Depuis les événements du 26 juillet et après que la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest ait déversé ses menaces et ses sanctions sur le peuple du Niger, les jeunes de la Ville de Niamey se sont constitués en des groupes appelés comités de veille au niveau des grands rondpoints pour alerter les autorités du moindre mouvement suspect. Cette tâche prise à cœur par les jeunes et même les anciens, est accomplie fièrement en ayant le sentiment d’avoir rendu service à la nation.
Nous sommes samedi 9 septembre 2023 au rondpoint Harobanda, il est 22h30 passées, nous trouvons une centaine de jeunes qui jouent bruyamment. Les adultes eux sont assis sur des tapis, d’autres dans les bras de Morphée, malgré le bruit assourdissant des baffes, rien ne semble pouvoir troubler leur sommeil. Qui sait à quoi ils rêvent ; peut-être à un Niger de demain sans chômeur, sans discrimination ou l’égalité des chances sera donnée à tous où la coloration politique ne déterminera pas là où on sera demain. Mahamadou, un jeune que nous avons abordé sur place, dit qu’ils sont là pour patrouiller à partir de minuit pour détecter des comportements ou des choses louches. Il indique qu’au début chaque véhicule qui passait est soigneusement contrôlé. Mais à présent que les choses se sont un peu calmées et surtout avec la présence des forces de défense et de sécurité, ils en font moins.
À quelques kilomètres de là, au niveau du rondpoint hôpital, nous retrouvons cette fois-ci une dizaine d’adultes assis sous une tente à laquelle est accroché le drapeau du Niger. Ils sirotent leur thé au rythme de la nouvelle chanson composée en l’honneur du Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Chef de l’État, pour dire que la question ne concerne pas que la jeunesse ; les personnes plus âgées également se battent pour un meilleur lendemain. Pour que les nouvelles générations n’assistent pas comme eux impuissants face à des détournements de deniers publics. Il s’agit avant tout pour eux d’assainir le Niger. Selon, Younoussa Sidi Adamou, l’absence de monde au niveau de ce rondpoint se justifie par les mariages qui se font les samedis, mais pour lui avant tout, ce qui les motive, c’est le patriotisme, la libération et l’indépendance de notre pays. « On en a marre de l’impérialisme, trop c’est trop. Nos attentes vis-à-vis du CNSP sont nombreuses, d’abord la libération du pays. L’indépendance retrouvée, il faut réduire le taux de chômage, penser à l’électrification du pays. Le Nigérien souffre dans sa chair, on veut un changement significatif et tous ceux qui ont pillé ce pays, il faut qu’ils rendent à César ce qui appartient à César », martèle-t-il.
Enfin au rondpoint francophonie, nous retrouvons une projection du film les patrouilleurs tournée entre 2017 et 2020, du réalisateur nigérien Boubacar Djingarey Maiga organisé par la convergence pour une souveraineté Nationale (COS). Pour Abdoulaye Salifou SGA de la convergence pour une souveraineté nationale, cette initiative citoyenne a pour but de toucher le public sur les thèmes cruciaux du moment en l’occurrence celui de l’insécurité dont traite le film les patrouilleurs. « Le film nous interpelle sur l’attitude citoyenne dans de telles situations. C’est pour susciter ce débat que nous avons initié cet évènement et le public a répondu massivement et nous espérons que ce n’est qu’une première fois », s’est-il réjoui.
« J’avais posé une question, à savoir, on parlait de la guerre en Libye, en Syrie, je parlais du nord du Mali, du Niger, de l’est et de l’ouest du Niger et je me suis posé la question tout ce désordre à qui ça profite parce que nous, on en a marre. Pour moi, c’est un honneur, c’est un film que j’ai fini en janvier 2023, mais je n’ai pas eu le canal pour faire la projection parce que c’est un film qui traite de l’insécurité et personne ne veut toucher, même quand je cherche des sponsors quand ils voient le thème, ils disent non, ils ne sont pas dedans », confie le réalisateur Boubacar Djingarey Maiga à la fin de la projection.
De l’autre côté de l’escadrille, il est minuit dix, nous retrouvons une ambiance musicale. Un concert animé par les artistes nigériens tels que Marie Diallo, Liman Jay et de danse chorégraphique exécutée par des jeunes groupes, le tout sur l’animation de Don D.
Hamissou Yahaya (ONEP)