Il fait bon vivre dans nos villages et hameaux, en cette période de récoltes des produits agricoles. Après des mois de dur labeur aux travaux champêtres, l’heure est venue pour les cultivateurs de goûter à la saveur des fruits de leur abnégation. Mais cette bombance se paye cash en termes de gaspillage des produits des récoltes. Une bonne affaire pour les spéculateurs véreux et aux dents longues qui se mettent en embuscade prêts à acheter les stocks à vils prix.
En effet, pour faire face aux dépenses liées à ces manifestations festives, nos laborieux paysans sont amenés à vendre une bonne partie de leurs récoltes de mil, de haricot, d’arachide de sorgho et autres denrées. C’est l’occasion pour certains ‘’sarkin noma’’ de convoler en justes noces pour s’offrir une 2ème ou 3ème épouse. Ce qui souvent met à mal l’harmonie dans la famille, les autres membres assimilant les dépenses liées aux réjouissances du mariage à une dilapidation de biens communs. Et surtout, gare à celui des fils ou des femmes qui oserait hausser la voix pour s’opposer au projet ruineux du ‘’vieux père’’ !…
Pour les jeunes, c’est la saison des grandes réjouissances de mariage et autres manifestations culturelles et sportives. La solidarité et l’hospitalité africaines sont à leurs plus beaux jours. Et surtout, c’est le moment du boom et du grand divertissement. Le soir, la place publique du village retrouve toute son intensité en termes d’animation. Des randonnées inter-village sont organisées à longueur des journées et cela pendant des semaines. Les jeunes affluent de tous les villages voisins, pour des soirées de détente au cours desquelles on rivalise de talent en chant et en danse.
Jadis, ces soirées culturelles étaient agrémentées par des parties de chant et de danse aux rythmes du terroir. C’était l’époque des chaudes nuits d’escapade au cœur de l’ambiance, avec des filles et des garçons chantant et dansant à la place publique du village, et des attroupements des jeunes prétendants rôdant autour, à la recherche de l’âme sœur.
Les jours du marché, la fête devient plus grandiose avec des soirées chaudes agrémentées aux rythmes du ‘’dondon’’ et du ‘’kountché-harey’’ résonnant du Boboye au Zigui, du ‘’bitti-harey’’ dans le Zarmaganda, de l’agaïta et du ganga dans le Manga, du ‘’douma’’ dans le Gobir-Katsina, du goumbé dans la région du fleuve, du tendé et de l’akazam dans l’Ader et l’Aïr, etc.
Mais, de nos jours, rien de tout de cela ! La musique moderne a fini par supplanter nos rythmes authentiques du terroir, même dans nos lointains hameaux. Et c’est avec la musique moderne et le fameux ‘’boomer’’ qu’ils font le show au village, quitte à traumatiser les oreilles des plus anciens qui supportent mal ces rythmes tonitruants du ‘’coupé-décalé’’ et autres sons cahoteux distillés par les hauts parleurs. Mais enfin, l’ambiance est toujours là…
Assane Soumana(onep)