
M. Abdou Ousseini, Directeur Général du Cadastre Minier, de la Fiscalité Minière et de l’Environnement
Le terme «cadastre» fait référence à un registre public qui recense et identifie les propriétés foncières (immeubles, maisons, terrains, etc.). Il sert de base de calcul pour les impôts locaux, comme la taxe foncière. Le cadastre est aussi un système qui enregistre et partage publiquement le statut physique et les droits légaux sur les biens immobiliers. Le Niger possède un potentiel minier significatif, notamment dans les domaines de l’uranium, l’or, le charbon, le fer, le phosphate, le gypse, le calcaire, etc. Le cadastre minier du Niger joue un rôle clé dans la gestion transparente et efficace de ces ressources naturelles. Le secteur minier fait aujourd’hui partie du débat citoyen en raison de son apport inestimable dans l’économie nigérienne. Dans cet entretien, le Directeur Général du Cadastre Minier, de la Fiscalité Minière et de l’Environnement revient sur le potentiel minier du Niger ainsi que sa contribution dans les efforts de développement durable de notre pays.
Monsieur le directeur, le Niger est un pays qui regorge d’un potentiel important des mines, comment se présente le cadastre minier de notre pays ?
Le cadastre minier au Niger constitue effectivement un élément essentiel de développement du secteur minier du pays. En effet, le Niger possède d’importantes ressources minérales, notamment l’uranium, l’or et d’autres minéraux. Le cadastre minier permet de gérer et réglementer l’attribution des droits d’exploration et d’exploitation minière afin d’assurer la bonne gestion des ressources, tout en respectant les normes environnementales et sociales. Le gouvernement du Niger a mis en place des réformes pour favoriser la transparence et l’efficacité du cadastre minier, ce qui contribue au développement durable et attire les investisseurs nationaux et étrangers.
Quel est le poids de la fiscalité minière dans le recouvrement des ressources financières liées à l’exploitation des mines au Niger ?
La fiscalité minière est une part importante dans la mobilisation des ressources liées à l’exploitation minière au Niger. En effet, elle constitue l’une des principales sources de recouvrement pour l’Etat, et permet à ce dernier de financer des projets de développement, d’infrastructures. Les taxes et redevances que l’Etat impose aux sociétés minières permettent de contribuer au budget national, soulignant de ce fait la place que cette activité économique occupe dans l’économie du pays, mais son efficacité permet de concilier le développement durable avec l’exploitation responsable des ressources minières et la satisfaction légitime de son territoire et de sa population.
Monsieur le Directeur Général, au Niger, l’exploitation artisanale des mines prend de plus en plus d’ampleur, quelles sont les mesures prises par l’Etat du Niger pour réorganiser le secteur minier ?
L’Etat du Niger a pris toute une série de dispositions pour réorganiser le secteur minier, notamment face à l’essor de l’exploitation artisanale. Parmi les dispositions prises par l’Etat, on peut noter, entre autres, la réglementation et l’encadrement. C’est-à-dire que l’Etat a mis en place des lois et règlements pour encadrer l’exploitation artisanale et protéger les travailleurs ; cela, tout en limitant l’impact environnemental. En dehors de l’encadrement, on tente aussi de formaliser l’exploitation artisanale pour accorder des droits et procurer des protections aux mineurs tout en contrôlant mieux les ressources. On initie également des programmes de sensibilisation et formation à l’intention des mineurs pour les informer sur les pratiques de sécurité et de durabilité ainsi que sur leurs droits en lien avec leur activité.
Outre cela, l’Etat incite à des partenariats avec des entreprises privées pour améliorer les techniques d’exploitation afin de garantir un partage équitable des bénéfices. On est en train de renforcer les capacités des institutions s’occupant de la gestion des ressources minières pour assurer une meilleure gouvernance du secteur. Ces diverses mesures visent à structurer le secteur minier, à maximiser ses bénéfices pour l’économie nationale et à protéger les travailleurs artisans dans leur activité, ce qui ne peut se faire sans mobiliser l’ensemble des parties prenantes et des acteurs régionaux à l’échelon local.
Monsieur le directeur, l’exploitation artisanale des mines au Niger n’est pas sans conséquences sur l’environnement, quelles sont des dispositions prises par l’Etat pour minimiser les impacts environnementaux dans les zones d’exploitation ?
Vous soulevez une importante question que l’extraction artisanale des mines au Niger pose à son environnement, à laquelle l’État a apporté plusieurs réponses. En effet, l’État a mis en place des lois et règlements pour encadrer l’activité minière en mettant l’accent sur le respect des normes environnementales. Ainsi, nous faisons ce qu’on appelle l’évaluation environnementale. À l’ouverture de sites miniers, des études d’impacts environnementaux sont souvent exigées pour évaluer l’éventuel dommage et les mesures de mitigation à prendre. Une autre réponse apportée, c’est la sensibilisation et la formation. Les programmes de sensibilisation permettent d’informer les exploitants artisanaux sur les bonnes pratiques et les enjeux du respect de l’environnement.
Nous faisons par la suite, un suivi et contrôle. Différentes agences étatiques interviennent sur le terrain pour s’assurer du respect des normes environnementales et prendre des décisions, le cas échéant, en cas de non-conformité.
Par ailleurs, au-delà de la question de l’observation des normes, plusieurs initiatives cherchent à redonner leur intégrité aux écosystèmes altérés après la mise en exploitation, afin de donner une chance à la biodiversité de se régénérer. S’il est vrai que l’exploitation artisanale des minerais pose des questions en rapport avec les incidences écologiques, les réponses que l’État apporte tendent à interroger les véritables enjeux économiques afin de concilier l’activité minière, source d’un développement économique, tout en préservant un environnement protégé, encore fragile.
Réalisé par Rahila Tagou (ONEP)