
Travaux de réhabilitation d’un aménagement Hydro-Agricole
A son avènement au pouvoir le 26 juillet 2023, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a inscrit en lettres d’or sur son agenda politique le pari de la sécurité alimentaire au Niger. Dans l’optique de relever ce défi, pour le moins sempiternel, il a mis en branle toute une batterie de mesures. La lettre de mission imputée au Ministère en charge de l’Agriculture par le Président de la République, Chef de l’Etat, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, indique en effet clairement comme objectif à atteindre le « développement de base de production pour la souveraineté économique ». Dès lors, les dés sont jetés pour la recherche effrénée de voies et moyens en vue de l’atteinte de ce noble objectif.
Dans cette croisade pour relever le défi et gagner le pari de la sécurité alimentaire au Niger, les efforts des autorités se sont cristallisés sur la diversification des moyens de production à travers le développement des cultures irriguées, notamment la grande irrigation. Le Programme Grande Irrigation (PGI) a ainsi été élaboré et il est en train d’être mis en œuvre. Ce programme a, entre autres objectifs, de réduire de moitié les importations de riz au Niger à l’horizon 2027. Pour ce faire, il est en train de réaliser l’aménagement de 21 200 hectares supplémentaires de terres et de réhabiliter 10 000 hectares d’aménagements hydro-agricoles existants afin de porter au double les superficies totales des aménagements hydro-agricoles soit 39 700 ha.
Un financement conséquent pour une grande production
Il faut dire que le financement du PGI est assuré par l’Etat, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Banque Ouest Africaine de Développement, la Coopération Italienne, la Coopération Allemande, etc. Le budget indicatif prévu pour la mise en œuvre de ce programme est estimé à environ 520 milliards prenant en compte toutes les composantes. Dans le cadre spécifique du Programme d’Appui aux Cultures Irriguées, et à la Production Animale (PACIPA), il est prévu la réalisation de 5 600 ha de nouveaux aménagements hydro-agricoles, la réhabilitation de 2600 ha (AHA) et 9 900 ha de petits périmètres irrigués dont 700 ha pour la production de fourrage. Ainsi, selon le ministre en charge de l’Agriculture, le Colonel Mahaman Elhadj Ousmane, «la mise en œuvre de ces actions permettra d’atteindre l’autosuffisance alimentaire», et au-delà la souveraineté alimentaire du Niger.

En effet, pour les travaux neufs, 18 343 hectares de nouveaux aménagements sont pris en charge, d’une part, par les projets et programmes en cours (PISEN, PISA 2, Kandadji) pour 2 643 ha et les programmes en instance de démarrage ou en préparation (PAHA/AIC, PACIPA, SIRBA, REWARD) pour 7 670 ha et, d’autre part, par le contrat plan entre l’Etat et l’ONAHA qui prendra en charge 8 000 ha en raison de 2 000 ha par an. Concernant les réhabilitations, 10 000 hectares d’anciens aménagements hydro-agricoles sont financés dont 3 700 ha par le contrat plan et 6 300 ha par les projets/programmes en instance de démarrage ou en préparation (PAHA/AIC, PACIPA, MIIPAC). Il faut noter que sur les différents sites, il y a une évolution significative de l’exécution des travaux. Ces travaux sont en cours d’achèvement à CDA, soit 160 ha , à Kassama pour 100 ha et à Djambali pour 160 ha. Il en est de même dans les régions de Tillabéri, notamment à Toula, de Niamey, à Saguia Amont et Lamordé, à Tiguirwit à Agadez, et à Mouléla, Guidan Magagi et Konni dans la région de Tahoua.
Pour la campagne irriguée 2024 – 2025, ce sont 350 000 hectares de périmètres de petite irrigation qui sont mis en valeur afin de produire 1 280 437 tonnes en équivalents céréaliers. Il est prévu des actions d’appui aux producteurs en intrants agricoles (semences, engrais, produits phytosanitaires) de qualité. A ce titre, quelque 47 400 ha seront traités avec 2 500 tonnes de semences, 3 500 kits de petits matériels aratoires, 15 000 tonnes d’engrais subventionnés pour 75 000 producteurs. Il y a aussi l’encadrement rapproché des producteurs et le suivi et évaluation du programme.
