
M. Jiang Feng, Ambassadeur de Chine au Niger
À l’heure où les transformations inédites depuis un siècle s’accélèrent, l’humanité se trouve à nouveau à la croisée des chemins. Les États-Unis instituent unilatéralement des barrières tarifaires à l’encontre de l’ensemble de leurs partenaires commerciaux. Ces mesures violent gravement les droits légitimes de tous les pays, enfreignent les règles de l’Organisation mondiale du commerce, sapent le système commercial multilatéral fondé sur des règles et déstabilisent l’ordre économique mondial. Face à cette situation, la communauté internationale fait preuve d’une opposition unanime. Plusieurs partenaires commerciaux des États-Unis ont annoncé des contre-mesures proportionnées. La Chine réaffirme sa détermination à combattre ces pratiques hégémoniques, tout en œuvrant à insuffler une énergie positive dans la paix et le développement mondiaux.
Un narratif trompeur : les États-Unis sont perdants sur le plan commercial
Les États-Unis affirment qu’ils ne font que subir des pertes dans le commerce international et ainsi imposent-ils les droits de douane « réciproques » à de nombreux pays. Cette approche ignore un fait incontestable : le déficit des échanges de marchandises ne suffit pas à évaluer l’équilibre commercial dans son ensemble. La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a souligné dans son article Les USA, grand gagnant du commerce qu’en 2023, le volume total du commerce des services américains avait dépassé 1 000 milliards de dollars, représentant 13 % du commerce mondial. Dans le domaine des services à haute valeur ajoutée, les États-Unis jouissent d’une position quasi monopolistique. Pourtant, ils n’en parlent jamais et se considèrent toujours comme victimes.
En réalité, les relations économiques et commerciales sino-américaines sont mutuellement bénéfiques. Plus de 70 000 entreprises américaines investissent en Chine, réalisant des profits annuels excédant 50 milliards de dollars. Malgré tout, les États-Unis d’Amérique persistent à imposer des tarifs douaniers abusifs. Elles méprisent l’équilibre des intérêts obtenus grâce aux négociations commerciales multilatérales et ignorent délibérément le fait que les USA profitent largement du commerce international depuis des décennies.
Des mesures vouées à l’échec : la hausse des droits de douane ne règle en rien les problèmes de Washington
Les leçons historiques et la réalité actuelle prouvent que la hausse des droits de douane, non seulement inefficace pour résoudre les problèmes internes des États-Unis, engendre des effets économiques pervers : volatilité financière accrue, amplification des pressions inflationnistes, érosion de la base industrielle et aggravation des risques récessionnistes. En réalité, cette politique commerciale agressive ne rapporte que des gains marginaux aux finances américaines : les recettes douanières représentent à peine 1,6 % des revenus fiscaux totaux. Peter Navarro, haut conseiller commercial du président américain, reconnaît lui-même que si les droits de douane pourraient théoriquement générer 60 milliards de dollars, les mécanismes économiques en jeu contrarient cet espoir. En effet, la hausse des prix qui en résulterait risquerait de freiner la demande, ce qui finirait par réduire les recettes tarifaires.
Pire encore, une récession provoquée par ces barrières commerciales entraînerait des difficultés systémiques pour les entreprises, déclenchant des vagues de licenciements massifs et, en cascade, une chute dramatique des recettes fiscales – un scénario intenable pour les finances publiques. L’imposition de nouveaux droits de douane a déjà amené les investisseurs à se délester massivement de tous les grands actifs américains, actions, obligations et dollar, un phénomène rare qui signale notamment une érosion de la confiance des marchés mondiaux dans les Etats-Unis. D’après les estimations du Yale Budget Lab, si toutes ces taxes douanières sont mises en place, la croissance économique américaine pourrait reculer de 1,1% en 2025 et continuer à ralentir de 0,6% par an à moyen et long terme.
