
Lors de l’entretien
Revenons encore à la mise en place des instructeurs à l’intérieur du Bornou. Présentement, à l’instant où je parle, il y a des instructeurs français et des instructeurs américains, deux exactement, qui sont en train de former, je dis bien de former ces mouvements qui sont dans le lac Tchad, dans la confection de ceintures explosives, dans la commission des attentats kamikazes, ceux qu’ils ont appelés dans leur jargon, les terroristes Ingemas. Et eux qui bénéficient de la mise en place des drones, des explosifs.
Pour revenir aux explosifs, ils ont livré par la même occasion 40 conteneurs d’explosifs aux mouvements terroristes. Si vous vous rappelez, nous étions sortis pour décrier ça à travers un éditorial qui avait été fait à l’époque pour alerter les Nigériens de la menace qui pointait à l’horizon parce que ces explosifs qui ont été mis à la disposition de ces mouvements terroristes n’avaient pas un autre objectif que de commettre des attentats terroristes.
‘’Il est temps de se réveiller. Il est temps de mettre fin à cette collaboration servile’’
Ce jeu est joué par le Nigéria. Mieux, au cours d’une rencontre, c’est un officier de l’armée de l’air du Nigéria, toujours dans le lac Tchad, qui était venu en compagnie d’une délégation française qui avait demandé à ce mouvement terroriste de leur désigner des îles, ce qu’on appelle communément ici ‘’Toumbou’’, sur lesquelles ils vont mener des frappes. Mais en étant assurés que les terroristes ont pris les dispositions pour débarrasser les îles ou Toumbou de toute présence de leurs familles, de leur matériel ou de leurs moyens. Et ils vont faire les frappes aériennes à travers les forces armées aériennes de la fédération du Nigéria. Et ils vont montrer aux naïfs Nigérians, Tchadiens qui sont en train de lutter contre Boko Haram et ISWAP.
Pire, je dis pire, récemment, vers le 24 avril, une délégation conduite toujours par ces mêmes puissances que j’ai citées, que je ne veux même plus citer, mais que les gens connaissent directement, accompagnée de quatre représentants du Nigéria qui étaient en même temps interprètes, s’est réunie avec les mouvements terroristes qui sont dans le lac Tchad. Ils leur ont intimé l’ordre d’arrêter toute attaque contre les forces de défense et de sécurité du Nigéria, de s’attaquer impérativement aux forces de défense et de sécurité du Niger. C’est ce qui a fait que vers la fin avril, vous avez constaté une tentative de résurgence d’attaques mais auxquelles les forces de défense et de sécurité du Niger ont réservé le sort que ces mouvements néocoloniaux méritent. Le dernier cas est celui du 22, je crois, à Diffa, avec l’attaque du poste de Bagara. Ils n’ont pas cessé parce que les chefs terroristes même sont soumis à une pression énorme de la part de ces puissances coloniales pour impérativement faire tomber le Niger. Voilà ce qui se passe avec le Nigéria, et voilà ce qui fait que nous n’avons pas confiance aux autorités du Nigeria. Nous savons leurs implications qui sont militaires et qui sont politiques. Pour les implications politiques, peut-être qu’il faut rappeler juste deux événements : Tinubu était en France le 2 avril, je crois qu’il était rentré vers le 4 avril. Au cours de cette rencontre, il avait signé avec la France qu’ils vont créer une école de formation militaire de langues ou d’enseignement de langue française à Abuja au Nigeria. Mais nous, nous savons que ça n’a rien d’une école de langue française. Ce n’est pas les écoles civiles de langue française de haut niveau qui manquent en France et au Nigeria. Le Nigeria n’a pas besoin de créer une école de langues. C’est une base qu’ils veulent créer et il a signé l’accord le 2 du mois d’avril. Le 9 avril, Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères avait dit devant le Sénat, quand le Sénat l’a interpellé par rapport à leur négligence de vouloir laisser échapper au contrôle de la métropole française des colonies du Sahel, il avait répondu que le soir même, le 9 avril au soir, il a une rencontre avec tous les gouverneurs du Nigeria. Que les gouverneurs du Nigeria ne s’en prennent pas à moi, ils n’ont qu’à consulter l’intervention de Jean-Noël Barrot le 9 devant le Sénat. Ils auront la réponse à ce que je viens de dire. C’est pour vous dire l’implication du Nigeria, malheureusement, qu’elle soit politique ou militaire, est toujours d’actualité.
Je reviens au Bénin. Le Bénin, nous l’avons également décrit en son temps. Éviter, comme le dit Ali Farka Touré, (Allah lui accorde sa rahma), de croire qu’ils peuvent mettre un scorpion dans leur bouche et rester tranquillement assis. Ce n’est pas l’histoire de diable de Diado Sékou. Ça c’est Ali Farka Touré qui l’avait dit. Nous avons averti le Bénin. Si nous nous sommes débarrassés des Français, ce n’est ni par haine ni par vengeance, même s’il y a de quoi, c’est parce que la présence des troupes françaises sur notre territoire ne peut être que dommageable à l’intérêt national de notre pays.