L’ONAHA, pivot de l’action sur le terrain
Pour la mise en œuvre de ce gigantesque projet, les autorités ont fait confiance à l’organe public qui, pendant de longues années, a fait ses preuves dans le secteur agricole. Maître d’ouvrage délégué des travaux d’aménagements hydro-agricoles du Programme Grande Irrigation (PGI), l’ONAHA a signé, avec l’Etat, un contrat plan pluriannuel pour la période 2024-2027 dans le but d’aménager 8 000 nouveaux hectares et de réhabiliter 3 700 hectares de périmètres irrigués existants sur financement propre de l’État. Ainsi, pour l’année 2024, le programme a visé l’aménagement de 2 000 hectares de nouvelles terres et la réhabilitation de 2 000 hectares de périmètres déjà existants.
Les missions confiées à l’ONAHA sont, entre autres, la réhabilitation des périmètres irrigués et la réalisation de nouvelles terres cultivables. Cela s’ajoute au suivi de la mise en valeur des terres avec l’appui de ses techniciens sur le terrain, notamment les Directeurs de Périmètre (DP). Ainsi, dans les régions comme Diffa, Maradi, Dosso, Tillabéri, Tahoua et Zinder, les travaux de réhabilitation et d’extension se poursuivent avec des taux d’exécution très élevés.
Dans la région de Diffa, le périmètre de ‘‘Lada’’ s’étend sur 70 hectares, tandis que le CDA couvre 160 hectares. Le taux d’exécution des travaux à Diffa a atteint 128 % par rapport au marché avec un taux spécifique de 13 % pour les 70 hectares de ‘’Lada’’. Au niveau de la région de Zinder, le périmètre de Kassama comprend 63 hectares réhabilités et une extension sur 37 hectares de nouvelles terres, portant la superficie totale à 100 hectares avec un taux d’exécution de 90 %. À Maradi, le périmètre de Jambali couvre 160 hectares avec un taux d’exécution de 60 %. S’agissant de la région de Dosso, la digue de ‘’Gatéwani Dolé’’ s’étend sur 32 km avec un taux d’exécution de 50 % et pour la région de Tillabéry, les travaux de confortement de la digue de Jambala sur 520 hectares ont été pleinement récupérés pour la campagne SH. Malgré la nature de ces zones qui sont des lieux inondés et inondables, l’intervention de la brigade a permis une récupération totale des terres assurant le bon déroulement de la campagne SH. Quant aux AHA de Lata, Kareygourou, Dogal Keyna, Saguia Amont, Saguia Aval et Liboré, ils ont également été récupérés grâce aux interventions appropriées des brigades de l’ONAHA.
Des actions fortes pour l’atteinte de la sécurité alimentaire
Le programme budgétaire « Développement des productions végétales » du Ministère en charge de l’agriculture couvre les domaines des chaînes de valeurs des filières des cultures pluviales et irriguées, l’opérationnalisation des Maisons du Paysan, la subvention des engrais, la politique semencière, la mobilisation des eaux, les infrastructures et équipements ruraux, l’aménagement des terres, la protection des sols et la protection phytosanitaire des cultures. Selon les responsables de ce ministère, la mise en œuvre du programme consistera à la conduite des actions concrètes autour des points prioritaires comme la résorption du déficit céréalier à travers le développement de la grande irrigation ; la promotion des productions alimentaires de substitution ; la promotion des filières agricoles à haute valeur ajoutée ; la valorisation des productions agricoles et la mise en place d’une stratégie adaptée de prévention et de gestion des crises alimentaires et des catastrophes. Ces actions sont soutenues par la redynamisation de la recherche agricole et la mise en place d’un encadrement rapproché au bénéfice des producteurs ruraux.
Oumarou Moussa (ONEP)