Maison des Jeunes et de la Culture de Dosso
Conformément à l’ordonnance n°2009-24 du 03 novembre 2009 portant loi d’orientation relative à la culture, les maisons de la culture ont pour mission principale de contribuer à l’atteinte des objectifs de la politique culturelle du Niger. Les objectifs poursuivis sont notamment de préserver, protéger, sauvegarder et promouvoir le patrimoine culturel, protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles et identifier l’action culturelle permettant d’assurer une large diffusion de la culture. Dans la cité des Djermakoyes, la maison de la culture Garba Loga répond à cette mission.
Le secteur artistique et culturel de la région de Dosso est caractérisé par sa richesse et sa diversité. « Depuis les années 80, quand on parle de Dosso, c’est une région qui a eu à réaliser des exploits, qui a eu à faire ses preuves dans le cadre des manifestations culturelles nationales qui étaient organisées à l’époque sous l’appellation du festival de la jeunesse. Tout le monde se rappelle par exemple le ballet Mai Dawa de Doutchi, les prouesses de la troupe de Gaya et plein d’autres. Dosso se caractérise par sa diversité et la richesse de son patrimoine culturel qui se manifeste à travers plusieurs activités qui étaient organisées dans la région. Mais également à travers ses troupes culturelles qui ont eu à porter le nom de Dosso au-delà des frontières du Niger », confie M. Bawa Kadadé Riba, directeur de la Maison des Jeunes et de la Culture de Dosso.

La spécificité de cette région, poursuit le directeur de la maison des jeunes, est qu’elle se distingue à travers les créations de ses artistes. « C’est ça qui distingue la région. Les arts, en tant qu’expression de la culture de Dosso, se manifestent à travers l’accoutrement, la création des pagnes qu’on appelle ‘’Téra-Téra’’ ou ‘’Sakala’’, à travers la poterie, et plein d’autres choses qui caractérisent la culture dossolaise », ajoute-t-il.
Au niveau de la maison de la culture, précise le directeur, toutes les activités se font en étroite collaboration avec les artistes. « En tant qu’artiste moi-même, j’ai vu comment les artistes peinaient à accéder aux infrastructures culturelles. La première des choses que j’ai faite quand je suis arrivé, c’est d’abord ouvrir l’espace aux artistes, parce que c’est leur maison. Il faut qu’ils s’en accaparent, il faut qu’il y ait des activités pour animer cette maison. Pour qu’ils viennent faire des activités, faire leurs répétitions. Parallèlement à cela, nous avons aussi ouvert l’espace aux étudiants et aux élèves à travers ce qu’on a appelle ‘’ l’éducation au patrimoine’’. C’est une activité qui consiste à aller vers les élèves, leur faire visiter la maison de la culture pour découvrir les différents services qu’elle offre … Nous avons aussi mis en place un comité ‘’club des amis du livre’’ de la bibliothèque de la maison Garba Loga », explique M. Bawa.
S’agissant des activités artistiques, elles sont réalisées les soirs, notamment les après-midis. « Vous allez trouver des artistes qui sont en train de faire des répétitions des œuvres qu’ils veulent présenter ou tout simplement pour être à jour. Tous les soirs, il y a des activités de répétition des différentes troupes artistiques de la ville de Dosso. En dehors de cela, il y a aussi des accompagnements qu’on fait à l’endroit des artistes. On leur accorde la facilité d’accès à la maison de la culture pour organiser eux-mêmes leurs activités. On a eu aussi à accompagner des artistes, des jeunes peintres qui se sont manifestés. Sur fonds propres de la maison, on a eu à organiser une session de formation à leur endroit, à travers un artiste qu’on a invité de Niamey pour venir les encadrer, pour qu’ils puissent aller de l’avant. C’est aussi une activité qu’on a prévu de continuer. Parallèlement à d’autres activités, l’ANACIM a organisé des sessions de formation, d’initiation à l’endroit des jeunes artistes », dit-t-il.
Le directeur constate qu’aujourd’hui, il se pose un problème de relève. « Surtout quand vous prenez les musiciens, ceux qui jouent aux instruments, ils sont peu nombreux. On a initié une activité ‘’d’initiation à la musique’’ avec l’ANACIM. Cette activité était destinée aux artistes locaux pour qu’on puisse assurer la relève des anciens qui sont en train de partir. Pour qu’il n’y ait pas de rupture », a-t-il expliqué.
En ce qui concerne les défis des arts et de la culture, ils sont énormes. « L’homme aussi a la capacité de s’adapter et de faire face à ces défis. Il a la capacité d’être résilient par rapport à ces défis. Avant les défis, nous avons des atouts. Il y a une jeunesse qui est là, qui s’intéresse à l’art et la culture, qui s’exerce, qui fait des choses en fonction des moyens qui sont à sa disposition. Pour notre part, nous avons comme mission de les accompagner avec les moyens de bord dont nous disposons. Il s’agit de l’accompagnement, de l’orientation des jeunes artistes. Il y a des possibilités d’accompagnement, parce que nous avons un fonds national de développement des arts et de la culture qui est le FONDAC. Pour accéder à ce fonds, il faut que les artistes s’organisent en structure formelle, il faut qu’ils se professionnalisent à travers l’acquisition de la carte professionnelle, ce qui leur permet de faire des dossiers et de faire des demandes pour pouvoir accéder à cette structure », fait-il savoir.
Parlant toujours des défis, le directeur de la maison de la culture relève le problème de studio. « Nous n’avons pas de studio où les artistes chanteurs peuvent venir enregistrer leurs créations. Parce que le problème se pose au niveau de la production. Il faut qu’il y ait des moyens qui puissent permettre aux artistes de créer beaucoup plus d’œuvres. Une fois que ses œuvres sont créées, elles peuvent être connues à travers la diffusion. Nous sommes au Niger, très souvent même nos médias ne consomment pas assez suffisamment nos œuvres. C’est un défi qui est là. Des réflexions sont en train d’être menées pour voir comment faire pour consommer les œuvres du Niger par les Nigériens », suggère-t-il.
Le directeur de la maison de culture Garba Loga de Dosso, M. Bawa Kadadé Riba, demande aux artistes de ne pas se décourager. « Quand on fait quelque chose, et on le fait avec amour, on ne peut que réussir. Cependant, si on tient compte de l’environnement, des pesanteurs socio-culturelles qui sont là, ça peut être un problème », dit-il. Il demande aussi à l’Etat et aux partenaires de fournir plus de moyens d’action. « Le potentiel est là, les talents sont là, ils ont juste besoin d’être accompagnés. L’accompagnement se fera par des moyens qui peuvent être mis à la disposition des artistes, selon des critères et des conditions bien déterminées », a-t-il conclu.
Farida. A. Ibrahim (ONEP)
