La fin de l’histoire, prophétisée par Francis Fukuyama, politologue américain n’a pas eu lieu. Elle n’aura pas lieu. Le dernier homme ne viendra pas1. Non ! La démocratie occidentale ne peut être considérée comme le système unique de gouvernance politique. Elle a ses qualités et ses défauts, comme toute invention humaine. L’actualité politique mondiale nous le prouve à souhait. Non ! Les puissances occidentales n’ont pas mis la Russie et la Chine à genoux. Plusieurs guerres furent fomentées pour assouvir cette ambition suprématiste notamment en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Lybie. A la place d’un seul maître du monde, c’est la multipolarité qui a germé de la capacité de ces deux pays de rebâtir l’ordre mondial sur des valeurs civilisationnelles et culturelles partagées et les ruines du monde de l’après-guerre de 1945 ainsi que ses vestiges, tels que l’ONU, le FMI, la Banque Mondiale, l’OMS et d’autres institutions dites humanitaires créées pour maintenir les autres peuples sous les genoux de l’Occident.
Un autre monde pluriel se fait jour, avec un objectif déclaré d’émancipation du système politique, économique et culturel occidental. La création des Bric’s en est le témoignage.
Il va sans dire que cet échec -car il faut bien l’appeler ainsi-, n’est pas digéré par les puissances impérialistes occidentales, ébranlées depuis quelques années par les mouvements révolutionnaires souverainistes qui ont cours aujourd’hui en Afrique de l’Ouest, dans les trois pays de la Confédération des Etats du Sahel (AES) que sont le Burkina-Faso, le Mali et le Niger. Dans cette lutte à armes inégales, elles y voient encore la Russie et la Chine, mais aussi d’autres pays tels que l’Iran, l’Inde et la Turquie, prêter main-forte aux trois pays pour lutter contre un soi-disant terrorisme dont l’origine du financement et de l’armement n’est plus à démontrer. Les terroristes bénéficient également d’un encadrement technique de haut niveau par les Forces Spéciales des pays occidentaux et leurs alliés, notamment l’Ukraine.
Tirant leçon des revers qu’ils ont subis en Asie et au Moyen-Orient, les Dirigeants des puissances occidentales ont fini par se convaincre de faire une lecture plus réaliste du monde, basée sur la défense de leurs intérêts économiques, objectif inavouable auparavant .La défense de la démocratie et des droits de l’homme n’est plus le « goal ». Ils estiment que la Russie et la Chine prennent « leur » place dans l’exploitation des énormes richesses minières dont regorgent ces pays. Dans une intervention publique à la télévision, un général français à la retraite a même conseillé fortement son gouvernement d’envisager, le plus sérieusement du monde, une campagne de recolonisation, comme au temps de Jules Ferry.
La France, ancienne puissance tutélaire de ces pays, a été surprise par la volonté de changement des peuples du Sahel qui l’ont chassée sans ménagement. Elle a enregistré, à son corps défendant et dans la honte, l’expulsion de son armée, de ses diplomates, de ses entreprises, de ses officines d’aide, de ses services secrets ; les « accords de coopération », véritables nœuds coulants mis autour du cou de quatorze pays africains en 1961 pour les maintenir en esclavage y ont été dénoncés ; elle a perdu son uranium et perdra bientôt le franc CFA, son véritable levier de commande dans ces pays. Face à tous ces revers, les autorités françaises accusent nommément la Russie de consolider ses liens d’amitié avec l’AES pour nuire à ses intérêts.
La guerre imposée depuis plus de dix ans aux peuples du Burkina-Faso, du Mali et du Niger n’est ni plus ni moins qu’une guerre de recolonisation menée par des mercenaires à la solde des puissances occidentales.
Dans la logique de cette guerre, le Mali fait actuellement face à une campagne de déstabilisation. En effet, par des communiqués diplomatiques et d’autres canaux d’informations qui visent à semer la panique auprès des populations, certains pays occidentaux ne prédisent rien de moins que la « chute » imminente de Bamako, comme ce fut le cas de Damas en Syrie, tombée sous les mains des prétendus djihadistes, formés et armés par les puissances occidentales ; ils sont devenus subitement « démocrates » et « fréquentables » !
Peuples de l’AES, ne tombons pas dans ce piège dangereux ! En ces moments cruciaux de la lutte menée par nos Forces de Défense et de Sécurité avec lucidité, savoir-faire, courage et détermination sur toute l’étendue de l’AES, le soutien sans faille du peuple est déterminant pour gagner le combat jusqu’à la victoire finale.
Ne nous trompons pas de lutte. Celle que mène aujourd’hui l’AES est une lutte de survie et de souveraineté qui conditionne notre existence même ; c’est une lutte qui s’inscrit dans la quête de sens d’un monde multipolaire où toutes les valeurs civilisationnelles et culturelles se valent et peuvent apporter des opportunités d’épanouissement matériel, culturel et social profitables à tous.
Si au 19ème siècle, la France a pu vaincre nos chefs résistants, ce n’est pas par manque de courage ou d’amour de leur pays, mais avant tout par la supériorité des armes et la détermination de celle-ci à mettre nos pays à genou, y compris par les crimes les plus atroces. Cette victoire sans gloire de la France a également été rendue possible notamment par la trahison des frères et l’appétit du gain facile, autant de boulets qui freinent aujourd’hui encore la marche de nos peuples vers la liberté et la dignité.
Autant de temps que durera cette lutte de libération, la victoire cette fois, doit changer de camp !
Adamou Idé, Poète/écrivain
