Pr Mohammed Sani Mohammed Aminou
Selon l’OMS, l’obésité est une accumulation anormale et excessive de graisse corporelle qui présente un risque pour la santé. Elle se définit par rapport à l’Indice de Masse Corporelle (IMC) lorsqu’il est égal ou supérieur à 30 kg par m². Au Niger, la prise de poids est un phénomène croissant, notamment chez les femmes, et est associée à plusieurs risques de maladies.
L’obésité est une maladie multifactorielle résultant de l’interaction de plusieurs facteurs, aussi bien chez l’homme que la femme. Selon les explications du Pr. Mohammed Sani Mohammed Aminou, endocrinologue, spécialiste des maladies métaboliques et nutritionnelles, la première cause de l’obésité est l’hérédité, la génétique. « La part de l’hérédité dans l’obésité est de 40 %. Il existe donc une prédisposition génétique à cette maladie. Le deuxième facteur, ce sont les facteurs environnementaux. Parmi eux, on retrouve la sédentarité. La sédentarité, c’est le fait d’être inactif, de passer la majeure partie de son temps sans bouger. De nombreuses personnes sont sédentaires, et cela augmente la production de graisse dans l’organisme », a-t-il précisé.
L’autre facteur également, selon le spécialiste, est l’alimentation. « Une alimentation hypercalorique, c’est-à-dire riche en sucre, en graisses et en d’autres substances comme les protéines, peut entraîner une obésité », a expliqué Pr Mohammed Sani Mohammed Aminou.
Sur le plan psychologique, ajoute le praticien, le stress favorise la sécrétion d’hormones, notamment les hormones corticotropes, dont la libération peut entraîner une prise de poids. « En dehors de cela, il existe d’autres causes d’obésité, notamment certains médicaments. Les traitements utilisés pour soigner la dépression et les troubles mentaux peuvent aussi entraîner une prise de poids », a-t-il mentionné.
L’obésité et ses multiples problèmes
Selon Pr Mohammed Sani Mohammed Aminou, l’obésité entraîne plusieurs complications, notamment des maladies cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, les problèmes veineux, l’embolie pulmonaire, la cardiopathie ischémique, ou encore l’insuffisance veineuse des membres inférieurs. Sur le plan métabolique, l’obésité peut provoquer un syndrome métabolique et des maladies comme le diabète. « Il y a également la goutte, qui est un excès d’acide urique, et qui peut être liée à l’obésité. On observe aussi des troubles comme la dyslipidémie, avec un taux de cholestérol élevé », a-t-il précisé.
Sur le plan hépatique, l’obésité peut entraîner une stéatose hépatique, communément appelée « foie gras ». « Dans ce cas, le foie est envahi de graisse, ce qui peut évoluer vers une hépatite, voire une cirrhose », a-t-il ajouté. L’obésité est également responsable de problèmes articulaires, notamment des douleurs au niveau des genoux, des hanches, du dos et d’autres articulations. Par ailleurs, elle augmente le risque de certains cancers comme ceux du sein, de l’endomètre, de la prostate et du côlon. Chez la femme en particulier, l’obésité peut réduire les chances de concevoir, en perturbant les hormones sexuelles comme les œstrogènes et la progestérone. « Elle peut aussi entraîner une hypertension artérielle pendant la grossesse, avec un risque de complications graves comme l’éclampsie », a-t-il énuméré
Des moyens utiles pour une prise en charge de l’obésité
Pour garder une bonne carence alimentaire et éviter l’obésité, Pr. Mohammed Sani Mohammed Aminou conseille la pratique des activités physiques. « Pour perdre du poids, il faut diminuer l’apport et augmenter les dépenses énergétiques. Diminuer l’apport, c’est diminuer la consistance des repas, prendre des aliments qui n’augmentent pas les graisses, notamment des aliments comme les légumes qui sont très légers sur la balance et les choux, les salades, les courgettes, les concombres, etc. Il faut faire des activités physiques régulières. Au moins une marche de 30 minutes par jour ou selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, 150 minutes par semaine, une marche, pas une marche nonchalante mais une marche un peu énergétique une marche énergétique qui permet de mouvoir les muscles pour dépenser de l’énergie », a-t-il préconisé.

En dehors de la marche, ajoute le spécialiste, il existe des médicaments et la chirurgie qui sont conseillés. « Quand l’obésité est morbide, quand elle est très importante et que le régime, l’activité physique, les médicaments n’ont pas permis de régresser cela, avec parfois d’autres maladies comme le diabète, l’hypertension, alors on peut conseiller à la personne de faire une chirurgie abdominale, ce qu’on appelle la chirurgie bariatrique qui se fait au Maghreb, en Occident, dans d’autres contrées et qui permet de perdre 30, 40 voire 50 kg. D’autres thérapies psychologiques ou comportementales permettent également de régler ou de traiter la dépression et l’anxiété qui sont des causes de l’obésité », a-t-il signalé. L’obésité est une maladie qui est facile à avoir mais difficile à traiter. Tous les spécialistes qui travaillent sur l’obésité le savent, pour cela, il faut la prévenir. Selon l’endocrinologue, Il y a un manque de prise de conscience de la population par rapport à l’obésité. « L’ampleur de l’obésité est en train d’augmenter. Les études montrent que le surpoids et l’obésité au Niger représentent à peu près 15 % de la population depuis plus de 20 ans. Et chez les enfants également, le surpoids et l’obésité sont en train d’augmenter. D’après nos études dans les écoles de santé, on a constaté que l’obésité est fréquente, elle est en train d’augmenter d’année en année », a conclu Pr Mohammed Sani Mohammed Aminou.
Des témoignages sur l’obésité
L’obésité est une réalité complexe que vivent de nombreuses personnes au quotidien. Pour Mme Balkissa, l’obésité est un phénomène héréditaire au sein de sa famille. « Je suis grosse depuis mon enfance et cela m’a toujours dérangée. Avec ce poids, c’est difficile pour moi de porter certains habits ou de faire certains mouvements. C’est pourquoi, avec l’aide de mon médecin, je fais des séances de sport par jour afin d’éviter certaines maladies liées à l’obésité », a-t-elle déclaré.
Quant à M. Y, l’obésité devrait être une source d’alerte de plusieurs maladies. « Je ne vois pas l’importance pour certaines femmes qui ne sont pas obèses à vouloir prendre du poids si cela est néfaste pour notre bien-être. On constate que, de nos jours, les femmes sont plus intéressées à être grosses pour la simple raison que c’est ce que les hommes préfèrent. Mais non ! Elles doivent arrêter cela pour vivre longtemps et être en bonne santé », a-t-il conclu.
Salima H. Mounkaila (ONEP)