Le Bénin, à travers ses autorités, a pensé qu’il peut être certainement plus intelligent que nous et qu’il peut mettre le scorpion dans sa bouche et s’en sortir indemne. Le Bénin a appuyé ces troupes de déstabilisation qu’il a certainement démenti quand c’était nous qui parlions. Mais quand Macron est sorti pour parler, on ne les a pas entendus. Ni le Bénin, ni le Nigeria, ni même la Côte d’Ivoire, personne n’a démenti. Pourtant, quand j’avais annoncé le 27, tous étaient montés sur leurs chevaux puisque c’est un frère africain qui dit une vérité qu’il va falloir par tous les moyens démentir au lieu de chercher à savoir les fondements de ce que nous avons avancé.
Le Bénin a continué à démentir, et d’ailleurs, même après l’intervention de Macron, le Bénin n’a jamais jusqu’ici reconnu qu’il y a ces forces de déstabilisation sur son territoire. Le Bénin a fait mieux. Il a continué à collaborer et renforcer sa coopération. Ça c’est la décision d’un État souverain. Mais quand on pose un acte, qu’on assume les conséquences qui en découlent. Nous avions averti le Bénin bénéficiant d’un contrat de non-agression entre eux et les supplétifs, les troupes auxiliaires néocolonialistes qui courait jusqu’au 31 décembre de l’année 2024. Le contrat, ayant expiré le 31 décembre, vous avez suivi que les attaques ont repris le 8 janvier 2025 de cette année au Bénin avec d’abord 36 militaires béninois sacrifiés. Par la suite, d’autres attaques ont suivi. Attaques suite auxquelles le Bénin ou particulièrement Patrice Talon nous a accusés d’être laxistes vis-à-vis de ces terroristes. Que ce sont des terroristes que nous laissons passer pour aller les attaquer. Que c’est les États de la Confédération qui sont incapables. Ça, ce sont ses propres termes.
Les attaques se sont multipliées avec la plus dramatique où au grand jour le jeu des Français était apparu. C’est du matériel d’un bataillon qui a été mis sur la position d’un petit peloton. Un peloton d’à peine une cinquantaine d’hommes. C’est du matériel pour plus de 400 hommes qui a été retrouvé sur ces positions-là. Ne serait-ce que ce que les terroristes ont montré comme ce qu’ils appellent butin après l’attaque dans le nord Bénin. Puisqu’après cette attaque, le Bénin s’est totalement retiré. Et, ce n’est plus les États de l’AES qui laisseraient le boulevard, c’est devenu le Bénin qui laisse le territoire entre les mains de ces terroristes. Mais, c’était un jeu de compensation car, comme je l’ai dit, quand les Béninois s’étaient retirés avec le motif entre parenthèses de s’offrir une profondeur stratégique, c’est-à-dire une profondeur qui permettra de voir l’ennemi venir, de le traquer jusqu’à son dernier retranchement. Alors que ce retranchement-là, c’est un retranchement que le Bénin lui-même a accordé à ces groupes à travers les conseils éclairés bien sûr de celui qu’on connaît.
Donc, c’est ce qui se passe et c’est ça le motif du redéploiement de 350 combattants de ISWAP dans le nord Bénin qui sont présentement dans le nord Bénin et qui occupent toutes les positions abandonnées par le Bénin, avec le fallacieux prétexte de s’offrir une profondeur stratégique. Mais, il ne faut pas abuser et utiliser les termes comme des perroquets. Pour qu’un pays puisse s’offrir une profondeur stratégique, il faut que ce pays-là soit capable de s’assurer physiquement cette profondeur stratégique.
‘’Le combat que nous faisons, ce n’est pas contre le Bénin, c’est contre les troupes françaises de déstabilisation qui sont sur le territoire béninois’’
Les Français qui sont les maîtres des Béninois-là, ou en tout cas de Talon, que les Béninois m’en excusent, les Français n’ont pas de profondeur stratégique. Remontons à la Deuxième Guerre mondiale, juste la Deuxième Guerre mondiale. En combien de jours les troupes allemandes ont marché sur Paris à travers les Ardennes, la fameuse ligne Maginot ? Les Français n’ont pas de profondeur stratégique. La profondeur stratégique ne peut pas être conseillée dans le cas précis du Bénin. Il faut que les gens se réveillent. Il faut qu’ils écoutent ce que nous disons, il faut qu’ils agissent en conséquence. Nous n’avons rien contre le Bénin, nous n’aurons rien contre le Bénin parce que nous savons que nous formons un seul peuple. Si Patrice Talon pense qu’en sacrifiant des Béninois, il peut s’offrir un troisième mandat, c’est son choix. Mais nous, c’est notre choix également de faire la résistance et de révéler les enjeux géostratégiques à nos populations pour qu’elles comprennent ce qui se passe et évitent de se faire manipuler.
