
Lors de l’entretien avec le Dr Soumana Boubacar
L’article 12 de la Charte de la Refondation qui institue ‘’le Hausa’’ comme ‘’Langue nationale’’ a suscité des débats passionnés et passionnants à travers le pays. Dans cet entretien exclusif accordé, hier lundi 19 mai 2025, à la Radiotélévision du Niger (RTN), le ministre Directeur de Cabinet du Président de la République, Porte-Parole du Gouvernement, a tenu à éclairer l’opinion nationale sur les motivations du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) relativement à cette décision qui, selon Dr Soumana Boubacar, s’inscrit dans la logique du combat que mène depuis environ deux ans le Niger pour recouvrer son indépendance totale et sa souveraineté intégrale. Il a aussi réitéré l’attachement du Chef de l’Etat à la liberté d’expression des citoyens sur des sujets d’intérêt commun, mais aussi à la cohésion sociale, à l’égalité des langues et de toutes les composantes de la communauté nationale.
Monsieur le ministre, depuis quelques temps nous avons écho des commentaires et autres interprétations sur l’article 12 de la Charte de la Refondation qui poserait probablement quelques difficultés. De quoi s’agit-il exactement ?
A’oudhou billahi mina-chaytanir rajim. Bismillahirrahmanirrahim. Assalamu alaykum wa rahmatullahi wa barakatuh.
Je vous remercie très sincèrement pour l’opportunité que vous m’offrez, pour m’exprimer sur un sujet qui est vraisemblablement un sujet d’actualité, important. Et avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerais d’abord avoir une pensée pieuse et adresser mes prières à toutes les victimes du terrorisme et de l’insécurité qui nous ont été injustement imposés. Qu’Allah leur accorde son paradis éternel. J’aimerais ensuite souhaiter un prompt rétablissement à tous les blessés. Et je voudrais enfin avoir une pensée et dire tout notre soutien à nos vaillantes Forces de défense et de sécurité qui se battent pour défendre l’intégrité de notre territoire pour préserver la vie des Nigériens, pour que les Nigériens vaquent à leurs occupations le plus normalement possible. Là où ils sont, qu’ils sachent qu’ils ont le soutien du Chef de l’État, du CNSP et de l’ensemble du gouvernement, comme le soutien total et indéfectible du peuple nigérien. Ce sont les nôtres et qu’ils sachent que nous les accompagnons par nos prières. Je voudrais dire que malheureusement, c’est en ces moments de défis permanents, c’est en ces moments difficiles que certains veulent nous imposer ou nous entraîner dans un débat d’un autre âge, à l’opposé de nos valeurs de paix, de nos valeurs de justice sociale et de nos valeurs de vivre ensemble, telles que nous l’avons hérité de nos traditions millénaires et de notre religion. Je voudrais alors tout simplement dire que, il est tout à fait normal lorsqu’un sujet intéresse nos citoyens qu’ils se prononcent sur le sujet.
Jamais il n’est venu à l’idée du Chef de l’État, du CNSP et du gouvernement d’interdire à nos compatriotes de s’exprimer sur les sujets d’actualité ou sur les sujets d’intérêt national. Donc, on considère cependant qu’il est possible de dire sa vérité, d’exprimer son opinion sans pour autant aller dans l’extrémisme et dans des propos qui vont dans le sens de troubler l’ordre public, des propos qui vont dans le sens de contrarier notre vivre ensemble, de semer la zizanie entre nos concitoyens. Le Niger et les Nigériens méritent mieux que cela. Nous appelons les uns et les autres à se placer au niveau de la responsabilité historique qui est la nôtre aujourd’hui, face aux enjeux et aux défis qui sont les nôtres dans ce contexte particulièrement mouvementé du Sahel. Voilà ce que je voulais dire dans un premier temps.
