
Me Soumaïla Bako, responsable du club Samouraï
L’évolution du judo, au fil des années, a permis à plusieurs clubs de voir le jour au Niger, à l’image de Samouraï Judo club David Douillet crée en 1974 à Niamey, par Maître Ousmane Djibo, dit Beidari. C’est aujourd’hui l’un des clubs de judo les plus anciens, les plus reconnus et les plus titrés du pays. C’est une véritable institution où les athlètes enregistrent régulièrement d’excellents résultats. Ce prestigieux dojo situé au quartier Ryad, non loin de la pharmacie du 2ᵉ forage est aussi un centre de formation qui révèle de jeunes talents prometteurs.
Dans les locaux du temple, une grande salle au fond bleu ciel, annonce les couleurs. La terrasse est recouverte de tatamis en jaune et vert. De part et d’autre, mais en bel ordre, on trouve des outils d’entraînement. Il y’a aussi ce type de vestiaire au rideau, permettant aux judokas de se changer. Les murs du dojo sont embellis de photos illustrant des techniques de judo, ainsi que de portraits des grands maîtres et figures emblématiques qui ont marqué le club, notamment le fondateur, Maître Ousmane Djibo, dit Beidari (5ᵉ dan), ainsi que deux champions disparus, Issifou Kaka, surnommé « Général », et Hassan Idrissa.
La nouvelle génération est aussi mise à l’honneur sur le mur droit, où l’on peut voir les portraits de combattants s’étant illustrés sur la scène internationale, tels que Moctar Nourou Sirakatou, Souleymane Chaibou Kangaye, Sanoussi Oumarou Matto, Rabilatou Maman Ali et Djibo Abdoul Aziz Ibrahim. Ces jeunes athlètes travaillent avec acharnement pour faire la fierté de leurs entraîneurs, de leur club et du Niger.

L’ambiance est bon enfant, dans des règles strictes chères au Club Samouraï: « silence et discipline », tel qu’il est inscrit sur une affiche à l’entrée. Juste à côté, une autre affiche rappelle un adage important « une ceinture noire n’est pas quelque chose que l’on porte, mais quelque chose que l’on devient ». Les valeurs et principes moraux transmis aux élèves à travers le judo au Club Samouraï sont : la discipline, la politesse, le courage, la sincérité, l’honneur, la modestie, le respect, le contrôle de soi et l’amitié. La ponctualité est de rigueur, car au Club Samouraï, tout retard à l’entraînement entraîne une sanction sévère afin de dissuader les retardataires et d’inciter à la rigueur. Chaque athlète sait pourquoi il est là, « pour travailler ». Lors des entraînements, les instructeurs donnent des consignes claires et précises et les judokas les exécutent avec rigueur et sans tricherie.
Aujourd’hui, Me Soumaila Bako dirige le Club Samouraï aux côtés de Me Moussa Souley (4e Dan) et Me Illiassou Aboubacar (3e Dan). Ensemble, ils travaillent en étroite collaboration pour transmettre leur savoir-faire aux jeunes talents émergents. Leurs objectifs sont clairs, former une élite du judo nigérien, africain et mondial en enseignant rigoureusement les techniques et tactiques du Judo. Me Soumaila Bako, ceinture noire 6ᵉ dan harmonique, occupe également le poste de vice-président du club, il est aussi arbitre continental de judo africain et exerce en parallèle comme chauffeur dans une ONG locale. Fort de plus de 45 ans d’expérience dans la pratique du judo, Me Soumaila Bako a commencé à enseigner le judo depuis 1989, en assistant le « grand maître » et en encadrant les jeunes disciples. « Quand j’ai raccroché la compétition, je me suis immédiatement engagé comme encadreur et arbitre continental », confie-t-il.
Une dizaine d’athlètes fournis à l’équipe nationale du Niger
Depuis son ouverture, le dojo a formé une centaine de ceintures noires, dont environ 10 ont ouvert leurs propres clubs pour former à leur tour des athlètes de haut niveau. Aujourd’hui, le club compte une soixantaine de judokas, hommes et femmes, de la ceinture blanche à la ceinture noire, dont une dizaine fait partie de l’équipe nationale du Niger. Les entraînements se déroulent les lundis, mercredis et vendredis, de 19h30 à 21h30. En période de préparation pour une compétition, ils ont lieu du lundi au vendredi. Chaque séance comprend un échauffement, des exercices techniques, des combats et des conseils dispensés en fin d’entraînement. « Nous mesurons la progression de nos athlètes à travers leur participation aux compétitions nationales et internationales. Nous réalisons également des évaluations hebdomadaires au club pour maintenir nos disciples dans un état d’alerte permanent. Lors des entraînements, nous insistons beaucoup sur l’aspect psychologique car, parfois, les combats se gagnent au mental qu’avec la technique. Ce son des points qui nous ont permis d’enregistrer de bons résultats », explique Me Soumaila Bako.
Malgré les succès du Club Samouraï, Me Soumaila Bako souligne plusieurs difficultés rencontrées dont l’irrégularité des cotisations mensuelles, particulièrement chez les enfants, la gérance du loyer du dojo, la dégradation avancée des tatamis, les assurances et le problème des affiliations. Pour faire face à ces défis, le club bénéficie du soutien de quelques bonnes volontés, notamment du président du club, Elh Abdoul Wahab Adamou, qui apporte une aide financière précieuse, ainsi que de Me Moussa Souley, qui intervient également pour combler certains besoins. C’est pourquoi, Me Soumaila Bako lance un appel aux autorités nigériennes afin qu’elles accordent plus d’attention à ce club prestigieux qui œuvre sans relâche pour honorer la patrie. « Nous savons que les priorités sont nombreuses, mais les autorités doivent faire davantage pour la jeunesse, pour le sport et pour le judo, qui est l’un des ambassadeurs nigériens les plus visibles sur la scène internationale », plaide-t-il.
Par ailleurs, Me Soumaila Bako encourage les jeunes à redoubler d’efforts pour atteindre les sommets, rappelant que « seul le travail paie ». Il n’a pas manqué de rendre hommage à ses prédécesseurs et maîtres qui ont contribué au rayonnement du judo et du Club Samouraï, notamment Me Yacouba Hamani dit Dogo, Me Boureima Beidari, Me Kanta Mahamadou et le président de la fédération Nigérienne de Judo, M. Youssouf Abdourahamane.
Le club compte actuellement des cadets et des juniors classés dans le ‘’Ranking’’ africain de l’Union Africaine de Judo (UAJ) et au niveau mondial, une véritable prouesse pour le Club Samouraï et pour le judo nigérien. L’inscription au Samouraï Judo club se fait en personne, sur présentation d’un acte de naissance, de deux photos d’identité, d’un numéro de téléphone et d’un droit d’inscription de 5 000 francs CFA. La cotisation mensuelle s’élève à 3 000 francs CFA. Me Soumaila Bako conclut en réaffirmant l’objectif commun de tous « continuer à œuvrer pour le développement du judo nigérien et multiplier les succès sur la scène internationale ».
Assad Hamadou (ONEP)