C’est ça la situation qui se passe au Bénin. Et c’est ça qui est regrettable puisqu’au Bénin, comme au Niger, comme au Burkina, comme au Mali, ce sont les forces de défense et de sécurité qui ne sont pas tombées du ciel, qui sont des fils de la nation, qui meurent. Ce sont des populations innocentes qui sont tuées chaque jour. Et, c’est pourquoi nous appelons ces pays africains qui sont encore aveugles à se réveiller. Il est temps de se réveiller. Il est temps de mettre fin à cette collaboration servile, comme les appelait Son Excellence Ibrahim Traoré, les esclaves du salon. Ils doivent libérer le salon. Leur séjour prolongé dans le salon ne peut que nuire à leur pays. Il faut qu’on arrête ça. Nous avons la capacité de l’arrêter, qu’elle soit intellectuelle, humaine ou matérielle. Nous avons toutes les ressources que si nous les exploitons de façon efficiente à travers une bonne gouvernance, nous pouvons nous en passer. Mais, c’est ça également le défi parce qu’en face, il n’est pas de leur souhait de nous voir nous libérer de leur emprise. C’est à nous de comprendre et de faire les choix, si difficiles soient-ils, mais c’est des choix de souveraineté. Il n’y a pas de difficulté à faire le choix de souveraineté. Donc que tous ces pays-là comprennent que ce que nous faisons de la Confédération n’est pas un combat uniquement pour les pays de la confédération, c’est un combat de tous ceux qui sont méprisés, dominés et maintenus colonisés. C’est leur combat que nous faisons aujourd’hui. C’est le combat contre la misère imposée.
Monsieur le président, sachant que ceux qui cherchent à nous déstabiliser, vous l’avez dit il y a un instant, opèrent aussi bien du Bénin que du Nigeria, comment alors expliquer la différence de traitement entre ces deux pays ? C’est une question que beaucoup de nos concitoyens se posent. Du côté du Nigeria, la frontière est ouverte, du côté du Bénin non. Donc comment expliquer vraiment le traitement entre ces deux pays ?
En fait, pour répondre à votre question, c’est que malheureusement, nous avons une certaine classe de Nigériens qui pensent qu’ils connaissent tout, qu’ils ont la solution à tout. Alors qu’ils n’ont la solution à rien parce que, pour chaque décision, il faut des éléments de décision. Il faut cette intelligence-là de savoir que, pour chaque décision que l’État prend, c’est en confrontant des éléments de décision que l’État prend ses décisions. Ils n’ont pas cette intelligence de se dire que si aujourd’hui l’État nigérien décide de quelque chose, c’est qu’il a tous les éléments d’appréciation contrairement à moi qui n’utilise que le paraître, le semblant et le superficiel. Un État ne travaille pas avec le superficiel, un État ne travaille pas avec le paraître, un État travaille avec des facteurs de décision, des éléments précis, ce sont des éléments de renseignements qui ont été analysés, confrontés et qui ont permis de prendre la décision.
Mais, pour répondre à votre question, tous ceux qui disent que de l’autre côté du Nigéria, la frontière est ouverte qu’ils s’approchent du service de la douane route Dosso. Ils comprendront qu’il n’en est rien. C’est tout ce que j’ai à leur dire. Il n’y a aucun traitement de différence entre eux. Quel intérêt ? Si nous maintenons notre frontière fermée, mais il ne faut pas qu’on ait la mémoire courte. Récemment en 2025, vous vous rappelez de l’ambassadeur du Bénin au Niger ? Où est-ce qu’il est ? Il est rappelé et quelle était sa faute ? Il a fait un déplacement à Gaya où il a appelé les Nigériens et les Béninois à se pardonner. Le même jour, je crois, on l’a fait traverser à la natation pour le rappeler. Depuis lors, nous, on ne sait pas s’il est vivant ou pas. Il n’a pas pu traverser, en tout cas, il n’est plus revenu. C’est pour vous dire qu’il faut que les gens évitent d’accuser sans éléments d’appréciation.