‘‘Nous avons la chance d’être dans un régime militaire avec la possibilité de faire des reformes et des reformes importantes’’
Pour revenir au sujet lui-même, l’article 12 relatif à la question des langues. Tous ceux qui se prononcent sur cet article, est-ce qu’ils ont pris la peine de lire cet article ? Il faudrait d’abord lire cet article pour connaître le contenu et à partir de cet instant-là, avoir un débat plus sain, plus rationnel. Je pense que certains sont de bonne foi, ils ont simplement été touchés dans leur sensibilité parce que d’autres ont interprété de façon tendancieuse cet article-là dans le seul but de semer la division. Je pense que certains aussi, il faut le dire, sont manipulés par les puissances occidentales qui, après avoir échoué à nous faire la guerre, cherchent aujourd’hui à semer la division parmi nous. Je voudrais donc, lire les dispositions de l’article 12 de la charte de la Refondation, bien entendu. Vous allez comprendre clairement de quoi il s’agit.
L’article 12 : les langues parlées du Niger sont l’arabe, le Boudouma, le Fulfuldé, le Gourmanchema, le Hausa, le Kanouri, le Tagdal, le Tamajaq, le Tassawaq, le Toubou et le Zarma Songhay. Deuxième alinéa, la langue nationale est le Hausa. Troisième alinéa, les langues de travail sont l’anglais et le français.
Je voudrais faire quelques observations qui vont nous permettre de planter le décor. Je commence par observer avec vous, qu’en citant les langues nationales, on a cité aussi bien l’arabe, le Gourmantchéma que le Hausa. Donc, cela veut dire que le Hausa est également ici présenté dans le premier dispositif, dans le premier alinéa, comme étant une ‘’langue parlée’’. D’un point de vue statutaire, le Hausa est une langue parlée comme le Gourmantchéma, le Fulfuldé, le Toubou, le Zarma Songhay et toutes les autres langues du pays.
À ce niveau-là, il n’y a aucune distinction à faire et c’est l’idée première, c’est-à-dire que ce sont des langues parlées. Ensuite, le deuxième alinéa dit que la langue nationale est le Hausa. Je vous fais remarquer une chose. On a d’abord présenté les langues et parmi ces langues, on a distingué le Hausa comme étant la ‘’langue nationale’’. Alors, vous ne pouvez pas comprendre tout ce qu’on vient de dire, cet article-là, si vous ne prenez pas le recul qu’il faut. Ici, l’idée est de placer toutes les langues sur un même niveau, sur un pied d’égalité, mais de trouver aussi une langue qui va constituer une sorte de creuset pour notre communauté nationale, une langue dans laquelle tous les Nigériens vont se retrouver. C’est cela l’idée.
Toutes ces langues sont sur un pied d’égalité, mais nous allons aller dans le sens de trouver une langue qui va réunir notre communauté nationale. Et on va mieux comprendre cela par le troisième alinéa qui dit que les langues officielles sont l’anglais et le français. Le français, oui.
Nous avons souvent suivi des personnes, selon une certaine interprétation, qui font un raisonnement a contrario. « Si on dit que le Hausa est la langue nationale, cela veut dire que les autres langues ne sont pas des langues nationales ». Je pense que, très sincèrement, nous sommes en train d’aller dans un débat qui n’a aucun intérêt. Et je vais vous donner un exemple pour que vous compreniez. Regardez bien dans les constitutions octroyées de 1959, 1960. Dans toutes ces constitutions-là, on dit que nous avons des langues nationales et nous avons une langue officielle, le français. Si on devait faire un raisonnement a contrario, on dirait ceci: « Donc, le français est la langue officielle, les autres langues ne sont pas des langues officielles ». Est-ce que vous voyez l’absurdité de la chose ? Il ne s’agit pas ici d’opposer le ‘’national’’ aux ‘’langues parlées’’. Il s’agit ici de voir dans le Hausa une langue que tous les Nigériens ont en commun et que dans ce sens-là, nous devons tous renforcer cette langue. Voilà tout ! Il n’y a pas une autre idée derrière cette présentation-là.
