Monsieur le Ministre, bien que le potentiel hydraulique du Niger est considérable, force est de constater qu’il est difficilement mobilisable dans certaines régions du pays à cause de la profondeur de la nappe. Quelles sont les stratégies mises en œuvre par l’Etat pour que l’accès à l’eau potable soit une réalité partout au Niger?
Merci de l’occasion que vous m’offrez pour informer nos concitoyens des efforts que le Gouvernement est en train de déployer pour la satisfaction de l’accès à l’eau potable des populations nigériennes. Effectivement, le Niger dispose d’un potentiel hydraulique considérable qui est constitué des eaux superficielles provenant en quasi totalité du fleuve Niger et ses affluents de la rive droite (près de 30 milliards de m3 d’écoulement par an dont moins d’1% est exploité) et des eaux souterraines représentant 2,5 milliards de m3 renouvelables par an dont moins de 20% sont mobilisés, et 2000 milliards de m3 non renouvelables dont une infime partie seulement est exploitée pour les besoins des activités minières dans le nord du pays. L’une des particularités des ressources en eau au Niger est que les zones les mieux pourvues en eaux de surface correspondent à celles où le potentiel en eaux souterraines est très limité et inversement, à l’exception des zones de l’Ader-Doutchi-Maggia, de Maradi et de la Komadougou Yobé qui bénéficient à la fois de ressources en eau de surface et souterraines appréciables. Toutefois, la mise en valeur de cet important potentiel national se heurte à de multiples contraintes dont entre autres les coûts exorbitants de mise en exploitation de l’eau liés, par endroits, à la profondeur excessive des gîtes des nappes souterraines. Pour revenir à votre question relativement aux stratégies mise en œuvre pour faire accéder la population nigérienne, particulièrement celle vivant en milieu rural, à l’eau potable, elles sont de deux ordres : la généralisation des mini-adductions d’eau potable multi-villages, partout où les ressources en eau sont disponibles, ce qui permet non seulement de toucher un nombre des personnes, mais aussi assurer un service de qualité. La mobilisation et le transfert des eaux souterraines et de surface vers les zones qui en sont dépourvues. A titre illustratif, la ville de Zinder est alimentée par des transferts d’eau potable à partir des champs des captages distants de 30 Km (Gogo-Machaya et Aroungouza) à 65 km (Nord Ganaram), parce qu’elle se trouve dans la partie où les ressources en eau souterraines sont quasiment inexistantes à cause de la présence du socle cristallin. De même, plusieurs villages insulaires et riverains villages de la région de Tillabéri sont alimentés à partir de l’usine de traitement d’eau de la ville de Tillabéri sur un parcours de plus de 30 km.
Quelles sont les réalisations phares en matière d’hydraulique villageoise ?
L’hydraulique villageoise relève comme vous le savez du domaine rural, transféré au Collectivités Territoriales à la différence de l’hydraulique urbaine qui elle, est gérée par la Société de Patrimoine des Eaux du Niger (SPEN).
Conformément aux Objectifs du Développement Durable, notamment l’ODD N°6, qui consiste à l’atteinte de l’accès universel à l’eau potable et aux infrastructures d’assainissement d’ici 2030, le Niger a adopté le 9 mai 2017, le Programme Sectoriel, Eau Hygiène et Assainissement pour la période 2016-2030, dont la mise en œuvre est sous-tendue par l’approche programme, qui consiste à l’alignement des partenaires sur les procédures nationales et la création d’un Mécanisme Commun de Financement (MCF).
Ainsi depuis 2017, il a été convenu la généralisation des mini-adductions d’eau potable multi-villages. L’une des réalisations que l’on peut considérer de phare, est la mini-AEP multi-villages de Kiéché, dans le département de Doutchi, qui alimente pratiquement toute la commune, avec un raccordement de 24 villages, pour une population de 20.000 habitants. Ce genre d’infrastructures permet de couvrir très rapidement les besoins en eau potable des populations vivant en milieu rural.
Une nouvelle unité de traitement d’eau potable et une unité de potabilisation sont en cours de construction depuis plusieurs mois à Goudel. A quand la mise en service de ces gigantesques ouvrages ?
Il faut rappeler que les travaux de l’usine de traitement d’eau de Goudel, communément appelée « Goudel IV », ont été lancés par Son Excellence, Monsieur ISSOUFOU Mahamadou, Président de la république, Chef de l’Etat, le 18 avril 2018, avec comme objectif de les réceptionner le 12 juillet 2020. Il s’agit d’une usine dont la capacité de production est 40 000 m3/j, qui correspond actuellement au déficit de production pour la ville de Niamey. Les travaux sont actuellement terminés, les essais débuteront le 10 juillet 2020 et vont durer 15 jours. S’ils s’avéreront concluants, l’usine sera remise à la SEEN pour exploitation. C’est la pandémie du Coronavirus qui a retardé sa mise en service avec la fermeture des frontières aériennes et terrestres, les experts du concepteur (Degrémont) et fournisseurs des différents équipements qui doivent faire les derniers réglages étaient bloqués.
Une opération des branchements sociaux va débuter à Niamey avec un certain nombre de critère d’éligibilité. Qu’est ce qui explique tous ces critères ?
Les branchements sociaux sont destinés aux personnes qui ont des faibles revenus, des partenaires qui les financent exigent l’élaboration d’une stratégie d’intervention à mettre en œuvre pour être sûrs que ce sont les vrais bénéficiaires qui vont être servis. Les critères sont insérés dans la stratégie de mise en œuvre et peuvent être différents selon les partenaires. La mise en œuvre de la stratégie convenue est très bien suivie par les partenaires avec des missions sur le terrain et des audits.
Ces critères ne sont-ils pas trop sélectifs quand on connait l’immense besoin des populations de la ville de Niamey, surtout des nouveaux quartiers ?
Pour bénéficier d’un branchement social, il faut satisfaire aux critères ci-dessous énumérés : Quartiers périphériques ; terrains non bâtis habités ; existence de Réseau AEP ; faible taux de raccordement. Les branchements sociaux sont exclusivement réservés à un usage domestique à l’exception des blocs sanitaires qui rendent un service social et sanitaire accessible au public.
En raison de la pandémie du Coronavirus ou COVID-19, le président de la République a décidé de rendre gratuites les factures d’eau et d’électricité des mois d’avril et de mai 2020 pour les tranches sociales afin d’atténuer l’impact économique de cette terrible maladie au niveau des couches vulnérables. Est-ce que cette mesure a été scrupuleusement respectée par la SEEN, qui relève de votre département ministériel ?
Permettez de rappeler que dans le cadre de la lutte contre la pandémie à coronavirus ou COVID-19, l’une des mesures phares, saluée par la population nigérienne est celle relative à la gratuité du service public d’eau potable aux populations nigériennes tant en milieu urbain, qu’en milieu rural, et surtout qu’elle a coïncidé avec le mois béni du Ramadan. La mise en œuvre de cette mesure sociale, a été scrupuleusement respectée par la SEEN, car tous les abonnés ont du remarquer la déduction de la partie tranche de leur facture, comme étant payée par l’Etat. Les factures de consommations de la tranche sociale des abonnés de la SEEN, d’un montant de 500.953.432 F CFA au titre des deux (2) mois ont été validées par la SPEN et la Cellule de Contrôle et de Gestion des Consommations d’Eau, d’Electricité et de Téléphone et transmises au Ministère des Finances pour règlement.
Réalisée par Hassane Daouda(onep)