Nous avons gardé la frontière avec le Bénin fermée et la frontière avec le Bénin restera fermée tant que le Bénin ne comprendra pas que le combat que nous faisons, ce n’est pas contre le Bénin que nous le faisons, c’est contre les troupes françaises de déstabilisation qui sont sur le territoire béninois et qui peuvent nous nuire. Certains esprits éclairés disent non, il faut concentrer des hommes, des FDS sur le pont pour contrôler, mais il faut que les gens parlent de ce qu’ils connaissent bien sûr, de ce qu’ils maîtrisent. Ça me fait plus de 40 ans de carrière militaire. Vous croyez que même si je suis le dernier de la classe, je ne suis pas en mesure, à travers le savoir empirique, de décider à partir d’analyses pertinentes, à plus forte raison que je ne suis pas seul ? Il y a des collaborateurs. Et dans tous les domaines d’expertise. Mais des individus qui, à longueur de journée, sont dans leurs Fadas, pensent que nous sommes les méchants.
Il n’y a pas de traitement différencié entre la frontière du Bénin et la frontière du Nigéria. Je l’ai dit par rapport au Nigéria, les points de méfiance que nous avons vis-à-vis du Nigéria ou des autorités du Nigéria par rapport à des actes précis qui ont été posés que je viens de vous citer. Les mêmes reproches que nous faisons au Bénin, c’est tout. Il n’y a pas de traitement différencié.
Mais je dis tant que le Bénin continuera ou Patrice Talon et ses collaborateurs continueront à jouer le jeu de l’autruche, nous ne sommes pas prêts à jouer le jeu de l’autruche. Parce que nous sommes dans le réel, nous ne sommes pas dans le virtuel. Ce sont nos hommes qui tombent, ce sont nos civils qui tombent. Et c’est nous qui passons des nuits d’insomnie par rapport à ce qui se passe, par rapport aux sacrifices de nos hommes, qu’ils soient militaires ou civils. Et c’est ça qu’on voulait éviter au Bénin et c’est ça qui est malheureusement arrivé au Bénin où c’est près de 70 militaires qui ont été massacrés. Tout simplement pour mettre en place du matériel au profit des auxiliaires de cette guerre-là. Voilà ce qui se passe, voilà la réalité et voilà l’objet qui fait que nous sommes considérés comme étant la bête noire, les empêcheurs de tourner en rond. Ça n’a rien à voir avec l’État d’empêcheur de tourner en rond. Nous ne voulons pas justement tourner en rond, c’est pourquoi nous agissons de cette façon.
Monsieur le Président, au regard de tout ce que vous avez développé au cours de cet entretien, il s’agit ainsi véritablement d’un acharnement de la France et ses complices contre le Niger et ses institutions. J’ai alors à ce niveau trois petites questions. Premièrement, quelles sont les raisons de cet acharnement et de leur volonté irréductible de nous déstabiliser alors que l’on peut penser, après tout ce qui s’est passé depuis le 26 juillet, qu’ils ont bien compris la leçon et que l’on peut aller de l’avant ? Deuxièmement, monsieur le Président, avons-nous, en ce qui nous concerne, le Niger et le Confédération AES en général, une réponse et une stratégie commune pour y faire face ? Et enfin troisièmement, quel doit être, dans cette stratégie, le rôle de nos populations en termes de mobilisation, de sensibilisation et d’engagement patriotique, sachant par ailleurs que certains de nos compatriotes se plaignent souvent des difficultés dans leurs relations avec les autorités administratives qui ne prennent pas en compte avec la diligence requise, les informations qu’ils leur donnent ? Exemple fréquent : souvent, ils contactent l’administrateur délégué, qui demande de contacter le gouverneur ou le préfet, et vice-versa.
[Rires…] Vous me faites sourire. Quand j’entends les dernières conclusions, je vois un profane qui parle d’un domaine, vraiment pour lequel il est totalement profane. L’acharnement de la France, pour reprendre vos mots, tire son essence des facteurs culturel, civilisationnel et historique. Cette même France, rappelez-vous, c’est la même France qui a comme maître tacticien hors pair Napoléon ; le même Napoléon qui avait dit que, le mot je n’aime pas l’utiliser, mais l’Africain, lui ce n’est pas le mot qu’il a utilisé, c’est un mot que je ne prononcerai jamais, il dit ne connait pas la liberté. Donc, il faut lui servir toujours le repas de l’asservissement, de l’esclavage, du mépris et de la domination. Ça, c’est encore des mots allégés par rapport à ce qu’il a fait ou il a dit.
C’est le même Napoléon, déjà vers 1796, qui va envoyer des navires pour soumettre Haïti. Nous savons comment ça s’est terminé : le mépris avec lequel ils ont abordé le peuple haïtien a été honteusement révélé parce que le peuple haïtien avait mis en déroute et capturé plusieurs dizaines de navires français transportant des hommes pourtant aguerris contre des populations, des fois désarmées. Mais, c’est le patriotisme, la dignité qui avait pris le dessus. Et vous vous rappelez le sacrifice qu’Haïti a consenti pour racheter, malgré cette victoire militaire, son indépendance. Pour ceux qui ne le savent pas, ils n’ont qu’à consulter les documents d’Histoire.