‘‘Jamais il ne viendra à l’idée du gouvernement, jamais il ne viendra à l’idée du président Tiani de rentrer dans une logique de classification des langues et des ethnies’’
Vous savez, nous avons la chance d’être dans un régime militaire avec la possibilité de faire des réformes et importantes. Cela, il faudrait que tout le monde le comprenne. Quand à un moment donné on a décidé, dans ce pays-là, de mettre en avant le Hausa et le Zarma, jamais il n’est venu à l’idée des autres composantes de la communauté nationale d’en faire un scandale. Elles n’ont jamais été dans la logique de classer les langues et par là même, trouver par une sorte d’alchimie la possibilité de classer les ethnies. Pourquoi alors, nos compatriotes, lorsque cela est arrivé, n’ont pas considéré qu’en mettant en avant le Hausa et le Zarma, les autres communautés nationales n’ont pas considéré qu’il s’agit là d’une volonté de dominer ou de mettre les autres langues en avant au détriment des autres communautés nationales ?
Je pense que nos langues sont éternelles. Jamais il ne viendra à l’idée du gouvernement, jamais il ne viendra à l’idée du président Tiani de rentrer dans une logique de classification des langues et des ethnies. Il y a des limites qu’il ne faut pas franchir. Il faut regarder notre communauté nationale avec beaucoup de respect et il faut croire en ce que nous sommes en train de faire parce que nous le faisons de bonne foi. Il s’agit tout simplement ici de trouver une langue qui va nous permettre de communiquer entre nous et éventuellement, dans un avenir proche, de ce qui va constituer notre langue de travail. C’est cela l’idée. Il n’a jamais été question de placer une langue au-dessus d’une autre. Ce qui est particulièrement étonnant, qu’on n’arrive pas à comprendre par quel moyen les gens sont arrivés à passer de langue à ethnie. Puisqu’à ce niveau-là, nulle part il n’est fait mention d’ethnie. Je vais aller plus loin, si vous voulez faire cas des individus ou des communautés, il y a aussi l’article 13 qui règle le problème des individus et par là même des ethnies.
Que dit l’article 13 qui suit juste l’article 12. Pour couper court à toute spéculation malveillante, l’article 13 stipule ‘‘tous les Nigériens, naissent et demeurent libres et égaux en droit et en devoirs’’. Je pense que cette disposition vient taire toute tentative de vouloir classifier les membres de notre communauté en meilleure communauté, meilleurs individus, etc. Au Niger, nous avons une tradition de vivre ensemble qui est millénaire. Nous avons un brassage qui est tel qu’en réalité, dans notre communauté nationale, personne ne peut se réclamer à 400 %, passez-moi l’expression, d’une ethnie. Dans tous les cas, vous avez au sein de votre famille, parmi vos proches, des gens avec qui certainement vous n’êtes pas de ‘’la même ethnie’’. Ensuite, nous avons notre religion. 99% des Nigériens sont musulmans et l’Islam nous dit clairement que les musulmans sont des frères. Pour dire qu’il ne s’agit pas ici de propos qui parlent de l’ethnie, mais plutôt de la langue.
Monsieur le ministre, quelle lecture faites-vous de cet article 12 de la Charte de la refondation et pourquoi choisir le Hausa comme ‘’langue nationale’’ pour une meilleure compréhension de nos concitoyens ?
Pour comprendre cette démarche-là, il faudrait nécessairement rappeler le contexte dans lequel nous sommes et quel est ce contexte ? Il est simple, le 26 juillet 2023, les Forces de Défense et de Sécurité décident de prendre leurs responsabilités, décident de prendre le pouvoir de l’État. Nous avons tous suivi et vécu dans notre chair ce qui s’est passé. Jamais certains membres de la communauté internationale ne se sont comportés comme ils se sont comportés vis-à-vis du Niger.
