
M. Abdou Harouna
Monsieur le Directeur, l’année dernière, sous votre coordination, vos services ont présenté un taux de réalisation de 91% en termes de mobilisation des ressources financières. Vous avez même avancé des perspectives très bonnes pour cette année en cours. Alors, quelle est la situation à la date d’aujourd’hui ?
Au titre de l’exercice 2024, nos services ont réalisé un taux de 114,49% des objectifs qui leur ont été assignés en termes de recouvrement, en dégageant une plus-value de plus d’un milliard de francs CFA. Ces résultats sont en nette progression par rapport à 2023, tant en valeur absolue qu’en valeur relative. Ainsi, notre direction a réalisé l’une des plus fortes performances de la Direction Générale des Impôts(DGI) en 2024.
Monsieur le Directeur, l’un des défis auxquels les régies financières font face dans la région d’Agadez, c’est le manque à gagner dans le secteur minier où l’Etat perd énormément de ressources. Des initiatives ont été mises en œuvre afin que les services se déplacent sur les sites miniers pour la collecte et le prélèvement des taxes et impôts. Quel est le bilan de ces initiatives ?
Effectivement, l’un des défis majeurs au niveau de la région d’Agadez est relatif à la fiscalisation du secteur minier, principalement celui de l’orpaillage. Ce fut d’ailleurs la principale mission qui m’a été notifiée lorsque j’ai été nommé à la tête de la direction régionale des impôts.
Aussi, l’arrivée de l’actuel gouverneur à la tête de la région a été un élément fondamental dans cette mission. Sous son impulsion, beaucoup d’initiatives ont été prises à l’issue de sa visite sur les lieux de tous les sites aurifères. Ainsi, sous la conduite et les conseils du gouverneur, nous avons pu convaincre les principaux acteurs d’unir leurs forces afin de constituer un interlocuteur unique pour les autorités.
Le point d’orgue de cette campagne fut la création en 2024 du Groupement des Sociétés Nigériennes des Exploitations Semi Mécanisées d’Or (GS NESMO). Dans le même ordre d’idées, le gouverneur a, par arrêté N°0038 du 12 décembre 2024, créé l’Observatoire Régional de Concertation et de Suivi des Sites d’Orpaillage (ORCSSO).
Au niveau du site du Djado, le Préfet de Bilma a créé un poste mixte devant regrouper tous les services techniques déconcentrés. Toutes ces initiatives avaient abouti à l’installation d’un climat serein entre les acteurs opérant dans le secteur de l’or et les services techniques dont les nôtres.
Aussi, cela a considérablement facilité les missions de nos équipes sur les différents sites, à défaut d’une présence permanente comme il est souhaitable. Indéniablement, toutes les actions et initiatives relevées plus haut ont permis une amélioration significative du niveau de mobilisation des recettes fiscales par nos différents services.
Ainsi, en fin mai 2025, nous étions à un taux de réalisation de 45,47% des objectifs globaux fixés au titre de l’exercice budgétaire 2025 et assez optimistes quant à l’atteinte des prévisions d’ici décembre 2025.
Qu’en est-il de la présence effective des services de Mines et de la DGI sur les sites artisanaux d’exploitation de l’or qui compte d’autres activités économiques et commerciales qui génèrent des ressources ?
Il vous souviendra que, suite au regain d’activité d’exploitation d’or surtout dans la région d’Agadez, les plus hautes autorités de l’époque avaient décidé de créer les conditions pour un contrôle appréciable de ces activités et, in fine, une mobilisation accrue des recettes fiscales et minières au profit des budgets de l’Etat et des Collectivités.
C’est dans ce cadre que l’arrêté N° 332 a été pris conjointement par le ministre de Mines et ceux de la Défense Nationale, de l’Intérieur et de la Décentralisation, des Finances, de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification, de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales et de la Justice Garde des Sceaux. Cet arrêté visait à créer des équipes chargées de la surveillance des exploitations minières à petite échelle. Il s’agit des équipes pluridisciplinaires dans lesquelles chaque agent a un rôle à jouer au regard des attributions dévolues à son Ministère de tutelle. Cette décision visait donc à combler le vide créé par l’absence des services de l’Etat des différents sites, à instaurer une synergie d’action entre les différents services et amener les acteurs à s’acquitter de toutes leurs obligations légales et réglementaires.
Une première mission a été organisée en décembre 2023 avec des résultats que les plus hautes autorités ont dû apprécier à leur valeur. Mais l’arrêté cité plus haut a été abrogé récemment avec la signature d’un nouveau dans lequel le Ministère des Finances ne fait pas partie. Par conséquent, il n’y a pas, actuellement, de missions organisées conjointement par les services de mines et ceux de la DGI. Présentement, notre équipe d’Iférouane se trouve en mission sur le site de Tchibarkatten pour la deuxième fois depuis le début de l’année. Concernant le site du Djado, une requête en financement a été introduite par nos services de Bilma pour une mission d’un mois à compter du 1er juillet prochain.
Quelles sont les forces et les faiblesses ou les difficultés pour une telle initiative ?
La force majeure de telles initiatives est qu’une synergie d’action naît entre plusieurs structures de l’Etat qui ne communiquent pas entre elles ou le font très rarement. La conjugaison des actions permettra une plus grande visibilité des activités relevant du secteur de l’or et, au final, l’amélioration des activités fiscales. La faiblesse réside dans le risque d’incompréhension qui pourrait surgir dans la gestion des hommes.
Monsieur le Directeur, les services de l’Etat au niveau régional font face à des difficultés dont l’insuffisance du personnel et l’absence de démembrements dans certaines localités. Qu’en est-il de cette situation pour la Direction Régionale des Impôts d’Agadez ?
Effectivement de manière générale, les services de l’Etat font face à une insuffisance de ressources. Il en est de même pour nos services. Aussi, pour atténuer l’effet du manque en personnel, notre administration fait recours à des bénévoles d’une part, et au concours des municipalités qui mettent à notre disposition des agents d’appui. C’est l’occasion pour moi de remercier les responsables municipaux qui apportent des appuis multiformes à nos services. Le déficit en ressources humaines a aussi pour conséquence l’absence de nos services dans certaines localités malgré un potentiel fiscal existant.
Vos services font-t-ils face à d’autres difficultés particulières qui freinent leur élan dans la mobilisation des ressources ?
L’une des difficultés particulières qui impactent négativement le niveau de mobilisation des recettes fiscales est liée à l’étendue de notre sphère de compétence (52% du territoire national), un manque d’infrastructures routières et surtout l’insécurité sur les différents axes.
Alors, qu’est-ce qu’il faut pour l’amélioration de cette situation ?
Pour améliorer cette situation, il faut un renforcement des effectifs en personnel et la création des services au niveau de certaines localités telles qu’Ingall, Aderbissinat et Tabélot. Si l’effectif le permet, des équipes seront présentes en permanence et de manière rotative sur les principaux sites d’orpaillage.
Interview réalisée par Ali Maman, ONEP-Agadez