Après Napoléon, venons plus proche de nous. Vous vous rappelez la fameuse phrase de Nicolas Sarkozy quand il était à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal. Le drame de l’Afrique, c’est que l’Afrique n’est pas suffisamment rentrée dans l’histoire. Ça, c’est aux Africains qu’on dit ça. Et où ? A Cheikh Anta Diop. Je dis bien Cheikh Anta Diop, l’égyptologue le plus reconnu qui, malgré l’impérialisme, l’imposition, l’omerta impérialiste, a démontré que l’Egypte est une civilisation. C’est l’insulte suprême qu’on puisse faire à un peuple: se tenir dans un temple comme Cheikh Anta Diop et dire que l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire. Mais, qu’est-ce que l’Histoire ? Ça reflète l’ignorance tout simplement parce que, s’il sait ce que c’est l’Histoire, ou le mot Histoire, il ne peut pas les dissocier de l’Afrique. Il y a plus de cinq mille ans, au moment où leurs arrières-arrières-ancêtres venaient en Égypte apprendre les sciences, l’astronomie et toutes les autres sciences. Cette même Égypte, civilisation qui a laissé des traces aujourd’hui à travers les pyramides et que ces forces néocolonialistes ont cherché à camoufler; le lien historique entre ces architectures monumentales aux civilisations africaines. C’est dans ce même temple que Sarkozy va dire que l’Afrique n’est pas suffisamment rentrée dans l’histoire.
Plus proche de nous encore, il faut suivre Emmanuel Macron.
Ça c’était au Burkina…
Même pas au Burkina, car je considère ça comme un incident mineur, parce que si Marc Kaboré ne l’avait pas reçu avec tous les égards, il n’aurait pas pu dire à Marc, que c’est lui l’électricien, en s’adressant devant des étudiants Burkinabé et, qui ont malheureusement applaudi. Je parlerai plutôt d’un autre qui est d’actualité, Emmanuel Macron. Quand il était parti, toujours à Bruxelles par rapport à la demande de conciliation où il avait dit ‘’ne vous mêlez pas de ce qui se passe entre la colonie nigérienne et la France. Le Niger nous appartient. Nous sommes seuls à décider de la solution’’. C’est pourquoi je dis que c’est civilisationnel, c’est culturel.
Encore, en décembre 2023, un autre brillant Français a dit, je cite, «c’est le petit stupide d’Emmanuel Macron qui a ouvert les yeux aux Africains. Petit stupide Emmanuel Macron qui a ouvert les yeux aux Africains. Si jamais nous perdons ces colonies, nos fils, nos petits-fils iront en Afrique chercher leur subsistance. La migration va changer de direction. L’Union européenne, à côté de la France, doit faire en sorte que cette vision africaine échoue». C’est ce qu’il dit, et il va plus loin : cette vision, nouvelle vision des Africains de l’AES, doit échouer. Le Niger, le Mali, le Burkina, s’ils réussissent, d’autres suivront. Il faut que Emmanuel Macron parte, ça je suis d’accord avec lui, même si c’est avec regret, il faut que Emmanuel Macron parte où la France en souffrira.
L’Afrique n’a pas d’Histoire. La même chose que Sarkozy avait annoncée, l’Afrique n’a pas d’Histoire et, en conséquence, ça c’est sa conclusion, l’Afrique ne peut pas dominer le monde. Mais, l’Afrique n’a pas besoin de la permission de quelqu’un pour dominer le monde, puisqu’elle l’a déjà dominé à un certain moment, où ce monde duquel il se réclame n’avait aucune existence humaine ou organisationnelle. Je ferme la parenthèse. Et, c’est pourquoi je dis que tout ce qui se passe, cet acharnement de la France est le fait que nos pays ne méritent aucun égard. Nos pays doivent rester les colonies qu’on exploite à volonté.
‘’L’uranium a fait la prospérité de la France ; les Français l’ont compris. Mais, l’uranium a fait la misère et la mort des Nigériens’’
Et, c’est ce qui me ramène vers nos ressources naturelles qui sont un autre point. En plus du mépris affiché, il y a ces ressources naturelles qui sont la base de l’acharnement français. Parce que, les Français l’ont compris avant les Nigériens, à commencer par l’Uranium exploité depuis plus de cinquante ans, depuis 1968. L’uranium a fait la prospérité de la France; les Français l’ont compris. Mais, l’uranium a fait la misère et la mort des Nigériens. Ça, malheureusement les Nigériens ne l’ont pas compris. Toutes nos ressources, qu’elles soient sur le territoire national nigérien, qu’elles soient dans le sous-sol burkinabé ou malien, sont l’objet de cet acharnement, en deuxième point, que l’on observe non seulement de la part de la France, mais également de toutes ces puissances occidentales qui forment un bloc derrière la France. Malgré cette évidence que, ce qui se passe n’a rien à voir avec l’humain, ça n’a rien à voir avec la volonté de la France à défendre le droit ou la démocratie, d’ailleurs qui sont des données à géométries variables, qui évoluent en fonction des contextes et des intérêts de ces puissances. Donc, c›est ce qui fait que la France s’acharne contre nous.