Il y avait un tel souci chez eux de casser ce pays, de tuer les Nigériens. Ce n’est pas qu’une question de préparer la guerre, ils sont véritablement rentrés en guerre contre le Niger et les Nigériens avec la ferme volonté de nous opposer leur volonté, la volonté de nous faire plier et de nous amener dans une situation que personne ne souhaite revivre dans ce pays. Donc, ce contexte-là, il est important. La suite des événements est connue de tous.
Le Chef de l’État, le CNSP et son gouvernement, soutenus de façon déterminée par le peuple nigérien, ont décidé tout simplement de mettre hors du territoire national les armées d’occupation qui se trouvaient sur le territoire nigérien. C’est ainsi que nous avons réussi avec intelligence, avec détermination, avec force à faire sortir l’armée française du territoire nigérien. Décembre 2023 a été un tournant décisif, un moment important de la vie de notre pays. Mais bien avant, vous avez suivi avec nous tout ce qui s’est passé avec l’ambassadeur de France qui a été déclaré persona non grata. Il n’est pas désiré, il n’est pas désirable au Niger. Il avait un moment refusé catégoriquement de sortir du Niger. Une décision de justice est intervenue. Là encore, il avait refusé de sortir. Pourquoi ? Parce qu’il considérait que le Niger est sa propriété. Personne n’aurait imaginé qu’un ambassadeur du Niger soit expulsé de France et qu’il fasse de la résistance pour quitter le territoire français. Mais comme on considère qu’ici tout est faisable, il a catégoriquement refusé de sortir.
Là aussi, nous avons suivi une fois de plus la détermination du Président de la République, du CNSP, du gouvernement et surtout du vaillant peuple nigérien. Ça a été un moment aussi important, une grande victoire pour le peuple nigérien. Ensuite, ça a été suivi aussi de la sortie de l’armée américaine qui s’est invitée sur le territoire nigérien et par souci tout simplement de défendre notre dignité et notre souveraineté, nous leur avons dit ; messieurs, quittez le territoire nigérien parce que vous n’avez pas été invités. Je pense qu’il faut tenir compte de ce contexte-là.
On est encore allé plus loin puisque nous sommes dans une relation extrêmement difficile, je pèse mes mots et je ne veux pas aller plus loin, avec le gouvernement français. Puisque nous sommes dans cette relation difficile, qu’est-ce qui a été décidé ? Nous avons nous-mêmes proclamé notre souveraineté. Nous sommes décidés à assumer notre souveraineté. Nous avons décidé alors, en toute responsabilité, de demander à quitter l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Nous avons quitté l’OIF qui à l’origine a été créé ici au Niger le 20 mars 1970. Donc, vous voyez bien et l’histoire est ce qu’elle est. Le 17 mars 2025, nous avons décidé de quitter l’OIF en toute responsabilité. Nous ne sommes pas seuls dans cette démarche. Nous sommes avec nos frères de l’AES, nos frères du Burkina Faso et nos frères du Mali.
Suivez bien le raisonnement : Nous avons totalement pris nos distances avec le gouvernement français dans le contexte que vous connaissez. Nous avons ensuite décidé de faire partir l’armée française et son ambassadeur. Nous avons proclamé et assumé notre souveraineté et nous sommes allés jusqu’à quitter l’OIF. Dans ces conditions, qu’est-ce qu’on fait ? On ne peut pas dire que nous sommes un État souverain et nous voulons nous distinguer de tout ce qui s’est passé avec la France et continuer à donner à la langue française la place qui est la sienne aujourd’hui sur le territoire nigérien.
