Mme Maïkassoua Halima Garba
L’Institut National de la Jeunesse, des Sports et de la Culture (INJS/C) a pour missions principales la formation et la promotion des jeunes dans divers domaines tels que l’Éducation Physique et Sportive (EPS), Jeunesse Animation et Action Culturelle (JA/AC), ainsi que l’Économie Familiale (EF). Mme Maïkassoua Halima Garba, Directrice Générale de l’INJS/ C, dresse un état des lieux global de la situation actuelle et du fonctionnement de la structure.
Madame la Directrice Générale, voudriez-vous nous présenter l’INJS/C et les principales missions qui lui sont assignées par l’État du Niger ?
L’INJS/C a été créé par le décret N°79-204/PCMS/MJS/C du 27 décembre 1979. Il est érigé en Établissement Public à caractère Administratif (EPA), doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière par ordonnance N°2010-030 du 20 mai 2010 et est placé sous la tutelle technique du Ministère chargé des Sports et la tutelle financière du Ministère chargé des Finances.
C’est un établissement d’enseignement professionnel et technique dont les missions sont entre autres, assurer la formation initiale et continue des cadres, des agents à la demande des associations, sociétés, établissements ou organismes professionnels nationaux ou étrangers concourant aux mêmes objectifs ; dans les domaines des activités physiques et sportives, de l’éducation permanente, de l’action culturelle et de l’économie familiale, d’assurer la recherche scientifique et technique dans les disciplines susmentionnées, de réunir la documentation nécessaire pour tout ce qui concerne les domaines pédagogiques et techniques, de promouvoir la médecine sportive et d’assurer des cycles spéciaux de perfectionnement.
Dans le cadre de la Refondation du Niger, nous nous inscrivons dans les orientations de l’État qui place l’éducation et la formation au cœur de ses priorités politiques, et à la lettre de mission confiée au Ministre de la Jeunesse et des Sports par Son Excellence, le Général d’Armée Abdourahamane TIANI, Président de la République, Chef de l’État.
Quelles sont les différentes filières de formations et leurs durées ? Ces formations répondent-elles aux besoins actuels des jeunes et des professionnels du secteur ?
Au niveau moyen, les filières de formation sont l’Éducation Physique et Sportive (EPS), la Jeunesse Animation et Action Culturelle (JA/AC), et l’Économie Familiale (EF) pour une durée de 3 ans de formation après le BEPC. Au niveau supérieur, les filières de formation comprennent les Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAP/S), les Sciences et Techniques de l’Animation (STA), et les Sciences et Techniques de l’Économie Familiale et Sociale (STEF/S). La Licence en 3 ans de formation après le Baccalauréat ou tout diplôme équivalent dans les secteurs mentionnés ci-dessus. Le Master, c’est 2 ans de formation après la Licence ou 5 ans après le Baccalauréat. Concernant la pertinence de ces formations, nous veillons à les aligner avec les besoins actuels des apprenants.
Quels sont les critères d’admission pour les candidats souhaitant intégrer une des filières proposées et y-a-t-il une limite d’âge ?
Il n’y a pas de limite d’âge pour étudier à l’INJS/C. Les modalités d’accès sont l’orientation par l’Etat des élèves nouvellement admis au BEPC et l’inscription à titre privé après l’admission au test d’entrée pour les élèves et étudiants titulaires du BEPC et du BAC ou diplôme équivalent, la licence, le concours professionnel pour les fonctionnaires de l’Etat, la mise en position de stage pour les éléments des Forces de Défense et de Sécurité, l’étude de dossiers de candidature pour l’admission en cycle de Master. Les entraîneurs, arbitres et athlètes issus des Fédérations Sportives sont également accueillis pour des formations.
Quelle est la date prévue pour la tenue du test d’entrée 2025-2026 ? Quelles sont les épreuves prévues ?
Pour l’année académique 2025-2026, le test d’entrée est ouvert suivant la décision N°000018/INJS/C/DG/DFERP/T du 28 Juillet 2025. Les dossiers de candidature sont déposés au mois d’août à l’INJS/C. Les épreuves se dérouleront dans les locaux dudit Institut les 10, 11 et 12 Septembre 2025. Le test d’entrée à l’INJS/C comprend des épreuves écrites, pratiques et un entretien oral. Pour le niveau moyen toutes filières confondues, l’épreuve de Rédaction est prévue. Ensuite, les Sciences de la Vie et de la Terre pour les filières EPS et EF. Pour le niveau supérieur, il y a l’épreuve de Culture Générale pour toutes les filières, suivie de l’épreuve des Sciences de la Vie et de la Terre pour les filières STAP/S et STEF/S. Les épreuves pratiques concernent les filières EPS et STAP/S en Athlétisme et l’entretien oral pour les filières JAC et STA.
L’INJS/C envisage-t-il des partenariats ou des collaborations avec d’autres institutions nationales ou internationales, notamment dans les domaines culturel, artistique ou sportif ?