Et, troisième explication, c’est la Confédération. Dans cette organisation que nous avons créée, trois piliers ont été retenus comme étant des piliers impérativement communs à nos trois États : la défense, la diplomatie et le développement. La défense, nous avons abordé la force unifiée. Avant même que cette force unifiée soit créée, je l’ai expliqué que nous menions des opérations soit avec le Burkina ou avec le Mali, et le Mali également avec le Burkina.
Mais, sur le plan de la diplomatie, nous avons décidé que tout ce que nous allons faire et toute décision que nous allons prendre doit faire l’objet d’une concertation entre nos trois États, entre les États de l’espace confédéral. Le développement qui est le troisième pilier, vous l’avez suivi récemment avec la création de la Banque confédérale d’investissement et de développement. Cette banque dont le capital est estimé à plus de 300 milliards sera constituée par les efforts propres endogènes des États de la Confédération.
Donc, c’est pour vous dire que, sur le plan défense-sécurité, sur le plan diplomatie, et sur le plan développement, les États de la Confédération s’activent et c’est une réalité. Nous ne sommes pas restés dans la théorie stérile. Car, comme le dit un sage, la théorie sans pratique est stérile, la pratique sans théorie est aveugle. Nous ne voulons être ni l’un ni l’autre. Au sein de la Confédération, nous agençons les deux pour atteindre nos objectifs, et c’est ce que nous faisons effectivement au sein de cette Confédération.
La troisième, je rappelle, monsieur le Président, quel doit être dans cette stratégie le rôle de nos populations en termes de mobilisation, de sensibilisation et d’engagement patriotique, sachant par ailleurs que certains de nos compatriotes se plaignent souvent de difficultés dans leurs relations avec les autorités administratives qui ne prennent pas en compte la diligence requise, les informations qu’ils leur donnent. Exemple fréquent, ils contactent l’administrateur délégué qui demande de contacter le gouverneur ou le préfet et vice versa?
Je crois qu’au moment où vous préparez ces questions, certainement il n’y avait pas ces données que je viens de révéler. Si les compatriotes justement qui se plaignent, mais moi je dirais qui désormais se plaignaient, ont suivi ce que moi je dis, la mobilisation de l’Union Européenne derrière la France, et quand je dis mobilisation, elle est totale. Elle est financière, diplomatique, économique et militaire. Avec le soutien, je l’ai dit, d’une puissance au temps de Joe Biden qui accompagnait aveuglement les décisions françaises tout simplement parce que le Niger devait rester une colonie et que les richesses du sous-sol ou du sol nigérien sont françaises. Si les gens savaient toute cette mobilisation qui avait eu pour conséquence de créer dans un premier temps, à travers le rappel historique que j’ai fait, des mouvements de déstabilisation jusqu’au Sahel où ces puissances ont mobilisé ce qu’on appelle, je n’aime même pas utiliser ce nom puisque ça n’a rien d’Etat islamique au Sahel. Ce n’est pas au Niger qu’on va apprendre l’Islam. Au Niger, nous avons connu l’Islam au sixième califat en l’an 666, au moment où beaucoup d’autres pays ne savaient pas ce que c’est l’islam, d’autres pays arabes. Je parle de 44 ans après l’hégire, à travers Busr ibn Abi Artat, dans les oasis du Kawar.
Aujourd’hui, cela fait près de 1 400 ans que le Niger a été en contact de l’islam. Nous sommes à l’an 1446 de l’islam. Donc, ça n’a rien d’islamique, ce qui se passe. C’est un crime organisé par les puissances occidentales que nous connaissons. La France soutient le JNIM, ce qu’ils appellent le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Quels musulmans on soutient ? Le Niger est à 95 % musulmans. C’est massacrer les Nigériens qui est un soutien à l’islam? Le Mali, autant. Le Burkina, autant. C’est en massacrant des Nigériens, des Burkinabés et des Maliens qu’on soutient l’islam et les musulmans ? L’islam que nous connaissons depuis 1400 ans ? Il y a ce groupe-là qui est actuellement et qui a comme leader Iyad Ag Ghali que tout le monde connaît. Iyad Ag Ghali, c’est la France. Et c’est lui qui est chargé de la propagation, ce qu’ils appellent propagation islamique, un certain Abu Hamza al-Shingueti ou quelque chose comme ça. Shingueti, c’est extérieur à notre espace. Pour vous dire que ça n’a rien de musulman parce que c’est des musulmans qui sont tués chaque jour.
