Mohamed Ahomboul Rhissa
Ils sont de plus en plus nombreux ces nigériens qui servent des verres de thé vert, un peu partout, sur les grandes artères de la ville de Niamey, notamment au niveau des feux optiques. Ces jeunes proposent aux passants et aux riverains, contre la modeste somme de 100 FCFA, du thé dans de petits verres plastiques jetables.
Mohamed Ahomboul Rhissa, âgé de 45 ans, marié, père de cinq enfants, s’illustre dans la préparation du thé, qu’il sert à ses clients. Exerçant cette activité depuis 22 ans, Mohamed Ahomboul Rhissa a initié il y a 5 ans le «Salon du Thé Touareg Chahie» au niveau de la Place Publique Gounti Yena de Niamey. « C’est un travail que j’aime depuis mon bas âge et, grâce à Dieu, j’ai rencontré les autorités pour m’installer à cet endroit et mener mes activités », a-t-il dit. Mohamed Ahomboul Rhissa y propose plusieurs services avec des tarifs variant entre 100 FCFA le verre de thé et 500 FCFA le contenu de la théière, le bidon du thé simple à 500 FCFA et le VIP à 1000 FCFA. Il y a aussi les prestations de services pendant les événements comme mariage, baptême, rencontre, atelier, etc. « Avec un revenu de 5 000FCFA voire 10 000 FCFA par jour dans cette activité, c’est largement suffisant pour couvrir mes besoins et ceux de ma famille, surtout avec un service de qualité », a-t-il ajouté.
Selon le promoteur du ‘’Salon du Thé Touareg Chahie’’, les clients sont satisfaits et, chaque jour, c’est des nouvelles connaissances qu’il rencontre, mais les week-ends, il est sollicité pour des prestations lors des cérémonies. « Actuellement, j’ai dix employés y compris ceux qui font les prestations. J’ai créé quelques dépôts de thé dans des endroits comme Issa Beri, Korombé, Albakir et Bobiel en allant vers la Place première pompe », a-t-il précisé.

Quant à Moussa Mahamed Raliou, un jeune étudiant, titulaire d’une licence en Philosophie à l’Université Abdou Moumouni, il est vendeur de thé en face du Cimetière Yantala depuis 2022. Né le 17 mai 1995 à Niamey, marié et père d’une fille, Moussa Mahamed Raliou a indiqué que c’est après quelques temps de chômage, qu’il a décidé d’entreprendre grâce à l’initiative de son ami. « Ce qui m’a permis de m’investir dans l’entrepreneuriat de thé, c’est grâce à un camarade qui vendait du thé à la devanture de l’université. Après ma licence, je ne faisais rien et je me suis dit qu’il faut aussi que je commence à entreprendre », a-t-il dit.
Moussa Mahamed Raliou explique que les gens ont besoin du thé, mais ils n’ont pas le temps pour le préparer. « C’est après que je me suis rendu compte que je pouvais rendre un très grand service aux gens afin de leur permettre d’économiser leur temps et leur argent avec cette initiative. Au lieu de dépenser 300 F pour préparer du thé, avec 100 F, vous pouvez avoir un verre de thé préparé », a-t-il confié. Aussi, poursuit-il, «avec cette activité, je me retrouve avec un revenu de 1500 voire 2000 FCFA par jour. Je peux dire que j’arrive à réaliser beaucoup de choses sans faire recours à la famille ou quelqu’un d’autre », a-t-il affirmé. Moussa Mahamed Raliou lance un appel aux jeunes afin qu’ils s’engagent dans l’entrepreneuriat pour éviter le chômage et aussi de ne jamais avoir honte de son travail, pourvu qu’il soit licite.
Pour sa part, M. Habibou Boutal Moctar, âgé de 50 ans, marié et père de quatre enfants, enseignant de carrière, est vendeur du thé vert à côté de la Maternité Centrale Issaka Gazobi depuis 2023. Pour Habibou Boutal Moctar, il est obligé de trouver d’autres activités parallèles parce que le pays est en phase de refondation. «C’est l’occasion d’être créatif, d’avoir des idées pour pouvoir nous prendre en charge à ne pas compter sur l’Etat. La majorité des Nigériens aiment trop le thé et c’est une façon d’aider les amateurs du thé qui n’ont pas le temps que j’exerce cette activité. Même en étant dans votre service, de passage, vous prenez un verre de thé à 100 F et puis vous continuez vos activités », a-t-il expliqué.

Concernant sa clientèle, il se dit confiant et arrive à se retrouver avec 5 000 FCFA par jour. « Les Nigériens aiment prendre du thé et je m’entends très bien avec ma clientèle. Cette dernière m’encourage à continuer dans ce sens vu le service que je lui offre. Si j’arrive à vendre le paquet de thé par jour, je me retrouve avec 5 000 F CFA ou même plus », affirme-t-il.
Par ailleurs, Habibou Boutal Moctar appelle la jeunesse nigérienne à être créative, à ne pas compter sur l’Etat parce que le Gouvernement et trop surchargé. Il fait de son mieux pour aider le pays a émerger, donc c’est aux jeunes de se battre.
Sani Zakari, un conducteur de taxi, témoignage qu’il vient tous les jours pour prendre le thé sur les routes. « Pour le goût, j’apprécie très bien, et cette initiative de la vente du thé est salutaire et révolutionnaire. C’est à encourager et c’est un exemple à suivre pour entreprendre», a-t-il ajouté.
Issaka Abdoul Aziz, témoigne aussi : « Le thé vert, c’est mon addiction. Je ne peux m’en passer, ne serait-ce qu’un seul jour. Une journée sans thé pour moi, c’est comme une sauce sans sel », a-t-il conclu.
Abdoussalam K. Mouha (ONEP)
