En sillonnant le Niger d’Ouest à l’Est et du Nord au Sud d’un seul souffle pour s’enquérir, in situ, du quotidien réel des populations du pays profond, le général Abdourahmane Tiani a assurément fait en ce mois de novembre 2025 une démonstration de leadership responsable dont ne peut se targuer aucun des chefs d’Etat –pourtant nombreux pour notre plus grand malheur– qui ont défilé sous les ors du palais présidentiel ces quatre dernières décennies.
L’exercice est d’autant plus instructif et méritoire qu’il intervient dans un contexte sécuritaire malsain et alors qu’une campagne de désinformation massive menée depuis plusieurs semaines au plan régional par les ennemis de l’Afrique du refus de la domination veut faire croire que les dirigeants de l’Alliance des Etats du Sahel (AES-Mali, Niger, Burkina Faso) sont cloîtrés dans leurs capitales respectives, assiégés par les mercenaires –terroristes dont certains analystes-propagandistes du même acabit pronostiquent l’assaut final pour… dans quelques mois, voire semaines.
Outre qu’elle tord le cou à ces mensonges éhontés dont l’objectif est la déstabilisation psychologique, la visite en profondeur du président Abdourahmane Tiani a montré, par la mobilisation populaire qu’elle a suscitée, l’adhésion quasi-fusionnelle d’un pays resté trop longtemps orphelin de dirigeants vertueux et travailleurs aux idéaux souverainistes proclamés par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) au lendemain des événements du 23 juillet 2023.
Comme toujours, il ne manquera pas, ici et là, quelques politiciens au petit pied ou spécialistes en n’importe quoi pour y voir un test de popularité en prévision d’on ne sait quel rendez-vous électoral, mais le fait est que ce périple inédit dans les annales de l’histoire récente du Niger aura sans doute édifié le général Tiani et sa suite sur l’étendue des défis à relever dans la marche du pays vers une refondation authentique et le changement véritable attendus par les Nigériens dans leur immense majorité.
Quelle que soit sa qualité, aucun rapport administratif ne peut remplacer l’expérience sensible d’une présence sur le terrain.
A l’étape dossolaise, le président Tiani a dû ainsi expliquer aux populations que le retard du démarrage des travaux de construction du Complexe pétrochimique prévu dans la région s’explique par la nécessité, pour l’Etat, de prendre le temps de s’assurer que l’entreprise porteuse du projet est en capacités financière, technique et technologique de le mener à bien. Au lancement de l’initiative déjà, un nombre significatif de citoyens s’étaient interrogés sur le sujet. Il faut, en effet, éviter un autre éléphant blanc…
Sur le trajet Tahoua-Agadez-Arlit, le président et les membres de sa délégation ont vécu physiquement les conséquences de la mal gouvernance : ce qui était une route bitumée alors appelée «Route de l’uranium» dans la années 1980 n’est plus qu’un long tracé de sable, imaginable seulement par endroits, dans l’étendue du désert. Il y a plusieurs années, l’argent pour la reprise de cet axe routier névralgique a pourtant été acquis auprès de la Multinationale ORANO, ex-Aréva. Pas un kilomètre de goudron n’y a été coulé.
Qui a rendu compte de ce détournement ?
A Arlit, le général Tiani s’est entretenu avec les ouvriers et cadres de la Société des mines de l’Air (SOMAIR) qui, vaille que vaille, ont fait fonctionner le complexe minier là où les Français prédisaient le chaos après leur départ. Ce sont ces vrais héros nationaux, qui préfigurent, par le travail, ce que sera le changement de paradigme que le pays appelle de ses vœux.
Les Chinois disent : voir une fois vaut mieux qu’entendre mille fois. Lors du bilan qu’il ne manquera pas de faire à la nation, puisse le président Tiani s’inspirer des enseignements tirés de son périple pour un recentrage drastique de la Refondation !
Par BORY Seyni Journaliste