Rappelez-vous de Fambita, 44 fidèles, un mois de mars, un mois de Ramadan, exécutés par des gens manipulés pour des raisons de cupidité, des raisons d’ignorance. Mais malheureusement, nous sommes face à des puissances qui manipulent même des Etats, à plus forte raison des regroupements d’individus qu’on peut facilement induire en erreur en leur montrant que voilà la cause que vous défendez. La France soutient ce groupe-là. Les États-Unis sont avec ce qu’ils appellent l’Etat Islamique au Grand Sahara, l’EIGS, dont je vous ai dit la centrale est en Syrie, à un certain moment en Irak. Mais, ce sont les mêmes événements qui se reproduisent ici.
Pour que les gens comprennent les enjeux de ce qui se passe actuellement, il faut qu’on évite de nous faire croire ce qui n’est pas ça. Et il faut qu’on évite de croire facilement quand la version vient de la France et de rejeter systématiquement ce qui vient de nos autorités. Mais ça, je l’ai dit : ce n’est pas tous les peuples de la Confédération, sinon, je ne serais pas assis ici en train de vous parler. Puisque, c’est la mobilisation populaire au Niger qui nous a permis de tenir jusqu’à date. Mais bien sûr, parmi les Nigériens, il y a des gens qui sont manipulés. Et je vous l’ai dit, à travers cette cellule Sahel de l’Élysée qui fait ce travail d’intoxication à travers, la DGSE française et la direction géopolitique du ministère français des Affaires Etrangères.
Toutes ces communications, tous ces tweets qui inondent, où vous voyez ‘’vers Mangaïzé 135 gardes nationaux ont disparu’, leur chef qui est parti pour chercher à savoir ce qui se passe a été abattu’’, et vous avez des radios ou télévisions nigériennes qui reprennent ces absurdités. 500 FDS nigériens ont été massacrés le 24 juillet vers Esa, Esa c’est là-bas entre les deux opérations, Chara et Almahou. 235 ont été tués par là. Le dernier cas, on dit que c’est plus de 60 qui ont été massacrés. Nous enregistrons des pertes mais, nous savons que c’est le sacrifice à consentir pour nous libérer. Il faut que les peuples de la Confédération comprennent qu’aucune puissance au monde ne viendra pour faire la guerre à leur place. Les autres se sont sacrifiés pour leurs pays. Nous ne sommes pas des sous-hommes. Il ne faut pas que nous donnions raison à ces gens qui pensent que nous sommes des moins que rien, que nous sommes incapables de dignité parce que nous n’avons pas d’Histoire. Il faut que nous comprenions cela pour que, à l’image de la mobilisation qui a toujours eu cours au sein de notre espace confédéral, cette mobilisation soit maintenue parce que la cause est noble. Il y va de notre survie. On n’a pas le choix, il n’y a pas deux options. Il y a une seule option, c’est la victoire pour les Etats de la Confédération. En dehors de la victoire, toute autre attitude n’est que balivernes et commentaires. Nous n’avons pas le temps de nous attarder sur les commentaires et les balivernes. Le peuple est debout, le peuple doit rester debout parce que la cause est civilisationnelle. Ce n’est pas du superficiel.
Par rapport à la remontée des informations où souvent, monsieur le président, les gens se posent des questions ?
Les gens, c’est ce que je dis, les gens se posent des questions parce que ce sont des profanes. C’est ce que je dis quand j’écoute ce que vous dites. L’engagement militaire répond à des critères pour parler de façon peut-être plus compréhensible. Le militaire, il apprend. En plus de ce qu’il apprend, confronté à la réalité, il retient des leçons. Nous avons vu des zones, où les terroristes ont mis le feu à la brousse. Les Forces de Défense et de Sécurité ont été appelées pour éteindre un incendie ou un feu de brousse, ils sont tombés dans ce qu’on appelle communément une embuscade. On a vu une ou deux motos venir apparaître devant les Forces de Défense et de Sécurité. Mais, ces motos ne sont pas les seules qui sont prévues dans cette mission de ces gens-là. C’est juste la partie visible de l’iceberg. D’autres centaines de motos sont tapies quelque part. Nous avons eu malheureusement des morts dans la région de Sanam parce que deux motos sont apparus devant nos hommes qui les ont suivis avec quatre véhicules. Ils étaient partis pour trouver, 40 kilomètres plus loin, plus de 200 motos qui les attendaient. Le militaire, c’est quelqu’un qui réfléchit.
