
M. Badou Zaki
Sept mois après son arrivée à tête de la sélection nationale, le Mena, M. Badou Zaki s’active pleinement avec son staff pour l’atteinte de l’objectif ultime, notamment la qualification du Niger pour la prochaine CAN, prévue en 2025 au Maroc. Pour ce faire, le sélectionneur multiplie les stratégies. Il a initié d’importantes rencontres amicales avec de grandes équipes à l’image des Lions de la Teranga du Sénégal. En outre, Badou Zaki met son expertise au service de son équipe engagée dans le processus des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2026 à travers le Groupe E. Dans ce sens, le Mena a séjourné du 1er au 10 juin 2024 à Kinshasa, RDC, où le Niger devrait jouer contre les Diables Rouges du Congo. Mais le match n’a pas eu lieu car l’équipe congolaise a signé forfait. Ainsi, le sélectionneur a mis à profit ce regroupement à Kinshasa pour intensifier les activités avec ses joueurs. Dans cet entretien qu’il a accordé à Kinshasa, le technicien marocain aborde entre autres sujets ses initiatives pour asseoir au Niger un football d’élite sous l’égide de la FENIFOOT, l’ambition et les stratégies adoptées pour la qualification du Mena à la CAN Maroc 2025, etc.
M. Badou Zaki, vous êtes depuis quelques mois à la tête de la sélection nationale du Niger, le Mena, comment appréciez-vous votre séjour de travail au Niger ?
Je me retrouve au Niger avec un peuple musulman et accueillant. Je me sens en famille avec le staff, les joueurs et les responsables de la FENIFOOT. Tout se passe bien et nous allons travailler ensemble pour atteindre nos objectifs.
Quel sentiment vous anime en tant que sélectionneur de l’équipe nationale d’un pays comme le Niger où les défis auxquels le football fait face sont énormes ?
Tout est lié à notre objectif. Lorsque j’ai rencontré le président de la FENIFOOT, M. Djibrilla s’il m’avait dit que notre objectif, c’est de se battre et aller en coupe du monde, je lui avais répondu non. Car, pour moi, la Coupe du monde est un objectif plus haut que la capacité et les moyens du Niger. Mais notre objectif primordial, c’est la qualification pour la Coupe d’Afrique qui se déroulera dans mon pays, le Maroc. Et je pense qu’on a tous les moyens humains, des joueurs qualifiés pour arracher la qualification. Je pense que c’est un objectif logique et je peux prendre la responsabilité pour aider l’équipe du Niger à se qualifier.
Quel est votre regard sur le football nigérien d’aujourd’hui ?
Le Football Nigérien ou je dirai le football africain ne manque pas de talents. Il ne manque pas non plus de bons joueurs. Des sélections comme le Sénégal, le Nigeria, la Cote d’Ivoire, etc., sont au top parce qu’elles ont des joueurs qui jouent à l’étranger dans des grands clubs et cela leur donne un grand avantage sur les autres sélections africaines. Le Niger a aussi des joueurs talentueux, mais il faut qu’on assure le minimum de moyens, d’infrastructures, une bonne organisation. Autrement dit, il faut être presque professionnel. Ce sont des choses qui manquent au Niger et c’est pour cela chaque fois le pays rate des qualifications à des CAN où il peut se qualifier. Je pense que quand la situation va se stabiliser on peut voir le football nigérien briller à tous les niveaux.
Depuis votre arrivée vous avez vu les différents championnats qui se jouent et bien d’autres activités. Qu’est-ce qui vous a beaucoup intéressé dans le football nigérien ?
C’est l’amour des joueurs et leurs talents. Et lorsque je vois les équipes des championnats nigériens jouer sur des terrains aussi difficiles, dans un climat et une température de près de 38 à 42° à 14h et 16h, je suis sidéré. Comment peut-on demander à un joueur de jouer à un tel rythme et sur une pelouse perturbante ! Malgré l’insuffisance des moyens, l’abnégation et l’engagement des acteurs restent tangibles. Si tous ces éléments sont réglés et avec les talents que nous avons, ces joueurs comme on le dit ‘’naissent pour le football’’. On peut avoir des joueurs nigériens dans des championnats européens et dans des grands clubs comme les Sénégalais, les Algériens, les Nigérians, les Marocains, etc.
La réussite d’une équipe est basée sur la sélection. Votre mission, c’est de mettre en place pour le Niger une équipe compétitive pouvant valablement défendre le Niger. Quelle est votre stratégie de choix des joueurs à l’équipe nationale ?
