De toute évidence, les disciples de Madoff ont encore des moments pour prospérer dans notre pays. Beaucoup d’entre vous connaissent ou du moins ont entendu parler de l’affaire Madoff. Bernard L. Madoff, c’est cet homme d’affaires américain qui était à la base de l’un des plus gros scandales financiers sur les places financières américaines. Les fonds mis en jeu (perdus) dans cette escroquerie avoisinent les 50 milliards de dollars. Madoff avait mis en œuvre le système de la pyramide de Ponzi.
Ce système mis en place par Charles Ponzi (un investisseur italo américain) à Boston en 1920 proposait à ses investisseurs des rendements mirobolants de 50% en 45 jours. Le système de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Bref, les intérêts payés aux premiers dépositaires étaient pris sur les dépôts des investisseurs suivants. Le système tient tant qu’il ya de nouveaux arrivants, mais tout s’écroule dès qu’il y’a une forte demande simultanée de retraits des fonds. C’est ce qui arriva à Madoff en décembre 2008, lorsqu’il devait faire face à des retraits de 7 milliards de dollars, alors qu’il ne disposait que d’un milliard en banque.
Bref, ça c’est de l’histoire. Cependant deux événements récents, l’un à Niamey il ya de cela quatre mois et l’autre à Zinder dévoilé au courant de cette semaine nous rappellent, ce tristement célèbre montage financier. A Niamey, c’est une obscure mutuelle de crédit montée par des étrangers qui a disparu avec des dizaines de millions de Francs CFA appartenant aux pauvres petits épargnants nigériens. Pendant que cette affaire, n’est pas encore tirée au clair, voilà qu’à l’autre extrémité du territoire national, une autre ONG (elle aussi montée par des étrangers) escroque des épargnants encore plus vulnérables.
A Niamey, la mutuelle proposait des taux d’intérêt de l’ordre de 50% aux déposants en si peu de temps. A Zinder, l’Ong promet des crédits de l’ordre de trois millions de FCFA pour tous ceux qui déposent 60.000 FCFA. Certains auraient hypothéqué leurs champs, leurs parcelles, leurs maisons ou même leurs voitures. Plus de 5.000 épargnants ont été grugés à Zinder. Les montants épargnés vont de 5.000 à 3 millions de Francs. Et comme à Niamey, ces individus recrutent quelques Nigériens pour donner un faux semblant de leur sérieux, le temps juste d’amasser les épargnes des pauvres citoyens. Une fois qu’ils ont fait le plein, ces escrocs arrivent toujours à prendre la clé des champs et franchir les frontières, laissant ainsi leurs agents locaux qui paient souvent de leur liberté, le prix fort de cette escroquerie.
Ces véritables adeptes de Madoff surfent non seulement sur la crédulité, l’ignorance mais aussi sur l’appât du gain facile de certains concitoyens. Cependant, la responsabilité des services étatiques chargés d’encadrer ce secteur, est plus que jamais engagée. Comment ces escrocs d’un genre nouveau arrivent-ils si facilement à obtenir les autorisations d’exercice ? Quel est le niveau de rigueur mis en œuvre pour contrôler les activités de ces vendeurs d’illusion ? Comment en l’espace de quelques mois des individus ayant les mêmes modes opératoires ont-ils pu réussir leur coup ?
Il est clair que, quelque part, certains services ont fait preuve de laxisme. Pire, ces événements démontrent, si besoin est, qu’aucune leçon n’a été tirée des faits similaires qui se sont passés au Niger. En effet, les exemples de structures de micro finance qui se sont volatilisées avec l’épargne des Nigériens sont nombreux. Les services chargés de la régulation et du contrôle doivent faire plus et mieux pour que les pauvres Nigériens qui peuvent encore épargner soient plus sécurisés.
Siradji Sanda(onep)