Une perspective évidente : aucune tempête ne pourrait renverser l’océan de l’économie chinoise
Les tempêtes violentes peuvent bouleverser un petit étang, mais jamais l’océan. Face à la pression extrême des États-Unis, la Chine a pleinement confiance en sa capacité à résister. Huit ans après le lancement de la guerre commerciale par les États-Unis, loin de diminuer, le volume total du commerce extérieur de la Chine a progressé de 30 000 à 43 000 milliards de yuans. Entre 2018 et 2024, la part des exportations chinoises vers les États-Unis est tombée de 19,2 % à 14,7 %, ce qui traduit une réduction de la dépendance commerciale chinoise à l’égard du marché américain. Au contraire, les échanges commerciaux avec les pays de l’initiative « Ceinture et Route » ont affiché une croissance soutenue, progressant de 6.4% en glissement annuel. En 2024, près de 60 000 entreprises à capitaux étrangers ont vu le jour en Chine, soit une augmentation de 9,9 % par rapport à l’année précédente. Pour nombre d’entreprises étrangères, la Chine reste synonyme d’opportunités et d’avenir.
De la mise en œuvre des « 20 mesures pour stabiliser les investissements étrangers » au renforcement des politiques annoncé dans le Rapport sur le travail du gouvernement cette année, la Chine honore constamment son engagement en faveur d’une ouverture de haut niveau. Le 24 avril, la Liste négative d’accès au marché (édition 2025) a été publiée. Le nombre d’items restrictifs a été réduit de 151 dans l’édition 2018 à 106 actuellement, soit une baisse d’environ 30 %. Le 27 avril, le ministère du Commerce et cinq autres autorités ont annoncé de nouvelles mesures pour optimiser la politique de détaxe à l’export (remboursement de la TVA) et stimuler la consommation des visiteurs étrangers, visant à élargir l’offre du marché et améliorer les services de remboursement. Investir en Chine, c’est investir dans l’avenir.
Une équation ironique : « american first » = « les États-Unis isolés«
Ces derniers jours, de plus en plus de pays ont fermement condamné la politique américaine dite de « tarifs douaniers réciproques ». Le Royaume-Uni, l’Italie et l’Australie y ont fermement opposé, tandis que le Pérou, le Kazakhstan et le Tchad en ont dénoncé les effets dévastateurs sur leurs économies. Le Premier ministre singapourien Lawrence Wong a pointé une violation des accords commerciaux, son homologue malaisien Anwar Ibrahim a appelé à une réponse commune de l’ASEAN, et le Japon a rejeté toute concession unilatérale. Peter Orszag, ancien président du Conseil des conseillers économiques des États-Unis, a averti que de plus en plus de pays contourneraient Washington pour conclure des accords de libre-échange et que cette politique marquerait peut-être le début du déclin des États-Unis en tant que centre du commerce mondial.
Dans son dernier Rapport sur les perspectives de l’économie mondiale publié le 22 avril, le Fonds monétaire international (FMI) a souligné le risque de récession aux États-Unis, précisant que la croissance économique mondiale ralentirait de manière significative. Le lendemain, 23 avril, la Chine a présidé une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies en formule Arria sur « l’impact de l’unilatéralisme et des pratiques d’intimidation sur les relations internationales ». Plus de 80 pays, y compris des membres du Conseil de sécurité, y ont participé. La Chine y a fait entendre une voix juste contre l’unilatéralisme et l’hégémonisme. Et une majorité de pays participants ont appelé à renforcer le multilatéralisme et à privilégier le dialogue et la coopération.
Personne ne sortira gagnant de la guerre commerciale et le protectionnisme ne débouchera sur aucune issue. Quelles que soient les turbulences, la Chine ne changera jamais sa détermination à élargir son ouverture de haut niveau, ni sa volonté de partager les opportunités de développement avec tous les pays, y compris le Niger. Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, la Chine se tiendra fermement du bon côté de l’Histoire et du progrès de l’humanité et œuvrera à stabiliser le monde incertain par la certitude de la Chine. Le monde a besoin d’équité, non d’hégémonie !
Par M. Jiang Feng,
Ambassadeur de Chine au Niger