
Face à la recrudescence des attaques terroristes tous azimuts et surtout avec des armes de plus en plus sophistiquées, le Niger fait face à une équation existentielle : survivre ou s’effondrer. Ce n’est pas de l’alarmisme mais de la vérité. Pris en étau entre l’avancée meurtrière des groupes terroristes et les pressions géopolitiques multiples, notre pays n’a plus le luxe des divisions. Il lui faut une union sacrée. Pas une simple alliance de circonstances, mais une mobilisation totale, lucide, structurée et patriotique de toutes les forces vives de la Nation.
Des ennemis extérieurs et des complicités internes
Les djihadistes qui endeuillent nos villages, sabotent nos écoles et harcèlent nos Forces de Défense ne sont pas tous de simples fanatiques religieux. Beaucoup sont devenus, au fil des années, des mercenaires et des instruments dociles entre les mains de puissances étrangères, ou de réseaux obscurs de l’économie criminelle transfrontalière. Certains pays étrangers et leurs ONG, habillés en partenaires, avancent masqués avec des logiques d’intérêts déguisées en logiques d’assistance.
Il est naïf de croire que les multinationales, les services spéciaux, ou les ONG stratégiques agissent tous avec neutralité. Le Niger, riche de ses ressources, de sa position stratégique et de son potentiel humain, est convoité. Et certains veulent nous imposer des schémas de gouvernance qui les arrangent, même au prix de notre souveraineté.
Sans verser dans le complotisme, il est temps d’ouvrir les yeux : la neutralité n’existe pas dans les relations internationales. Ce n’est pas un procès contre “les Occidentaux”, mais une exigence de lucidité stratégique.
L’union sacrée : un choix de raison, pas d’émotion
Face à ce contexte, l’union sacrée ne signifie pas soutien aveugle à un pouvoir, un régime, un gouvernement, quel qu’il soit. Il s’agit d’unir les Nigériens autour d’un idéal: le Niger libre, souverain, uni, sécurisé et maître de son destin. L’union sacrée signifie engagement collectif pour défendre les fondements de notre nation : sa souveraineté, son intégrité territoriale, sa sécurité, son avenir. Cela suppose :
- Une cohésion sociale et politique autour de l’essentiel : la survie du pays qui transcende les appartenances ethniques, linguistiques, régionales ou politiques.
- Une place centrale accordée à nos Forces de défense et de sécurité, dans le respect des droits humains.
- Une mobilisation des chefs traditionnels, religieux, intellectuels, enseignants, artistes, jeunes, femmes et diaspora pour porter un même message : “Ne touchez pas au Niger !”.
- Un dépassement des querelles partisanes pour faire front commun.
- Une rupture avec les systèmes de gouvernance faibles, corrompus ou manipulables, qui servent de portes d’entrée aux prédateurs.
Ne pas confondre souveraineté et isolement
Prôner l’union nationale ne signifie pas rejeter toute coopération extérieure. Le Niger a besoin de partenaires, mais de partenaires respectueux de ses choix et de sa dignité. L’autonomie stratégique ne doit pas se transformer en isolement diplomatique. Il faut trier les alliances, renforcer les coopérations Sud-Sud, explorer des partenariats équilibrés, sans soumission ni naïveté.
Le danger du repli idéologique
Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès inverse. Ce n’est pas parce que certains acteurs extérieurs ont des agendas troubles que tous les étrangers sont des ennemis. Le Niger a besoin de partenaires, mais de partenaires respectueux, traités d’égal à égal, dans un esprit de coopération souveraine. L’union sacrée ne signifie pas repli autarcique, mais fermeté dans les choix et discernement dans les alliances.
Reprendre l’initiative à l’intérieur du pays
L’union sacrée, c’est aussi faire face à nos propres responsabilités. La corruption endémique, l’analphabétisme, la pauvreté rurale, le chômage des jeunes, l’exclusion sociale, sont autant de brèches dans lesquelles s’engouffrent les forces de la haine et du chaos. Chaque faille interne est une opportunité pour ceux qui veulent nous déstabiliser. Une union sacrée sans réformes profondes ne serait qu’un slogan : Nous devons bâtir une nation forte de l’intérieur, sans fissure, où l’espoir est plus puissant que les armes, et la justice plus attractive que la vengeance. Il faut ainsi :
- Investir dans l’éducation et la formation patriotique des jeunes.
- Réformer les institutions et renforcer la redevabilité.
- Assurer une redistribution équitable des ressources.
- Donner un avenir crédible aux populations marginalisées.
Conclusion : Résister, se relever, et construire
Le Niger est à un tournant historique. Il peut choisir la voie de la résignation ou celle de la résistance éclairée. L’union sacrée que nous appelons de tous nos vœux ne se décrète pas, elle se construit. Elle commence par un sursaut collectif, par un dialogue franc entre tous les fils et filles de ce pays, et par une volonté politique courageuse d’assainir, de protéger et de bâtir. Le Niger n’est pas seul dans cette bataille : d’autres nations africaines font face aux mêmes défis. Mais le sort de notre pays dépend d’abord de nous-mêmes. Nous ne devons pas attendre le salut d’ailleurs. Il est temps de parler d’une seule voix, de nous unir, de résister, de construire.
Le monde ne nous fera aucun cadeau. À nous de devenir les bâtisseurs de notre propre avenir. Ensemble. Ou pas du tout.
Par Dr. Assoumana Hassoumi
Consultant Formateur,
asumana.hasumi@gmail.com
00227 94 63 57 92, Niamey, Niger