
Une vue du marché ‘‘Poundé Ciminti’
Le marché «Poundé Ciminti», ou «puits cimenté» en fulfulde, est un lieu où les habitants puisaient autrefois de l’eau, avant qu’il ne devienne un espace commercial. Selon les témoignages, il s’agissait d’un marché éphémère où les échanges avaient lieu très tôt le matin et prenaient fin vers 10 heures. Ce marché situé au quartier Rive droite de Niamey, dans le 5è Arrondissement Communal, à proximité de l’autogare où embarquent les voyageurs pour Say, attire aujourd’hui de nombreux clients et commerçants qui s’y retrouvent chaque jour.
Il est presque midi lorsque nous arrivons à « Poundé Ciminti », ce mercredi 10 septembre 2025. Les activités au petit carrefour commercial battent leur plein. Pendant que certains négocient, d’autres, satisfaits de leurs achats, rentraient chez eux. Ici, les commerçants accueillent à grands cris, chacun essayant d’attirer l’attention des visiteurs et des passants. Parmi eux, une vendeuse de médicaments traditionnels. Elle s’appelle Haoua Souley et semble être une doyenne du marché. Cette quinquagénaire explique que, de plus en plus, de commerçants s’installent sur les lieux. « Chacun vient de son propre chef et choisit librement son emplacement. Personne ne peut revendiquer plus de droits qu’un autre, à moins d’être arrivé avant. Ce marché ne cesse de grandir » a-t-elle affirmé. Haoua Souley précise que sa spécialité est la vente de médicaments traditionnels. Mais, avec l’âge, elle propose aussi des condiments, expliquant qu’elle n’a plus la force de préparer des décoctions pour vendre. « J’ai plus de 30 ans d’expérience dans ce commerce et ce marché a environ vingt ans d’existence. Les clients viennent de divers horizons, des quartiers environnants, mais aussi de l’autre rive du fleuve, notamment des zones de l’aéroport et de Taladjé », a-t-elle précisé.
Haoua Souley a, par ailleurs, ajouté qu’elle vend également des fruits de saison. Lorsque les périodes des mangues, du haricot vert ou du moringa arrivent, ces produits sont disponibles sur les étals. Selon elle, on peut trouver presque tout ce qui est frais, comme du manioc. Elle précise que, sur ce marché, le petit sac de moringa peut être vendu à 500 francs CFA à certaines périodes.
Partageant cet avis, un autre commerçant, nommé Inoussa Hamadou, explique qu’il est revendeur de colliers. Il se souvient qu’au début, seules quelques personnes s’étaient installées sur le site. Aujourd’hui, selon lui, le marché s’est considérablement agrandi. À l’origine limité à un seul côté, il occupe désormais tous les espaces disponibles.
Une autre commerçante, résidant au quartier Kirkissoye et répondant au nom d’Amina Soumana, exprime sa satisfaction avec la création de ce marché. Pour elle, cela a apporté de nombreuses facilités aux riverains, qui n’ont plus besoin de parcourir de longues distances pour s’approvisionner en condiments. Elle rappelle qu’à ses débuts, moins de dix commerçants étaient installés à cet endroit. Aujourd’hui, de nouveaux vendeurs ne cessent d’arriver. Grâce à Dieu, selon elle, le marché est plein et les revendeurs parviennent à écouler leurs marchandises. Mme Amina Soumana évoque aussi certaines difficultés, notamment avec les usagers de la route, en particulier les chauffeurs de taxi. Ces derniers, dit-elle, les insultent à cause de la proximité du marché avec le goudron. Elle relate que, lorsqu’un véhicule chargé de sacs de moringa stationne, les revendeuses se précipitent pour se disputer les sacs, ce qui provoque la colère des taximans. Elle affirme que ces derniers les traitent d’inconscientes, car elles n’ont pas peur des voitures.
Au début, confie Amina Soumana, les chauffeurs appelaient ce marché ‘’Samey Habou’’. Elle se souvient que les agents de la mairie avaient tenté de les déguerpir et avaient proposé de les reloger en brousse. En tant que doyenne aussi, elle avait alors expliqué aux autorités le danger que cela représente pour les femmes. Elle s’était interrogée sur leur sort quand elles seront isolées. Pour elle, il valait mieux rester dans un endroit plus sécurisé. C’est ainsi que, selon son témoignage, les autorités ont finalement décidé d’envoyer la Garde Nationale pour assurer leur sécurité. Une jeune cliente, croisée dans le marché alors qu’elle venait de faire des achats, a également exprimé sa satisfaction. Elle affirme que ce marché est devenu indispensable. Il permet de faire les courses rapidement, sans avoir besoin de prendre un taxi. Elle explique que cela permet d’économiser à la fois de l’argent et du temps, tout en trouvant presque tout sur place.
Abdoulaye Mamane et Rabi I Guéro (Stagiaire)