Faire la promotion de la culture africaine et celle du Niger en particulier est l’objectif principal que trois jeunes étudiants nigériens de l’Université Abdou Moumouni de Niamey se sont fixés. Faisant montre d’esprit de créativité, Mlles Zouera Saidou Anatché, Ramatou Adamou Douma et M. Adjei-Touré Bayane mettent en valeur les pagnes traditionnelles « Sayi-tangara », le « kounta-zara » « Kokou-koiray », etc. qui tendent à disparaitre. Ces jeunes fabriquent plusieurs articles et produits à base de ces pagnes. Des créations qui intéressent surtout la jeune clientèle, mais leur ambition est de proposer des produits pour les nigériens, tout le monde…
Initiateurs de l’Association Niger&Proud œuvrant entre autres pour la culture afin de l’accompagner et de la valoriser, Mlles Zouera Saidou Anatché, Ramatou Adamou Douma et M. Adjei-Touré Bayane partagent la passion de l’art et de la culture. Ce qui a amené ces étudiants à se réunir pour travailler sur des créations à partir des pagnes traditionnels du Niger, en vue de valoriser ces produits locaux. « On a voulu d’abord faire des créations avec ces pagnes en rapport avec la jeunesse, comme nous sommes des jeunes. Ces créations sont des articles que pourront porter les jeunes, à savoir, des sacs à dos, des tee-shirts, des casquettes, des robes etc. À travers cela nous pouvons valoriser les produits locaux jusqu’à leur faire traverser les frontières », explique Mlle Zouera. Le projet, dit-elle, est né de leur constat, selon lequel les pagnes traditionnels n’étaient pas beaucoup portés. Ces jeunes étudiants de la faculté des Sciences de la Santé ont ainsi décidé de s’organiser pour en faire des produits de mode.
« Au départ nous travaillions de façon individuelle. C’est à la faculté, que nous nous sommes rencontrés et on a constaté que nous avons des idées un peu convergentes. Pour le moment nous ciblons les jeunes, car les personnes un peu âgées valorisent ces pagnes qu’elles portent surtout lors des cérémonies culturelles. Mais ce qui nous interpelle le plus, c’est le fait que ces vêtements ne sont presque pas connus, à l’extérieur », déplore-t-elle.
S’agissant du processus de fabrication de leurs produits, les trois jeunes sont rompus à la tâche. Ils se sont repartis le travail : Ramatou Adamou Douma fait les « Abaya » un vêtement porté par les femmes ; Zouera Saidou Anatché, s’occupe des articles (pochettes, boucles d’oreille, bracelets …) et Adjei-Touré Bayane s’occupe des Tee-shirt, des casquettes, des chemises…
- Adjei-Touré Bayane explique qu’ils vont au marché pour choisir les pagnes, les tee-shirts vierge neutres sans dessins. « On essaye de faire les dessins sur les tee-shirt pour voir quel modèle et quel design ira mieux. Et c’est pareil pour les autres produits. Pour les Abaya il y a deux modèles, celle sans pagne et une autre avec pagne. On choisit le tissu, les pagnes et nous avons des tailleurs qui travaillent pour nous ; nous achetons les différent pagnes ‘’Sayi Tangara’’ plus les accessoires ; nous supervisons tout » dit-il.
Une gamme d’articles
Ces jeunes étudiants mettent à la disposition des nigériens divers articles divers comme des trousses, des sacs à main, des sacs pour ordinateurs, des sacs de voyage, des boucles d’oreilles créoles made in Niger, des tabliers de cuisine, etc. A cela s’ajoute des modèles de ‘’Abaya’’. Maintenant ils ont diversifié les offres en plusieurs catégories. « On a une multitude de produits et d’articles à lancer. On prend juste le temps de bien faire les choses et pas à pas on aura le temps de les lancer. En tant qu’étudiant du domaine de la santé, nous avons aussi des collections qui vont bientôt sortir et qui vont intéresser les acteurs de la santé notamment, les docteurs, les pharmaciens, etc. » annonce Adjei-Touré Bayane.
Ces trois jeunes ont des projets à long terme. « On gère cette initiative avec des risques et de pertes. Des fois on a des échecs, on a des trucs qui ne marchent pas. Mais on ne s’arrête jamais. Souvent nous investissons juste pour la promotion de la culture sans rien attendre en retour. Et nous allons toujours travailler pour le rayonnement de cette culture. Nous allons mettre tout les moyens. Mais si la population pour laquelle nous faisons ces créations ne nous soutient pas en consommant nos produits, nous ne pourrons pas relever les défis. Aimer les produits culturels locaux c’est valoriser la
culture nigériennes qui est d’ailleurs l’une des préoccupations majeures des autorités du Niger. Au début, nos produits concernent uniquement les jeunes. Maintenant on veut aller vers tout les nigériens, vers tout le monde. Pour les sacs à dos et autres, nous allons beaucoup travailler pour amener nos petits frères à aimer les produits locaux, les produits de chez nous, dès les bas âges. C’est une fierté pour nous et pour le Niger aussi.
Une initiative qui mérite d’être encouragée
Iro artiste conteur, un consommateur des produits locaux apprécie positivement l’initiative de ces jeunes. Avec des moyens très limités ces jeunes participent à la valorisation de la culture nigérienne. Pour Iro ces créations valorisent les produits locaux, nigériens qui sont une des marques de notre société. Leurs produits véhiculent un discours culturel. « Leur sacs son très pratiques et très attirants. La consommation de ces produits contribue au développement de notre pays» affirme le conteur Iro.
Abdoul-Aziz Ibrahim Souley