
Le jeune Mahamadou Moussa ...
De plus en plus, les jeunes innovent, créent, participant soit à l’assainissement de la ville ou à la protection de l’environnement. Dans le quartier ‘’Cité député‘’, plus précisément au niveau du garage hydraulique, où seuls quelques enfants témoignent de la présence d’êtres humains, se trouve Mahamadou, un jeune homme âgé de 27 ans, originaire de Tessaoua, qui fabrique le combustible appelé ‘‘charbon magique’’. La particularité du combustible fabriqué par le jeune homme est qu’il est écologique et de faible nocivité.
Vêtu d’un tee-shirt blanc noirci légerement par le charbon et d’un pantalon jaune tacheté, Mahamadou nous accueille sous un hangar modeste qui lui sert d’atelier où il fabrique son charbon appelé Azima, du prénom de sa grande sœur. Assis à même le sol, devant lui un grand bassin rempli de poudre noire, faite à base de coque de noix de coco, un petit marteau en main et un petit moule en fer qui lui permet de confectionner ses charbons, Mahamadou parle fièrement, la main à la pâte, de son activité.

Parti d’un modeste capital de 3.000 F cfa
« J’ai commencé cette activité, il y a un an de cela à Agadez, avant de venir m’installer ici, à Niamey. Cette idée m’est venue comme ça. Je dirais même que c’est un don de Dieu. Donc, lorsque j’ai eu cette idée, j’ai fait mes propres recherches, et avec un fonds de 3000 FCFA, j’ai débuté mon affaire. Les débuts n’ont pas du tout été faciles parce que je n’avais pas le matériel nécessaire ».

Mahamadou Moussa a fréquenté l’école jusqu’en classe de CM2. Issu d’une famille modeste, il a dû abandonner l’école pour s’adonner à une activité génératrice de revenus. « J’ai dû abandonner l’école pour me chercher par manque de moyen. Je devais assister mes parents pour subvenir à nos besoins. J’étais dans la vente de plusieurs articles », a-t-il confié. Ainsi, après la pratique du petit commerce, il a finalement mis en place sa petite entreprise de fabrication de charbon magique non toxique. Au début, a-t-il fait savoir, c’était du charbon écologique pour la cuisine qu’il fabriquait mais avec ses maigres moyens, avant d’opter pour la formule du charbon magique non toxique. «Avant, je faisais du charbon écologique pour la cuisine, je le faisais avec les résidus de charbon que les vendeurs de charbon jettent. Quand j’ai débuté, je n’avais pas les moyens nécessaires pour transformer la coque d’arachide en charbon. C’est pourquoi je récupère la poudre de charbon pour la transformer à mon tour. Et je faisais cette transformation en pilant le charbon dans un vieux seau en métal à l’aide d’un gourdin. J’ai continué ainsi, jusqu’à avoir les moyens suffisants pour me procurer un moulin. Aujourd’hui, c’est avec ce dernier que je réduis ma matière première en poudre avant de fabriquer mon charbon », a-t-il expliqué.
Un projet écologique basé sur la transformation de déchets organiques
Pourquoi du charbon écologique ou encore du charbon magique sans produits chimiques toxiques ? A cette question, Mahamadou répond sans ambages que c’est pour aider le gouvernement dans les efforts de protection et de préservation de l’environnement et surtout pour lutter contre la déforestation à cause du bois de chauffage et le charbon de bois qui sont les principales sources d’énergie pour la cuisson. Au-delà, Mahamadou contribue également dans la gestion des déchets organiques, car il utilise la coque de noix de coco jetée dans la nature pour fabriquer son charbon magique.
Ainsi, le charbon magique Azima de Mahamadou Moussa est fabriqué à partir de la coque de noix de coco (livrée par des agents de la Mairie moyennant 9000FCFA) carbonisée puis réduite en poudre mélangée à de la colle de charbon. Après avoir formé des disques de charbon à l’aide d’un seul moule, le produit est séché au soleil pendant deux à trois jours, en fonction de la saison.
Ayant commencé avec un budget de 3000 FCFA, aujourd’hui, Mahamadou Moussa arrive à s’en sortir. Il vend le sachet de 40 morceaux de charbon en forme de disque à 1250 FCFA et le carton à 13500FCFA. « Ce charbon magique, quand on l’allume, il peut durer 45 minutes avant de se réduire en cendre, ce qui est tout à fait le contraire des charbons magiques importés, pleins de produits chimiques vendus sur le marché ; et son produit est plus grand », a-t-il précisé.

Toutefois, bien qu’il arrive à écouler son produit, Mahamadou affirme rencontrer quelques difficultés. Les principaux problèmes rencontrés concernent le manque de moyens financiers et matériels pour augmenter la production. « Jusqu’à présent, je n’ai pas encore eu tout le matériel nécessaire pour la fabrication du charbon. Pour le moment, j’utilise un seul moule, j’ai fait confectionner un deuxième plus grand et qui peut me permettre de fabriquer plusieurs disques de charbon magique, mais ce n’est pas suffisant », a-t-il dit.
Le souhait de Mahamadou est de rendre disponible le charbon magique sans produits chimiques, propre, et monter un business qui contribue dans le développement du pays. Il faut préciser que Mahamadou travaille seul, mais espère agrandir son activité en faisant connaître le charbon Azima aux niveaux national et international.
Rahila Tagou (ONEP)