J’aimerais bien qu’on comprenne. Une langue est quelque chose d’important et il n’y a aucun complexe à apprendre une langue, quelle qu’elle soit, mais la place qu’on a donné à la langue française ici au Niger n’est pas justifiée. Elle ne répond à aucune réalité, puisqu’ils ne sont pas nombreux les Nigériens qui parlent français. En tous les cas, majoritairement nos compatriotes ne parlent pas cette langue. Donc, on ne peut pas dire que la France, nous n’en voulons pas mais nous voulons de sa langue et nous allons placer sa langue à ce niveau-là sur notre territoire national. Si nous décidons alors de rompre, de casser la place et le statut de la langue française sur notre territoire, dans notre pays, il va falloir nécessairement le mettre dans une logique de substitution. Choisir une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, comme vous voulez, des langues ou une langue qui va se substituer, ne serait-ce que progressivement, à la langue française. C’est en ce moment-là que le sujet devient intéressant. En toute objectivité, toute considération à part, si l’on décide aujourd’hui, au moment où nous vous parlons, si l’on décide de prendre une langue qui sera plus facile pour les Nigériens, une langue que les Nigériens vont apprendre très rapidement, une langue qui aujourd’hui même est pratiquée et parlée par une grande majorité des Nigériens, quelle langue allons-nous choisir, toute considération à part et en toute sincérité ? Et bien sûr le Hausa. Cela sonne comme une évidence. Et pourquoi voudriez-vous alors qu’on ne choisisse pas le Hausa ? Pourquoi ? Dites-moi pourquoi.
‘’Quand à un moment donné, on a décidé dans ce pays de mettre en avant le Hausa et le Djerma, jamais il n’est venu à l’idée des autres composantes de la communauté nationale d’en faire un scandale’’
Si nous n’avons pas le complexe pour parler la langue française, pour élever la langue française au niveau qu’elle se trouve aujourd’hui, qu’elle s’est trouvée hier, pourquoi aurions-nous un complexe pour élever la langue Hausa au stade que nous voulons qu’elle soit aujourd’hui et dans les mois et années à venir ? Il s’agit fondamentalement d’un faux débat. Je vais aller très loin parce que j’ai la chance de ne pas être dans ‘’un régime politique démocratique’’. J’ai la chance de ne pas être un politicien. Donc, je peux dire les choses en toute sincérité et en toute humilité.
Ce que nous enseigne le Président Tiani est la chose suivante : on peut se tromper de bonne foi, mais jamais nous ne poserons un acte sans tenir compte des intérêts du Niger, jamais. Je vous dis de bonne foi et je vous pose la question. Pourquoi on ne va pas parler de Hausa ? Pourquoi on va l’élever ? Qu’est-ce que le Hausa nous a fait ? Qu’est-ce que le Hausa a fait aux autres Nigériens? On va mettre le pied dans le plat. On va parler terre à terre et de façon sincère et honnête. Qu’est-ce que les Hausa vous ont fait ? Qu’est-ce que les Français nous ont fait ?
Les Français qui nous ont fait tant de mal, qui sont venus ici nous coloniser, qui hier seulement étaient disposés, étaient prêts à venir anéantir ce pays. Nous sommes prêts, nous sommes disposés à pratiquer leur langue sans complexe et à les élever au stade de je ne sais quelle langue. Et les Hausa qui vivent parmi nous, qui sont les nôtres, avec qui nous avons des liens de sang, des liens de mariage et avec qui nous formons une communauté nationale millénaire. Nous partageons une même religion. En quoi cela dérangerait aujourd’hui de parler cette langue ?
