La communauté rwandaise vivant au Niger s’est réunie le samedi 8 juin 2024 à Niamey afin de commémorer le 30ème anniversaire du génocide contre les Tutsi. Cette cérémonie, organisée sous le slogan «Kwibuka 30, mémoire, unité et renouveau» vise à rendre hommage aux victimes de ce terrible génocide déclenché le 7 avril 1994 et qui a fait près d’un million de morts en seulement 100 jours. La cérémonie s’est déroulée en présence des représentants du corps diplomatique ainsi que de nombreux invités.
Dans une ambiance calme et attentiste, les participants ont d’abord rendu hommage aux victimes du génocide en allumant des bougies et en observant une minute de silence. Dans son discours de bienvenue, Mme Gloriose Daouda, présidente du comité d’organisation de l’événement, a rappelé l’importance de la commémoration de cet événement tragique qui a profondément marqué l’histoire du Rwanda, mais aussi celle de la communauté internationale. « Le 7 avril 1994 marque le début du génocide contre les Tutsi au Rwanda perpétré par le gouvernement extrémiste hutu. Dans les 100 jours qui ont suivi, plus de 800.000 membres de la minorité tutsi ont été systématiquement assassinés. Des Hutus modérés et d’autres personnes qui s’opposaient aux massacres ont également été tués au cours de cette période. Nous portons un devoir de mémoire, mais surtout, nous ne pouvons simplement pas oublier un cauchemar d’une telle envergure, un ignoble calvaire qui fut imposé à tout une communauté pendant des longues années, culminant en l’assassinat de plus d’un million de personnes pendant ces cent jours de massacre », a-t-elle affirmé.
En outre, cette commemoration est une occasion de sensibiliser et de rappeler à tous l’importance de ne jamais oublier ces événements tragiques et de continuer à œuvrer pour la paix et la justice dans le monde. « Aujourd’hui, nous nous souvenons de nos morts mais nous sommes aussi heureux de voir ce que le Rwanda a pu devenir. En effet, le Rwanda a depuis, mené un travail de réconciliation, avec notamment la création en 2002 de tribunaux communautaires, les « Gacaca » où les victimes pouvaient entendre les « aveux » des bourreaux. De plus, le gouvernement Rwandais a exploité les concepts traditionnels (Ubudehe, Umuganda, Umusanzu) pour stimuler la participation et l’appropriation du processus de développement auprès de l’administration locale et de la population bénéficiaire. Le Rwanda continue sa lutte et nous restons fières de nos origines malgré la tragédie qui a défiguré des décennies de notre histoire », a-t-elle indiqué.
Enfin, Mme Gloriose Daouda a exprimé sa gratitude envers le Niger pour son accueil chaleureux et son soutien constant. « Chers Nigériens, vous nous avez accueilli chez vous avec amour, et ainsi offert une deuxième maison, nous vous remercions et sommes reconnaissants », a-t-elle clamé.
Pour sa part, le professeur Issoufou Katambé (PCA du projet barrage kandadji), a tenu un témoignage poignant sur sa rencontre avec certaines personnalités rwandaises, notamment avec Paul Kagamé, Président de la République du Rwanda, mais également sur sa visite et son impression du pays des milles collines. « La force du Rwanda réside dans son développement, la mise au travail intensif, la lutte contre la corruption et l’exigence de bonne gouvernance qui sont les axes majeurs de sa politique. Pour atteindre ces objectifs, plusieurs mesures ont été prises dont le rôle important des femmes. Elles sont majoritaires à l’Assemblée nationale. Les travaux communautaires tous les derniers samedis du mois en présence du Président Kagamé. Ces travaux de salubrité sont à la base du classement de Kigali comme la ville la plus propre d’Afrique. La responsabilité de tous les acteurs dans toutes les actions. La construction de 6000 classes par an avec la participation populaire. Le débat National qui se tient chaque année en présence du Président qui est une sorte d’audit général de gestion de toute la société et permet de récompenser ou de sanctionner les gouvernants », a-t-il rapporté. “Aujourd’hui, le Rwanda est un pays moderne admiré de par le monde pour ses performances économiques. Un pays où, la qualité de vie est élevée et un endroit idéal pour des idées innovantes, la recherche et l’exploration”, a témoigné Pr. Issoufou Katambé.
Par ailleurs des représentants de la communauté rwandaise ont également prononcé des discours, suivis par des vidéos de témoignages de rescapés. Des témoignages durs à entendre pour Mugisha Mbabazi, 19 ans. « Je suis émue », a-t-elle confessé. La commémoration de cet événement tragique est un moment important pour le Rwanda, selon Paul François. « je me sens concerné par tout ce qui se passe dans mon pays. Mes parents ont vécu ces moments. Mais aujourd’hui, Dieu merci, les progrès formidables réalisés par notre pays sont évidents », a-t-il conclu.
Nazir Ousmane (Stagiaire)