Dès son arrivée à Addis-Ababa, le Président de la République SE. Mohamed Bazoum a présidé la cérémonie d’ouverture de la 2ème Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CCRS. C’était en présence de plusieurs Chefs d’Etat et de Gouvernement. Présidée par le Niger, la CCRS compte 17 Etats membres. Cette structure se charge de la coordination et du suivi des initiatives prioritaires dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques et du développement durable ainsi que la mobilisation des partenaires bilatéraux et multilatéraux aux fins de recueillir les ressources nécessaires pour la mise en œuvre des initiatives identifiées. (Lire ci-dessous le discours prononcé par le Chef de l’Etat à l’ouverture des travaux)
«Excellence Monsieur MACKY SALL, Président de la République du Sénégal, Président en Exercice de l’Union Africaine ;
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;
Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine ;
Mesdames et Messieurs, Distingués Invités ;
Prenant la parole en ma qualité de Président de la Commission Climat pour la Région du Sahel, permettez que je m’acquitte d’un agréable devoir, celui d’exprimer, à mon nom et au nom de toutes les délégations présentes, nos vifs remerciements ainsi que notre profonde gratitude au gouvernement et au peuple éthiopiens pour la qualité de l’accueil et la sollicitude coutumière dont nous faisons l’objet depuis notre arrivée dans la prestigieuse ville d’Addis-Abeba. C’est le lieu également de saluer et de féliciter la Commission de l’Union Africaine pour toutes les commodités et les facilités qui ont permis la bonne organisation de cette rencontre.
Mesdames et Messieurs,
La présente Conférence se tient dans un contexte mondial caractérisé par des crises diverses notamment, sécuritaires et politiques mais également marquée par l’exacerbation des effets du changement climatique se traduisant dans notre Région sahélienne par des catastrophes naturelles. En effet, s’agissant des risques climatiques, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) nous alerte à travers ses deux derniers rapports publiés en 2022, qu’avec l’état actuel des engagements d’actions climatiques, l’humanité court le risque de vivre d’ici la fin du siècle un réchauffement deux fois plus grand que l’objectif de l’Accord de Paris.
Face à ces prévisions, il est urgent d’accélérer la conjugaison des efforts à travers la promotion d’une coopération et d’une diplomatie climatique entre les pays par la mise en œuvre des politiques publiques soutenues de résilience des populations et de leurs moyens d’existence. Ce qui illustre à bien d’égards dans le contexte africain, la pertinence de la vision qui a présidé à la création des trois Commissions Climat africaines, ainsi que l’enjeu que constitue leur opérationnalisation.
Mesdames et Messieurs,
Il me plait de rappeler que la première Conférence de la Commission tenue à Niamey le 25 février 2019, avait notamment doté la Région du Sahel d’un Plan d’Investissement Climat à l’horizon 2030 assorti d’un Programme Prioritaire pour Catalyser les Investissement Climat au Sahel.
Cette Conférence avait aussi décidé de la mise en place d’un Secrétariat Exécutif pour notre Commission, d’un Fonds Climat pour la Région du Sahel ainsi que de la création d’un cadre transitoire chargé de conduire le processus de mise en place de ces deux organes. Ce cadre transitoire avait élaboré un ensemble d’instruments stratégiques et réglementaires nécessaires à l’opérationnalisation effective de notre Commission.
Mesdames et Messieurs,
Je saisi ainsi la présente occasion pour féliciter l’équipe de l’organe transitoire pour le travail remarquable abattu dans le cadre de l’opérationnalisation de la Commission et remercier par ailleurs l’ensemble des pays membres pour leur parfaite adhésion et leur participation régulière à ce processus. Aussi, je félicite tout particulièrement l’instance Ministérielle de la Commission, appuyée par le Groupe de Travail Conjoint des experts des pays membres, pour la qualité du travail accompli en prélude à la présente Conférence. C’est le lieu également de saluer tous nos partenaires pour leur soutien résolu au processus.
Il me plait à cet égard d’adresser toute notre reconnaissance au Royaume du Maroc, qui, grâce au leadership de Sa Majesté, le Roi Mohammed VI, n’a de cesse apporté sa contribution à l’opérationnalisation de notre Commission. Je note à son actif les appuis techniques et financiers qui ont permis la réalisation de l’étude de mise en place du Fonds Climat Sahel, un bel exemple de coopération sud-sud, de mon point de vue à relever et encourager.
Le succès de l’opérationnalisation de notre Commission Climat a été aussi rendu possible grâce à l’accompagnement soutenu de nos partenaires multilatéraux notamment la Banque Africaine de Développement et le Programme des Nations Unies pour le Développement auxquels nous adressons nos vifs remerciements.
Par ailleurs, permettez-moi de louer l’excellente collaboration entre nos différentes Commissions Climat en particulier, celle du Bassin du Congo sous l’impulsion de Son Excellence Monsieur Denis Sassou N’Guesso, Président de la République du Congo, Président de la Commission Climat du Bassin du Congo.
Mesdames et Messieurs,
Tel que défini dans son agenda, la Conférence qui nous réunit aujourd’hui, constitue une étape déterminante pour la mise en place effective des organes opérationnels de notre Commission que sont le Secrétariat Exécutif et le Fonds Climat Sahel.
