peulhs, les kourteys, les touaregs et quelques haoussas. La commune de Karma est située entre les longitudes 2°10 Ouest 1°40 Est et les latitudes 18°4 Nord et 13°33 Sud. Elle est limitée à l’Est par la commune rurale de Hamdalaye et la ville de Niamey, au Nord par la commune rurale de Simiri(Oualam), à l’Ouest par la commune rurale de Kourteye(Tillabéry) et au Sud par les communes rurales de Namaro et Bitinkodji à travers le fleuve Niger.
Pour revenir à votre question, effectivement la commune rurale de Karma dispose d’énormes potentialités surtout dans le domaine de l’agroécologie. En effet, la commune possède plusieurs centaines d’hectares de terres agricoles non encore exploitées ou insuffisamment exploitées. Ces terres agricoles sont situées principalement le long du fleuve et peuvent être aménagées pour la culture du riz afin de contribuer à l’autosuffisance alimentaire à laquelle les autorités du CNSP accordent beaucoup d’importance.
Aussi, entre les villages de Kondotondi et de Zarmakoira Zéno, nous disposons de plus de trois cents hectares non encore exploités pour la culture du riz. De Koutoukalé Tégui à Boubon, nous disposons aussi de plusieurs centaines d’hectares soit pour faire l’extension des aménagements hydro agricoles de Koutoukalé et de Karma, soit pour réaliser de nouveaux aménagements. Ces espaces ne sont pas exploités par manque de moyens financiers et techniques et même les aménagements hydro- agricoles existants (Karma et Koutoukalé) sont vétustes et méritent d’être réhabilités pour accroître leur rentabilité afin de répondre aux besoins alimentaires d’une population à forte croissance. Je profite d’ailleurs pour lancer un appel au Directeur général de l’ONAHA et l’informer ou lui rappeler que nous avons des terres agricoles à aménager dans la commune rurale de Karma, surtout dans le cadre de la grande irrigation.
Quelles sont les initiatives prises par votre municipalité pour soutenir les femmes de Karma afin qu’elles contribuent au développement économique de leur communauté ?
Nous avons organisé les femmes de la commune de Karma en groupements. A cet effet, la mairie leur a délivré gratuitement des agréments. Nous faisons des lobbyings au niveau des partenaires de la commune pour qu’ils puissent apporter des appuis à ces groupements dont la plupart en ont déjà bénéficié. Il s’agit des appuis en matériel agricole pour le maraîchage, des appuis pour l’embouche, des renforcements de capacités en matière de transformations de produits agropastoraux. Tout cela entre dans le cadre de la contribution de la femme aux actions de développement de la commune.
Il faut savoir que, dans la commune de Karma, la femme est un acteur clé du développement. Dans beaucoup de foyers, c’est la femme qui assure les dépenses familiales à travers les revenus qu’elle tire des activités génératrices de revenus. Compte tenu donc de la place importante que les femmes occupent dans le développement de la commune, les autorités communales les associent dans la prise de décision à travers les instances du conseil consultatif, l’élaboration du budget communal et au cours des rencontres avec certains partenaires pour une prise en compte de leurs préoccupations. Même dans le cadre des travaux de récupération de terres, les femmes y participent pleinement.
Quels sont les projets et ONG qui interviennent dans la commune rurale de Karma et quels appuis apportent-ils ?
Au niveau de la commune de Karma, nous avons moins de partenaires comparativement à beaucoup de communes. Néanmoins, nous enregistrons quelques projets ou programmes comme : le Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique dans le bassin du Niger (PIDACC). Il intervient dans le traitement des eaux de ruissellement qui menacent le fleuve Niger (construction d’un barrage à Aboka). A cela s’ajoute le Programme agro-alimentaire pour la résilience intégrée et le développement Economique du Sahel (Pro Arides). Ce programme apporte un appui dans la sécurité alimentaire dans ses villages d’intervention et enfin nous avons, dans la commune, le Projet de la plate-forme intégrée pour la sécurité de l’eau au Niger (PISEN). Il finance les sous projets que la commune lui a soumis pour résoudre les problèmes d’eau.
Dans le domaine des ONG, nous avons les ONG arabes qui appuient la commune dans le domaine de l’hydraulique villageoise, la construction des logements sociaux (AASH, Ruée Vers l’eau, ONG Qatari, etc). Outre ces ONG arabes, il y a des ONG qui appuient la commune dans le renforcement de la cohésion sociale (ONG Demi E) et celles qui appuient la commune dans le domaine scolaire.
Pour revenir à l’actualité, M. l’Administrateur délégué, la police judiciaire a récemment débusqué un réseau de personnes accusées de fraude immobilière dans votre commune. Quelle a été la contribution de la mairie de Karma dans le démantèlement de ce réseau de faussaires ?
A aucun niveau, la mairie n’est impliquée dans cette affaire. La mairie n’est même pas informée de ces enquêtes à ma connaissance. Il faut juste retenir que ces questions sont pendantes devant les juridictions compétentes et des dispositions sont entrain d’être prises pour contrecarrer ces genres de pratiques dans la commune et dans les villages environnants.
De manière générale, comment se présente la situation sécuritaire dans votre commune et quelles sont les actions que vous avez entreprises en faveur de la cohésion sociale ?
La situation sécuritaire est calme dans notre commune. Les populations vaquent normalement à leurs occupations. Il n y a pas de couvre-feu et de restriction pour la circulation des motos à l’échelle communale. Mais, chaque fois que de besoin ou à l’occasion de nos déplacements à l’intérieur de la commune (salubrité, lectures de coran et prières collectives suivies de Qunûts) avec l’accompagnement des autorités coutumières, des leaders religieux et la jeunesse, nous organisons des campagnes de sensibilisations sur la cohésion sociale, sur l’insécurité et la bonne collaboration avec les forces de défense et de sécurité.
Propos recueillis par Rahila Tagou (ONEP)