L’INJS/C a signé une convention de partenariat avec l’Association Atcha Académie du Niger et une convention de coopération avec l’Université Abdou Moumouni. Aussi, l’institut entretient de bons rapports avec le Centre Régional Universitaire de Niamey, la Faculté des Sciences Économiques et Juridiques et la FENIFOOT. Nous sommes activement engagés dans la finalisation d’un document de partenariat avec le Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage. Nous avons établi des collaborations fructueuses avec plusieurs institutions internationales comme l’ONG Japan African Friendship Association et l’Action Civilo-Militaire Italienne dans le cadre de la mission bilatérale de soutien au Niger. L’INJS/C fait partie du réseau des Instituts Publics Francophones de Formation des Cadres en Jeunesse, Sports et Loisirs des États membres de la CONFEJES.
Quels sont les principaux défis auxquels l’Institut est confronté et quelles stratégies mettez-vous en œuvre pour les relever et garantir une formation de qualité ?
L’INJS/C fait face à plusieurs défis majeurs dont l’insuffisance de salles de classe, terrain de football inadapté, insuffisance d’enseignants permanents, et pour relever ces défis, il est indispensable que l’INJS/C soit entièrement rénové. Lors de sa création en 1979, la population jeune du Niger était bien moins dense qu’aujourd’hui. En 2025, selon les projections démographiques de l’Institut National de la Statistique, la population est estimée à 28 184 991 habitants, dont 70,1% représentent les jeunes de moins de 25 ans. Avec de tels chiffres, la capacité d’accueil de l’institut ne peut plus satisfaire la demande croissante en formation des jeunes. Il devient donc impératif d’envisager un projet d’extension de l’INJS/C afin d’offrir des opportunités aux jeunes désirant suivre cette formation.
Quelles sont les orientations du comité chargé de la relecture des programmes d’enseignement du niveau moyen afin de poser les bases solides d’un enseignement spécifique dans ces domaines d’intervention ?
Après 10 années de mise en œuvre des programmes de formation du niveau moyen dans les 3 sections d’enseignement (JA/AC, EPS et EF), il est nécessaire de procéder à une relecture de ces programmes. Pour ce faire, un Comité a été créé par arrêté N°58/MJ/S/SG/INJS/C du 22 juillet 2025. Les orientations du comité sont : analyser, évaluer et actualiser les contenus pédagogiques afin de garantir la qualité, la pertinence et l’adaptation des programmes aux exigences des élèves, du marché du travail, ainsi qu’aux évolutions scientifiques et réglementaires.
Madame le Directrice Générale, quelles sont vos ambitions à moyen et long termes pour le développement de l’INJS/C et son rayonnement sur les plans national et international dans la formation au sein des secteurs de la jeunesse, des sports, des arts et de la culture ?
Depuis 2022, le Ministère en charge de la Jeunesse et des Sports organise un Examen Unique pour les établissements de formation du niveau moyen, dans les spécialités suivantes : EF, JA/AC et EPS. Notre objectif est d’obtenir chaque année un taux de réussite élevé. Pour la session de 2025, l’INJS/C a obtenu d’excellents résultats en JA/AC 98,48%, EF 97,76% et EPS 88,15%, soit un taux général de réussite de 95,28%. Par ailleurs, nous ambitionnons la signature des nouveaux statuts de l’INJS/C. Ce projet permettra à l’institut de passer du statut d’EPA à celui d’Établissement Public à caractère Scientifique, Culturel et Technique.
À moyen terme, nous souhaitons transformer l’INJS/C en un pôle d’excellence. Cela implique la modernisation progressive de nos infrastructures, notamment la réhabilitation des terrains de sport, l’achèvement du gymnase laissé en chantier depuis plus de 20 ans ainsi que la construction de grandes salles (amphithéâtre) et de podium pour les activités d’animation artistique et culturelle. Avec le soutien de notre Ministère de tutelle, nous espérons que l’intégration d’un projet de rénovation de l’INJS/C sera favorablement accueillie dans le Programme des Investissements Publics, ainsi que dans le Fonds Commun Sectoriel de l’Éducation afin d’offrir un cadre d’apprentissage optimal aux apprenants et un environnement de travail adéquat pour le personnel administratif et les enseignants.
De plus, il est indispensable de renforcer les capacités pédagogiques de nos enseignants, consolider les partenariats, renforcer le processus d’universitarisation des programmes d’enseignement pour mieux asseoir le système LMD. À long terme, nous voulons que chaque diplômé de l’INJS/C soit un ambassadeur de l’excellence et un acteur engagé du développement. L’INJS/C doit devenir un centre d’innovation, de recherche et de diffusion culturelle, contribuant au rayonnement d’un Niger souverain et à l’épanouissement de sa jeunesse par le sport, l’art et la culture.
Interview réalisée par Assad Hamadou (ONEP)