J’ai dit mieux. Il s’agit aujourd’hui du Hausa. Demain, on pourrait dire on s’est rendu compte qu’il faut peut-être lui adjoindre une autre langue, bien sûr. Ou on se rend compte chemin faisant que la langue Hausa n’offre pas toutes les opportunités que nous escomptons. Pensez-vous un seul instant que nous aurons une quelconque difficulté à changer? Nous n’aurons aucun complexe demain si des études, la pratique nous montrent que c’est n’est pas la langue appropriée et qu’il faudrait la substituer par une autre langue. J’ai la ferme conviction que le Président de la République n’hésitera pas à assumer ses responsabilités, tout comme les autres membres du CNSP et du gouvernement. Si l’idée va être tout simplement de trouver une deuxième langue, nous le ferons, le gouvernement le fera, le Chef de l’Etat le fera. J’en suis convaincu. Si l’idée est d’aller jusqu’à une troisième langue on va le faire. Mais, si c’est de l’intérêt du Niger de garder une langue comme étant creuset de notre unité nationale, on devrait avoir normalement le courage de le faire. On peut aller en conclusion, l’apprentissage de notre langue Hausa pourrait se faire également avec les autres langues, autrement dit, cela va être une occasion pour nos compatriotes, de connaître, d’apprendre mieux leur langue nationale puisque nous avons cassé le mur de la langue française, la barrière que constitue la langue française. Nous n’aurons plus le complexe pour apprendre nos langues. Nous n’aurons plus le complexe pour enseigner nos langues. Nous n’aurons plus le complexe pour travailler dans nos langues. Voilà de quoi il s’agit.
Monsieur le ministre, quel message avez-vous en direction de nos concitoyens dont certains ne comprennent toujours pas ce choix de la langue Hausa comme langue nationale ?
Il est important que les Nigériens comprennent de quoi il s’agit. Les défis et les enjeux sont tels que nous n’avons pas autre choix que de définir notre vivre ensemble, nous n’avons pas d’autre choix que de nous souder et de nous battre pour nous en sortir et dans l’intérêt de ce pays. On a parlé des langues françaises, est-ce que vous savez que même en France, le français a été imposé ? La langue française n’est pas la langue de tous ceux qui constituent aujourd’hui la communauté française. C’est une ordonnance d’un monarque qui a décidé d’imposer la langue française comme la langue qui devrait se pratiquer sur tout le territoire nationale. En France, vous avez des corses, des bretons et d’autres encore qui parlent leurs langues. La subtilité qu’ils ont trouvé, c’est de les appeler les langues régionales. L’actuel Premier ministre français, François Bayrou, parle parfaitement de ces langues. En réalité, la conséquence si l’on décide de parler une langue nationale, c’est que nous allons travailler pour que tous les Nigériens apprennent cette langue. Il serait plus facile dans ce cas de passer des messages dans cette langue. Il serait plus facile d’apprendre dans cette langue la science, la géographie tout ce que vous voulez. Il est plus facile d’apprendre à un enfant dans sa langue, dans une langue qu’il comprend, que de l’amener à l’école pour apprendre le français. C’est seulement après avoir appris le français qu’il peut s’intéresser à la science. Ici, nous avons un avantage nous avons une langue qui est parlée par la majorité de Nigériens. Je pense que 70 à 75% des Nigériens parlent la langue Hausa. Même en étant dans une logique restrictive, en disant bon allez, on va faire en sorte, on va minimiser les choses.
Mais certaines études et qui sont fondées parlent de 80 % des Nigériens, sinon plus, qui parlent la langue Hausa. Il est plus facile de faire apprendre aux autres 20 % la langue Hausa que de nous mettre encore à vouloir enseigner aux Nigériens qui sont moins de 15 % ou 20 % à parler le français. Si on devrait même accélérer l’apprentissage de la langue française, à peu près 20 % des Nigériens parlent la langue française. Si on devrait faire l’effort pour que tous les Nigériens apprennent la langue française, il faudrait enseigner aux 80% restants de nos compatriotes la langue française.
Pour le Hausa, on fait l’inverse. 80% des gens comprennent, parlent la langue Haussa. Et bien il est plus facile d’apprendre aux 20% restants cette langue. Et nous allons gagner ici en capacité de travailler ensemble, de passer le message et de faire évoluer la science chez nous. Il est plus facile pour un enfant, et les études l’ont prouvé, d’apprendre les mathématiques, la géographie et tout ce qui s’ensuit dans sa propre langue, dans une langue du terroir, que dans une langue qu’il devrait apprendre avec sa complexité, avec son histoire. Donc, c’est comme ça qu’il faudrait voir les choses.
