
Le gouvernement a, par un arrêté du Ministère du Commerce en date du 09 mai 2025, pris la décision d’interdire l’exportation du bétail sur pied. Il avait fait de même pour les céréales à un certain moment. Ces mesures visent à assurer la disponibilité de ces produits et le ravitaillement régulier des marchés locaux au profit de la population. Mais, à chaque fois, ces mesures sont boudées par certains acteurs notamment les commerçants. Fort heureusement, ils n’ont pas le choix parce que c’est la loi de l’Etat qui s’impose à tous.
Cette situation nous inspire à réfléchir sur la nécessité de repenser les stratégies de commercialisation de certains produits et une meilleure organisation des filières dans l’intérêt surtout des producteurs et de l’Etat. En effet, des produits comme le niébé, l’oignon et le bétail méritent d’être classés ‘’produits stratégiques’’ au regard de leur production et de la demande sur le marché régional et même international.
C’est dire qu’on ne peut plus compter sur des mesures ponctuelles d’interdiction de l’exportation si l’on veut tirer profit de ces filières et en même temps protéger les producteurs. La mise en place de mécanismes performants et transparents de commercialisation desdits produits s’impose pour assurer des prix rémunérateurs aux producteurs et le développement des filières.
A ce sujet, les exemples sont légion en Afrique et à travers le monde. On peut juste évoquer le cas du Conseil Café Cacao en Côte d’Ivoire ou de la filière du Safran au Maroc.
Cette mutation est plus que nécessaire au regard de la situation actuelle de notre pays, engagé dans un processus de Refondation et de conquête de la souveraineté. Pendant des décennies, on nous a imposé la production de l’Uranium comme filière stratégique. Or, depuis deux ans, le fameux Yellow cake n’est plus exporté par le Niger. Pourtant, le pays ‘’ne s’est pas arrêté’’. C’est dire que l’uranium n’est pas stratégique pour le Niger; il l’est plus pour ceux qui l’exploitent, à qui il rapporte gros et pour ceux qui l’utilisent pour faire tourner leurs centrales nucléaires et produire suffisamment d’énergie électrique pour leurs populations.
En cette ère de refondation, il est plus que nécessaire de redéfinir, identifier et promouvoir ce qui est réellement stratégique pour nous, en vue de mieux organiser les filières y afférentes pour que les principaux acteurs, en particulier les producteurs, en tirent le maximum de profit. Il est temps de revoir la libéralisation sauvage à nous imposé et qui ne profite aucunement pas aux producteurs laissés dans la précarité, obligés de continuer à produire pour survivre. Et cela est possible, lorsqu’on se rappelle l’opération d’achat du niébé initiée en 2009 par le feu Président Mamadou Tandja qui avait fait beaucoup de bien aux producteurs.
Cela est possible dès lors que l’Etat décide de mettre en place des mécanismes rigoureux mais aussi des personnes crédibles pour les piloter avec la participation des différents acteurs. Certes, des tentatives ont été faites avec la filière oignon, mais ça n’a pas marché en raison d’un certain nombre d’impairs bien connus des acteurs et des pouvoirs publics qui n’ont rien fait pour remettre les choses sur les rails.
Il est temps de repartir sur de nouvelles bases, il est possible de mieux faire si tant est que nous croyons tous à la Refondation de notre pays.
Siradji Sanda (ONEP)