Nassirou Lassissi Abdoul Wassiou, de son nom d’artiste Lass parolier, la trentaine révolue, est juriste de formation, option relations internationales, Droit privé ; slamer, écrivain et entrepreneur, cette voix marque la musique, particulièrement le monde du slam ; il est un jeune déterminé à partager à ses fans sa voix, son texte et ses paroles – d’où son pseudonyme Lass parolier. A travers ses messages, il prône la paix, contribuant ainsi à la consolidation du tissu social et au rapprochement des différentes communautés.
Depuis tout enfant déjà, il écrivait ; la seule motivation pour lui, c’est son papa, car l’une de ses plus grandes fiertés, c’est de le voir écrire. Il s’est mis à écrire des textes de chansons ; c’était un amusement pour lui d’écrire, sans savoir que c’est une passion qui va forger sa vie. Il lui arrivait de donner ses textes aux autres et aussi lui-même de rapper pour tester son niveau. ‘’Le slam, je l’ai commencé en 2012 et les raisons sont simples : c’est ma mère, elle voulait que je prêche l’islam à la base car j’ai des connaissances dans ce domaine et, après mon BAC, elle voulait que j’aille à l’université islamique de Say pour concrétiser son rêve’’, a dit l’artiste avant de dire qu’il a opté pour la culture Afro Américaine. Selon lui, il sent son reflet en eux. Il veut le rap mais ne peut pas rapper par respect pour sa maman, car il voulait être faiseur de star, Il s’est dit finalement que s’ il ne peut pas chanter, pourquoi ne pas vendre ses chansons. Il voulait juste faire quelque chose sans mélodie, son choix s’est porté sur le slam. Il y’a eu cette possibilité de faire des scènes, des scènes libres ; d’où le titre parolier.
Pour l’artiste, chaque milieu l’inspire à sa façon, étant né à quelques mètres du marché de Katako et du grand marché, notamment Banizoumbou et Liberté . Les marchés le fascinent ; il n’hésite pas à faire un tour chaque fois qu’il a le temps. ‘’Personnellement, j’ai grandi avec l’idée de changer les choses, de changer le milieu. Nos quartiers sont au milieu de ces lieux de commerce les plus fréquentés, chaque personne, chaque geste, chaque comportement m’inspire. Et aussi les meilleures inspirations viennent en dormant. J’essaie de griffonner tout ce qui me vient en tête et j’essaie de donner forme et corps à cela’’, dit il sans ambages.
L’artiste reconnait que le slam est une passion, un moyen de se libérer, un moyen de lutter, une façon d’apporter sa pierre à l’édifice. Ses thèmes tournent autour de la morale, l’harmonie, la paix, l’amour, l’éducation, la religion, tout ce qui est relatif à la paix. A la base, notre artiste slamer prône le slam pour le développement, avec comme cible les intellectuels.
‘’ Je crois trop aux non instruits, mais les plus actifs dans ce monde de changement. Ceux qui ne sont pas instruits même par magie ne peuvent diriger un pays, ils peuvent juste donner leur opinion. Si les intellectuels décident de faire avancer les choses, rien ne peut les freiner. J’ajoute un peu nos langues locales pour que tout le monde arrive à comprendre ce que je véhicule comme messages. Le slam est ma passion, ma vie. Un métier aussi, le processus étant déjà lancé car il faut bien que l’art nourrisse son homme.
Il enseigne les jeunes artistes slamers qui veulent se lancer ; ‘’pour que l’art nourrisse véritablement son homme, il faut lire beaucoup, car le slam est très exigeant contrairement aux autres arts de scène, d’ouvrir son cœur et de parler librement.Un slamer, tout le monde est là à l’écouter, c’est très difficile et compliquer de slamer. Tous les yeux sont sur toi, les gens sont concentrés à t’écouter. Il faut juste oser pour s’imposer et la lecture aide beaucoup.
Les avantages sont nombreux car très peu de gens reconnaissent la valeur de ce que tu fais, les gens vous encouragent et vous considèrent, c’est bien et c’est important. Et la possibilité de participer à des grands évènements : ‘’je parle des forums, des scènes, des conférences, les contrats qui viennent avec. Avec les cachets, de véhiculer des messages, de se faire entendre, d’écouter. On a l’amour de ce qu’on fait et cette possibilité de le faire est un grand avantage’’.
Tout artiste rencontre des difficultés selon lui mais au Niger, le problème de l’artiste c’est d’être nigérien ; c’est une difficulté mais pas un regret, c’est une fierté. Le Niger est un pays où on aime mettre en valeur ce qui vient de l’extérieur. Le consommer local est difficile pour ne pas dire que cela n’existe pas. On met tout en œuvre pour te décourager, chaque matin quelqu’un est là pour te faire comprendre que tu n’as pas d’avenir. ‘’Et surtout, certains veulent juste t’utiliser et ne pas t’aider, ils ne veulent point payer même les déplacements. C’est difficile de faire un métier et d’y vivre avec. On doit mettre de l’argent pour tout faire ; même la présence constante sur les réseaux sociaux, c’est de l’argent. Malheureusement, c’est un proche, un frère qui est là qui t’invite et qui ne te paie pas ou te jette des miettes’’, se désole-t-il.
Notre artiste est sur un projet d’albums qu’il compte présenter au public et en collaboration avec d’autres artistes – une façon de perfectionner cette musique. Mettre en valeur leur talent d’artistes et progresser. Des featurings avec Fati Mariko, Safiath… Un concert de vernissage du livre relatif à l’album. Pour ceux qui ne veulent pas écouter le slam, ils peuvent lire le livre, un projet de tournée, le processus est déjà lancé ; avec un peu de soutien, il dit être à la hauteur avec un staff dynamique. L’un de ses plus grands rêves, c’est créer une fondation en fondant l’espoir que le slam l’amènera jusqu’à ce niveau.’’ Je voulais être philanthrope et j’y tiens toujours, j’aime donner et sans rien attendre en retour. C’est un projet à long terme. Le plus court projet sera après le mois béni de ramadan, notamment le concert, l’album…’’, explique-t-il avec beaucoup d’ambitions. Et de préciser : ‘’Je suis acteur dans le film ‘’pardon’’ de Boubacar Djingarey Maiga et ce film sort bientôt. Et le projet, le grand projet de tout un chacun, c’est la mort ; je pense à la mort dans tout ce que je fais et je la programme car elle ne prévient pas’’.
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)