Le message que j’aimerais passer est simple. Il est important d’accorder le bénéfice du doute à ceux qui gouvernent l’État. Le chemin qui a été pris, les sacrifices qui ont été consentis sont tels qu’il ne peut pas y avoir de marche en arrière. Ceux qui ont pris la lourde responsabilité de conduire ce pays à ce jour-là connaissent les défis et connaissent les enjeux. Ceux qui ont pris cette responsabilité, ce sont des Nigériens comme vous et nous. Ils ont le souci du Niger et du vivre ensemble. Tout ce que le Chef de l’État fera, il le fera avec la seule volonté de servir le Niger et les Nigériens. Je suis quelquefois étonné quand j’entends certains débats passionnés sur des choses qui, en réalité, ne devraient pas susciter autant de passion.Nous sommes des musulmans dans une large majorité, pour ne pas dire que nous sommes à 100% croyants. Nous avons prié, nous avons fait knout. Nous avons confié notre pays, notre destin et nos populations à notre Allah. Et nous sommes engagés sur ce chemin-là. Si nous plaçons notre confiance en Dieu, je ne vois pas pourquoi nous allons nous inquiéter quant à la marche de ce pays-là. Pour ma part, et c’est la conviction du Chef de l’État qu’il nous répète tous les jours, Dieu a exaucé les prières des Nigériens. Si lui-même il est à ce niveau-là, c’est par la seule volonté d’Allah.
Et donc, comme Dieu a exaucé les prières des Nigériens, et quelles sont ces prières ?
Que le Niger soit bien gouverné, que le Niger soit en paix et que le Niger soit souverain. Celui qui va dans le sens opposé de celui de l’intérêt national, Dieu saura s’occuper de lui. Dans ces conditions-là, il nous revient tout simplement de continuer à placer notre confiance en Dieu et de nous dire que le Dieu auquel nous croyons ne va jamais permettre à ce que quelque individu que ce soit, y compris ceux qui sont en train de s’agiter, de briser notre élan national, de créer la confusion dans ce pays-là.
Je vais aller plus loin sur cet aspect-là. Nous avons tous suivi ce que le Chef de l’État a dit dans nos langues nationales pour que le message passe. Dans ces conditions, moi je considère que le droit est de notre côté. Tout acte qu’il aura à poser, il va le poser en ayant à l’esprit ce serment-là qui est solennel, qui a été fait dans nos langues nationales. Le serment de ne jamais trahir le Niger et le serment que c’est Dieu qui est le garant du serment qu’il fait devant le peuple nigérien. Dans ces conditions, moi je pense qu’il n’y a pas autre chose à faire que de faire confiance et d’avancer.
Monsieur le ministre pour finir cet entretien, quelles seraient les conséquences aujourd’hui de ce choix ?
C’est un choix assumé. Les conséquences de ce choix sont simples. Nous allons travailler à faire apprendre cette langue à tous les Nigériens. Le schéma sera défini de façon consensuelle pour que les Nigériens, ceux qui ne parlent pas déjà Hausa, puissent parler cette langue. Et je pense que c’est une bonne chose que d’apprendre une langue. Je ne connais pas quelqu’un qui ne souhaiterait pas apprendre une langue. Si on peut faire l’économie de beaucoup de choses inutiles que nous avons à apprendre et apprendre rapidement toutes nos langues nationales, nous l’aurions fait. Donc, il n’y a pas un quelconque changement dans notre vie de tous les jours. L’idée selon que nous allons faire en sorte que certains ne parlent plus leurs langues, n’a aucun sens. Il ne viendra à l’idée de personne de le faire. Parce que ce sont nos langues, c’est notre patrimoine culturel, c’est notre tradition et nous en sommes tous fiers.
