Les activités académiques et scolaires sont véritablement lancées depuis la rentrée effectuée en octobre dernier. Depuis lors, l’on assiste chaque matin à un spectacle souvent pitoyable en particulier dans les quartiers périphériques et les nouveaux quartiers de la capitale. En effet, tôt le matin, les abords de rues sont noirs de monde, notamment des élèves à la recherche ou en attente des véhicules qui les amèneront à l’école. Ceux qui n’ont pas les moyens de prendre un taxi ou même les fameux Faba-Faba, rejoignent leurs établissements respectifs à pied, après avoir tapé souvent plusieurs kilomètres.
Il n’est pas rare, (et c’est d’ailleurs un spectacle quotidien auquel nous assistons), de croiser de jeunes élèves enjamber les différents ponts entre les deux rives du fleuve Niger pour aller à l’école. Sur les deux rives de fleuve, les mêmes mouvements s’observent. Des jeunes élèves qui quittent Kirkissoye pour Saguiya et vice-versa; d’autres quittent Gaweye pour Banga-Bana; Aéroport pour Talladjé; Niamey 2000 pour Wadata; Koira Tégui-Lazaret; Tondibiyah pour Goudel, etc. Certains autres font le ‘’kabeye’’ ou auto-stop dans l’espoir qu’un automobiliste généreux leur réduise la distance.
On y voit aussi, des parents d’élèves avec 3, 4 voire 5 enfants remorqués sur une motocyclette. D’autres élèves embarquent à bord des fameux tricycles connus pour leur conduite imprudente qui s’est souvent soldée par des drames. Les parents ayant les moyens de transport ne sont pas épargnés de cette situation. Ils sont en effet sous pression chaque matin, obligés de se réveiller très tôt pour éviter les embouteillages et déposer les enfants à l’heure à l’école.
Cette situation est imputable à une quasi inexistence des transports urbains en particulier celui scolaire. Une situation qui contribue à l’échec voire à l’abandon scolaire. En effet, l’échec de beaucoup de jeunes enfants, notamment ceux issus des milieux modestes, s’explique par les difficultés à joindre leurs écoles. Déjà épuisé après avoir parcouru des kilomètres à pied sous la chaleur, le froid ou la poussière, un jeune élève du primaire ou du collège aura du mal à avoir la force et la concentration pour suivre et comprendre ses cours.
Il est regrettable de constater que le transport urbain et particulièrement celui scolaire, soit totalement abandonné à la fois par les pouvoirs publics (État ou collectivités) et les sociétés privées de transport. Pourtant, c’est une niche où les collectivités et les sociétés privées peuvent faire œuvre sociale tout en engrangeant des revenus.
C’est le lieu ici, d’appeler les compagnies de transport à s’intéresser au transport urbain, ne serait-ce que celui des scolaires. C’est une responsabilité sociale et sociétale qui peut rapporter gros, notamment en termes d’image.
Au demeurant, la refondation du système scolaire doit être une œuvre commune dans laquelle tous les acteurs se doivent de contribuer, à commencer par les pouvoirs publics. Il est évident que, dans la capitale, la question du transport est la 2ème sinon la première préoccupation des parents. En effet, avant d’inscrire son enfant à l’école, le parent commence d’abord à réfléchir sur la très préoccupante question du transport. Pour les Universités publiques, l’État a fait des efforts, mais pour le reste des scolaires, et c’est le plus gros lot, la problématique reste totalement intacte.
Siradji Sanda (ONEP)