En effet, ces organes, en relation avec les autres organisations sous régionales, régionales et internationales, sont appelés à jouer désormais un rôle décisif dans la lutte contre les changements climatiques au Sahel, une région éprouvée par des effets conjugués des défis multiformes dont j’ai parlés précédemment.
C’est pourquoi, je me réjouis de voir le Secrétariat Exécutif de notre Commission doté des missions de coordination, de suivi et de mobilisation des ressources dans le cadre de la mise en œuvre des politiques de résilience climatique et de développement durable au Sahel. Au nombre de ces missions je cite :
– (i) Assurer un bon fonctionnement des cadres de concertation avec toutes les parties prenantes (Pays membres, Partenaires Techniques et Financiers, Acteurs non étatiques, instances statutaires des commissions sœurs et des autres initiatives africaines et internationales sur le climat) ;
– (ii) Appuyer les pays membres dans l’accomplissement de leurs engagements multilatéraux dans le domaine du développement durable et de la lutte contre le changement climatique ;
– (iii) Apporter une assistance technique aux pays membres dans la formulation de projets de résilience bancables et la mobilisation des financements climatiques ;
– (iv) Assurer la coordination et le suivi de l’élaboration des projets entrant dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’Investissement Climat pour la Région du Sahel;
– (v) Veiller au bon fonctionnement des relations fonctionnelles avec le Fonds Climat Sahel.
Je me réjouis également que l’étude pour la mise en place du Fonds Climat Sahel, l’outil opérationnel du Plan d’Investissement Climat pour la Région du Sahel, ait abouti à des mécanismes, outils et procédures innovants et adaptés pour le financement des actions climatiques et pour l’accompagnement technique régulier et soutenu des pays de la Région du Sahel.
La première capitalisation de ce Fonds pour les cinq (5) prochaines années, devrait ainsi mobiliser deux (2) milliards de dollars US pour contribuer à la mise en œuvre des initiatives déjà identifiées ou lancées dans la Région du Sahel à travers des actions promouvant entre autres, l’atteinte de la sécurité alimentaire, la valorisation du potentiel des énergies renouvelables et du capital humain ainsi que le développement des emplois verts.
Au regard de sa caractérisation et des objectifs qui lui sont fixés, ce Fonds garantira de bonnes perspectives pour la Région du Sahel dans le cadre de l’appui à la meilleure mise en œuvre de leurs Contributions Déterminées au niveau National qui déclinent les engagements d’actions climatiques auxquels les pays ont souscrit.
Mesdames et Messieurs,
L’opérationnalisation d’une organisation intergouvernementale de la taille de la Commission Climat du Sahel nécessite à n’en point douter qu’on y consacre beaucoup d’efforts qu’il nous faille mutualiser. C’est pourquoi, la première Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Commission avait décidé que chaque pays membres contribue à hauteur de 10% en termes de contrepartie au financement du Programme Prioritaire pour Catalyser les Investissements Climat au Sahel.
C’est dans cet esprit qu’une contribution de 200 millions USD, représentant les 10% du montant de la première capitalisation du Fonds Climat Sahel ci-dessus cité, est attendue des pays membres.
De ce montant, 170 millions de dollars US sont prévus pour financer les activités suivantes:
– Les charges liées au renforcement des capacités des pays et à l’élaboration des projets climatiques structurants ;
– Les coûts d’assistance de la Banque de Développement chargée de l’accompagnement et de la gestion de la fiducie du Fonds Climat Sahel ;
– Les ressources initiales de démarrage et de capitalisation minimale du Fonds Climat Sahel ;
– Les ressources attendues des pays pour le cofinancement des projets nationaux ou régionaux.
Les 30 millions de dollars US restant sont prévus pour contribuer au financement du fonctionnement du Secrétariat Exécutif et du Fonds Climat Sahel pour une durée de cinq (05) ans. Au-delà de cette période, ces deux organes devront se prendre en charge à travers d’autres mécanismes de financement tout en continuant à assurer leurs missions au bénéfice de nos pays.
Aussi, je vous exhorte à la mobilisation de la contribution de nos pays dans les meilleurs délais afin de donner un signal fort à nos partenaires quant à notre détermination de faire du Fonds Climat Sahel un outil régional crédible et capable de promouvoir une levée d’importants flux de financements climatiques.
Dans cette dynamique, le Niger qui a inscrit une première contribution de cinq cent mille dollars (500.000 USD) dans sa programmation budgétaire pour l’exercice 2023, tient à assurer par ailleurs, toutes les parties qu’il ne ménagera aucun effort pour la mobilisation effective et régulière de sa part de contribution.
J’adresse ainsi un appel à l’endroit de tous les pays membres pour un respect des délais convenus dans le cadre de la mobilisation de leurs contributions respectives et ce, afin de permettre, entre autres, aux organes opérationnels de notre Commission de poursuivre leurs missions.
J’exhorte aussi tous nos partenaires pour poursuivre et renforcer leur soutien à cet effet, afin de permettre à notre région de rester sur la trajectoire de l’atteinte de la résilience de ses populations et de leurs moyens d’existence.
Sur ce, Je déclare ouverts les travaux de la deuxième Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Commission Climat pour la Région du Sahel.
Je vous remercie de votre attention