Ces dernier temps, on constate chez les jeunes un engouement pour les habits traditionnels à l’occasion des mariages, surtout concernant le fameux uniforme des femmes. Cette initiative est saluée par les uns et les autres qui la considèrent comme une façon de promouvoir l’identité culturelle et traditionnelle nigérienne. Un nouveau concept, le « patykawyawa », est né pour désigner ce retour aux sources.
Le « patykawyawa » ou style à la villageoise est une tradition culturelle venue du Nigeria mais qui existait dans les sociétés nigériennes. C’est un style d’habillement à la traditionnelle que les gens font lors des festivités, notamment les cérémonies de mariage, de baptême et bien d’autres. C’est une activité à laquelle la jeunesse s’adonne pour agrémenter les cérémonies. Il s’agit du port des tenues et des maquillages que les jeunes font à l’occasion des mariages surtout. Généralement organisé à quelques jours des mariages, le «paty kaw yawa», remplace un peu les uniformes dans certains cas.
Devenu de plus en plus important chez les jeunes, le « patykawyawa » donne de l’ambiance, du sourire, et crée une forte cohésion sociale entre les personnes et renforce la parenté à plaisanterie, ce qui permet aux différents groupes ethniques de consolider leurs liens. Aujourd’hui, au regard de la portée positive de cette nouveauté, certaines personnes se sont organisées pour faire sa promotion. Elles sont devenues même des spécialistes et l’organisent au profit des autres. Pour beaucoup de ces jeunes, le « patykawyawa » permet de ressortir les identités ethniques de certaines populations de notre pays, qui ont tendance à être oubliées par la jeune génération.
Selon Fati Batubery, une artiste nigérienne et une des promotrices de cette initiative, le « paty kaw yawa » est un avantage non seulement pour la culture nigérienne mais aussi pour la jeunesse actuelle qui méconnait ou ignorait la valeur des cultures traditionnelles de notre peuple. « Ça favorise l’harmonie et l’ambiance entre les ethnies. On a instauré cette initiative pour lutter contre l’abandon de nos traditions et cultures. Pour moi et pour tout un chacun, un peuple ne s’identifie qu’à travers sa culture et sa tradition », dit-elle. Selon Fati, l’habillement pour le « paty kaw yawa » se fait selon les différents groupes ethniques. «C’est un grand avantage parce que ça fait découvrir les différentes cultures. Par exemple, chez les Zarma, on s’habille en tenue traditionnelle et on se maquille comme le faisait nos grands-parents. On danse le rythme de la musique Zarma, le bitti haray, et on chante les chansons traditionnelles », ajoute-elle.
Cette initiative favorise une prise de conscience chez les jeunes. « Le Niger est un pays riche de ses cultures et traditions, en les pratiquant, la jeunesse contribue au développement de la culture nigérienne », explique Fati Batoubéry.
C’est avec joie que Melle Ramatou, une jeune fille du quartier Boukoki de Niamey, apprécie cette initiative. «C’est vraiment une bonne chose car beaucoup d’entre nous, les jeunes, méconnaissent certaines identités culturelles du peuple nigérien. On ne retient que les noms des différents groupes ethniques sans connaitre à l’intérieur ce qui se passe du point de vue culture et tradition », dit-elle.
Le « patykawyawa » est aussi né à partir d’une volonté des jeunes de rompre avec l’imitation culturelle. « C’était en 2010 : nous étions encore étudiants à l’université Abdou Moumouni de Niamey et on avait fait le constat. Nous avons relevé que lors des festivités dans les grandes agglomérations, les gens portent des habits qui ne reflètent pas nos cultures. Une situation qui pèse sur nos cultures et traditions qui disparaissent peu à peu. C’est un phénomène né d’un manque de communication pour sensibiliser la population, notamment les jeunes, sur l’importance des valeurs culturelles et traditionnelles du pays», souligne M. Mahamadou Salamé, un jeune chercheur en art et patrimoine cultuel nigérien. Pour lui, il est nécessaire d’avoir des institutions qui doivent faire la promotion des valeurs culturelles et traditionnelles et appeler les jeunes à les connaitre. Aussi, lance-t-il un appel à l’endroit des décideurs pour la création des conditions de promotion et de sauvegarde des valeurs culturelles et traditionnelles, coutumes et mœurs du pays.
Par Balkissa Ibrahima (Stagiaire)