Nous pouvons comprendre ces gens qui disent que les militaires n’interviennent pas au quart de tour. Parce que quelqu’un qui est menacé, quelqu’un qui voit son frère exécuté, son fils exécuté, sa femme, ses enfants pris en otage et conduits vers d’autres horizons, où peut-être il ne les reverra plus, effectivement, même si c’est une heure de temps après que les FDS interviennent, il va trouver ce temps très long. Mais, il faut que les Nigériens comprennent que les enjeux qui sont en cours dépassent tout ce qu’ils peuvent imaginer. Il faut que les Nigériens comprennent qu’ils n’ont pas d’autres alternatives que de soutenir vaille que vaille leurs Forces de Défense et de Sécurité qui meurent chaque jour pour les protéger ; qui sont, malgré l’étendue du territoire, parce que nous sommes quand même l’un des rares pays, où on ne peut s’adosser à personne. Nous sommes obligés de compter sur nos propres ressources et sur nos propres Forces de Défense et de Sécurité, en dehors du Mali et du Burkina, où, comme je l’ai dit, nous agissons dans le cadre de la Force unifiée. Il faut que les gens se rappellent de ça et qu’ils soient plutôt des défenseurs de leurs Forces de Défense et de sécurité, plutôt que de passer leur temps à charger les Forces de Défense et de Sécurité qui n’interviennent pas suffisamment.
C’est tellement important que nous disions quelques mots par rapport à cette situation. Le Niger est le pays qui a tiré les leçons de la spoliation de ses ressources plus que tout autre pays au monde. La France a passé plus de 50 ans, depuis 1968, qu’elle est dans le domaine de l’uranium au Niger. Si vous partez à Arlit, la seule voie bitumée a été réalisée sur le budget national par le défunt président Tandja Mamadou (Qu’Allah lui accorde sa miséricorde). L’aérodrome d’Arlit est toujours en terre battue. Une fois, quand j’avais demandé pourquoi ? la réponse qui m’a été apportée est que, si on faisait la route en asphalte communément appelée goudron, ça va se fissurer ; et en terre battue, elle ne se fissure pas.
Dans les pays où nous avons des tremblements de terre, des volcans les aéroports ne sont pas en terre battue, ils sont en goudron. C’est pour vous dire encore une fois de plus le mépris culturel, civilisationnel que ces Français ont pour les Nigériens. Nous avons tiré les leçons de la fermeture de la Compagnie Minière d’Akouta (COMINAK). Aujourd’hui, Orano, l’ex AREVA s’est retiré des travaux de la réhabilitation du site de la Cominak, où les Français ont passé plus de 50 ans à s’enrichir sur le dos des Nigériens. Maintenant, ils laissent cette tâche-là aux Nigériens. Puisque ce ne sont pas des Français qui meurent, mais des Nigériens. Ce ne sont pas les nappes phréatiques françaises qui sont polluées, mais nigériennes.
Par rapport à cette situation, nous avons en toute responsabilité commandé un audit de l’exploitation du pétrole au Niger. Pour ce qui est de l’uranium, tout ce qui s’est passé, je n’ai pas besoin de revenir là-dessus. Les premières conclusions ont montré des manquements importants dans l’exploitation du pétrole, qui il faut le rappeler, a abouti toujours grâce au président Tandja Mamadou, dont on riait de lui. Ces mêmes personnes de ‘’Taïwan ou le K.O’’ ont dit qu’il n’y a que de l’eau dans le sous-sol nigérien et qu’il n’y a pas de pétrole, se moquaient de lui. Selon eux, Tandja serait un illuminé qui pense que les Chinois peuvent venir lui extraire du pétrole.
L’un dans l’autre, nous avons fait conduire un audit dans tous les domaines, que ça soit au sein de la SORAZ, de CNPC-NP au sein de WAPCO à travers leurs DG leur montrer les griefs que nous avons découverts par rapport à l’exploitation de notre pétrole qui court jusqu’à date et que nous devons impérativement corriger pour éviter que l’histoire se répète. Ils ont pris note. Ils ont demandé qu’il y ait un écrit avec les relevées de ces griefs-là. Ce qui a été fait à travers le Ministère du Pétrole. Il était convenu de se réunir souvent pour débattre, échanger et trouver des points d’accord. Malheureusement, les trois Directeurs Généraux ont méconnu la souveraineté de notre pays. Ils ont cherché à se comporter comme l’ancien ambassadeur français, Sylvain Itté sur notre territoire. Nous leur avions dit que nous sommes au regret de constater qu’ils ont la mémoire courte. Les relations entre la Chine et le Niger sont anciennes. Elles ont connu des moments de turbulence avec ces mêmes régimes que ces DG de la CNPC, de SORAZ ou de WAPCO protègent parce qu’il y a des intérêts mafieux communs, jeu auquel on n’est pas prêts à jouer, parce que nous avons juré en disant que, entre le peuple et nous, Allah est le témoin et celui qui trahira l’autre, Allah lui rendra justice.
SCRIPT ONEP
( A Suivre dans nos prochaines colonnes)