Vous avez bien suivi lorsque le Chef de l’État parle en langue française, il prend toujours le soin de s’adresser aux Nigériens en Haussa, en zarma et désormais même en Fulfuldé pour toucher tous les Nigériens. Pour qu’il n’y ait pas d’intermédiaire entre le Chef de l’État et ses concitoyens, pour que le message passe plus facilement, il s’exprime dans ces langues-là et il s’exprime très bien. Comprenez qu’il fut un temps dans ce pays où les gens étaient complexés pour parler leurs langues.
Le Chef de l’État, le Président Tiani est arrivé, il a cassé ce mur-là. C’est cela aussi ‘’Labousani’’ , ‘’Zacen kassa’’. Il n’y a plus de complexe, il n’y a plus de limites. Aujourd’hui c’est Hausa, Zarma, Fulfuldé. Demain peut-être, c’est le Tamasheq qu’il va utiliser pour s’adresser aux Nigériens parce qu’il y travaille, il a le souci d’apprendre toutes les langues et il a le souci de communiquer dans toutes les langues et de passer directement le message aux Nigériens.
Et dans ces conditions, comment pouvez-vous penser que le Président puisse vouloir arrêter qu’on pratique une langue ?
Je suis allé loin, j’ai une fois échangé avec un ami qui parlait de ces langues. Je lui dis mais est-ce que quand vous êtes réveillé, tu as perdu ta langue ? Tu ne parles plus dans ta langue le Tamasheq ? Ça l’a étonné comme question. Et bien, ces langues ne disparaîtront pas. Parce que ce sont nos langues et toutes les dispositions seront prises pour que ces langues soient travaillées, pour que ces langues puissent être éternelles. C’est cela l’objectif. Voilà les conséquences mais sur le plan tout simplement de notre vivre ensemble, cela ne changera absolument rien.
Je vais finir par prier pour que Dieu permette aux Nigériens d’accomplir leur Hadj dans de très bonnes conditions. Et une fois sur la terre sainte de l’Islam, je les invite à prier pour le Chef de l’État, pour le Niger. En Islam, nous a enseigné que s’il y a une prière, s’il y a un doua qu’on devrait faire avec l’assurance que Dieu va exaucer, c’est de prier pour notre chef, c’est de prier pour notre leader. Priez pour notre leader parce qu’en ayant un leader de qualité, soucieux du pays, qui fait le travail, nous allons tous bénéficier de cela. Mais un leader qui n’est pas à la hauteur des ambitions de nos concitoyens ne va rien faire de bon. Et c’est pourquoi il faut prier pour notre leader, pour que Dieu continue à l’assister et à le guider, qu’il prenne des bonnes décisions pour le Niger et pour les Nigériens. Dans ce contexte, il est important aussi pour nos compatriotes qui sont en Arabie Saoudite de prier pour le Niger, de prier pour nos FDS, de prier pour tous nos concitoyens, pour que Dieu protège le Niger et les Nigériens, pour que Dieu protège notre communauté, notre confédération AES. La deuxième prière que je veux faire est relative à la saison des pluies qui va commencer. Nous prions Dieu pour qu’il nous gratifie d’un hivernage fécond et que cette année, les pluies soient synonymes de joie et de paix pour l’ensemble de nos compatriotes. Que les Nigériens soient satisfaits de cette campagne d’hivernage. Le Chef de l’État est à l’écoute et il a pris l’engagement qu’il n’hésitera pas un seul instant à s’assumer et à prendre ses responsabilités lorsqu’il s’agit du Niger. Et c’est ce message d’espoir que j’aimerais adresser à chacun de nous. Quelle que soit la situation, il faut vous dire que le Chef de l’État est à l’écoute et que le moment venu, il n’hésitera pas à prendre ses responsabilités et aller dans le sens du seul intérêt du Niger. Tout acte qui sera pris par le Chef de l’État, c’est dans le sens tout simplement de l’intérêt du Niger. Et c’est pourquoi nous devons tous prier pour qu’il continue à prendre ses actes dans le seul intérêt du Niger.
Script : ONEP