
Le paradoxe est saisissant dans un pays où le chômage des jeunes est endémique. En effet, certaines entreprises (et elles sont nombreuses) opérant au Niger se permettent de recruter du personnel étranger en nombre à des postes comme ceux de chauffeurs, d’ouvriers, de manœuvres, de planton, de serveurs, de vigiles, etc, alors que des centaines de milliers de jeunes nigériens sont en chômage. La pratique ne se limite pas aux entreprises, elle s’observe aussi au niveau des organisations internationales et même de certains projets.
C’est dire qu’il y a manifestement un paradoxe qui peut s’expliquer par quatre raisons essentielles.
Premièrement, cette situation peut s’expliquer par une négligence des services compétents de l’Etat en charge de l’insertion des jeunes.
Secondo, la situation peut aussi s’expliquer par la corruption ou le trafic d’influence qu’opéreraient ces sociétés et organismes.
Tertio : cette situation peut également s’expliquer par la malhonnêteté et la mauvaise foi de ces entreprises qui ne déclareraient pas exactement les postes disponibles en leur sein auprès des services de l’Etat. Et conséquemment, c’est à se demander si ces travailleurs sont immatriculés à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).
Quatro : Enfin cette situation peut trouver son explication par le complexe chez les jeunes nigériens qui, juste pour avoir été alphabétisés, s’attendent à un travail dans un bureau. En cela, ils sont complexés à exercer certains métiers qui, pourtant, leur auraient éviter le chômage et les conséquences du désœuvrement.
Les trois premières situations sont facilement résolubles parce qu’il suffit d’un peu plus de rigueur de la part des services compétents de l’Etat en charge de l’insertion des jeunes.
Par contre, la dernière raison est beaucoup plus compliquée à résoudre parce qu’elle nécessite un véritable changement de comportement. En effet, il est plus que nécessaire que les jeunes nigériens se mettent en tête qu’il y a mille et une façon de ‘’se réaliser’’ en dehors du travail dans un bureau qui, d’ailleurs, est une illusion de réussite.
Une illusion entretenue par la politique alors qu’en réalité un vulcanisateur, un maçon, un tablier, un agriculteur ou un éleveur, peut mieux gagner sa vie qu’un fonctionnaire.
C’est pourquoi, un changement de comportement est plus que nécessaire dans le contexte actuel où notre pays est engagé dans la lutte pour sa souveraineté dans tous les domaines. Et comme, le dit un adage, ‘’il faut du tout pour faire un monde’’. Tous les corps de métiers ont leurs places et sont nécessaires dans cette nouvelle dynamique de notre pays, parce que chacun répond à un besoin social.
Siradji Sanda (ONEP)