J’ai commencé à suivre le Niger depuis longtemps. Mon premier match avec le Niger, c’était une rencontre amicale au Maroc où l’équipe du Niger a joué contre la Libye. Et après il y a eu les deux matchs officiels contre la Tanzanie et la Zambie. Tout le monde pensait qu’on allait gagner face à la Tanzanie et perdre contre la Zambie. Mais, c’est le contraire qui s’est produit. Le match qu’on peut gagner on le perd et le match qu’on pense perdre sur les papiers on le gagne. Ça veut dire quoi ? C’est-à-dire qu’il manque des petits détails comme la concentration. Il y a aussi quelques failles liées à l’organisation. J’ai suivi les deux matchs et après j’ai eu l’occasion de venir au Niger pour préparer le match amical contre le Sénégal qui était en ce moment le champion en titre de la Coupe de la coupe d’Afrique. Nous avons joué ce match à une semaine de la CAN. Ça veut dire que nous avons joué contre un Sénégal qui était au top. Et malgré le fait qu’on fût privé de 7 joueurs titulaires, nous avons fait un très bon match au Sénégal. On avait perdu à la 90ème minute sur une balle arrêtée dans un cafouillage d’un corner. Mais pour moi le résultat de ce match importe peu. Ma satisfaction, c’est l’image que ce match renvoie à travers nos joueurs. En l’absence de nos joueurs titulaires, on a montré à tout le monde qu’on peut y arriver et atteindre nos objectifs si on met tout le nécessaire avant le match. Maintenant j’ai une autre vision du football nigérien. Personne ne peut me dicter qu’il y a un joueur par ci et là. Non ! J’ai une idée totale, je suis convaincu de mes choix et je travaille avec mon staff ayant une idée claire sur comment je veux mon groupe, comment on doit s’entraîner afin d’imposer un système, un modèle de jeu pour un football de qualité. Je pense qu’avec mon groupe actuel, notre objectif c’est la qualification. Si avec ces joueurs et les efforts fournis depuis décembre 2023 on ne se qualifie pas, je pense qu’il faut laisser le football. Ça veut dire que je suis très optimiste pour la qualification grâce à notre approche avec les joueurs, leurs qualités et leurs envies d’arracher cette qualification.
L’un des plus grands défis aujourd’hui pour le Niger dans le domaine du sport c’est donc la qualification à la CAN. Comment vous vous organisez pour ce grand rendez-vous du football continental ?
Le travail d’un sélectionneur, c’est de toujours mettre en place une équipe digne de ce nom, sécuriser les joueurs, rester toujours en communication, les mettre en confiance et donner tout à ce peuple nigérien qui attend beaucoup de nous en terme de résultats. Nous sommes sur le bon chemin. Nous avons créé une atmosphère de respect, de responsabilité et de ponctualité. A partir des charges matérielles, nous représentons une famille. Vous étiez avec nous cette semaine et je pense que vous avez sans doute senti quelque chose de différent tout simplement parce qu’il y a eu un travail professionnel qui a été fait en fonction de nos moyens. Quand vous prenez par exemple le Maroc et le Niger, c’est deux pays incomparables dans ce domaine. Mais avec nos mentalités et nos plans organisationnels nous demeurons professionnels.
C’est la première fois que vous avez eu à réunir vos joueurs sur un même terrain, mais très malheureusement ils ne peuvent pas s’exprimer face à l’adversaire qui a opté pour un forfait. Comment vous vous sentez d’être avec votre équipe au complet ?
Non, je ne pense pas, parce qu’on a déjà joué contre le Togo, le Burkina Faso. Mais j’ai une idée totale de tous les joueurs et j’ai travaillé avec tout le monde.
Alors comment appréciez-vous le fait de travailler avec ces jeunes ?
Je suis le coach, je suis pour eux comme un père, comme un frère, etc. Je suis open / ouvert pour tout le monde. J’ai toujours dit à mes joueurs s’ils ont quelque chose à réclamer qu’ils viennent directement me voir, on va le régler dans l’immédiat.
Vous avez passé un moment agréable ensemble avec l’équipe nationale. Quel est le message le plus pressant adressé à vos joueurs ?
Notre message est toujours clair. Premièrement, lorsque nous sommes ensemble que ça soit au Niger ou en dehors du pays, on représente le Niger ; nous sommes des ambassadeurs. Et après, on se bat et on se concentre pour arracher des résultats positifs parce que le peuple Nigériens n’attend rien que ça.
Parfois quand un sélectionneur est en difficulté, son recours, c’est de dire qu’on ne le laisse pas travailler, on lui a imposé des joueurs, etc. Êtes-vous victime de ce genre de situation. Y’a-t-il des joueurs qui vous sont imposés?
Non, non ! Pour moi non, parce que je travaille avec mes idées. Maintenant j’ai des réponses réelles à mes attentes, parce que j’ai travaillé avec ces joueurs. J’ai déjà fait 3 matchs amicaux contre le Sénégal, le Togo et le Burkina Faso. Je communique avec tous mes joueurs, j’ai un mécanisme de les suivre de très près où je peux voir leurs championnats et comment ils jouent. Ensuite je communique régulièrement avec eux. Donc aujourd’hui personne ne viendra pour me dire que j’ai oublié un Maradona la bas, un Ronaldo, etc. Je connais tout le monde et tout le monde me connaît. J’aime la rigueur, je travaille avec rigueur, discipline, responsabilité et surtout avec la conviction de représenter dignement le Niger.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des acteurs du football pour que vous puissiez aisément atteindre vos objectifs ?
Que chacun travaille à 100% dans sa spécialité, dans sa sphère de compétence. Quand chacun s’occupe de ses responsabilités on peut avancer.
Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)