Le Médiateur de la République en collaboration avec l’ong internationale World Vision a organisé un atelier sur l’harmonisation des textes juridiques nationaux avec les instruments régionaux et universels souscrits par le Niger sur la protection de la jeune fille, notamment son maintien à l’école, et contre le mariage des enfants. Le gouverneur de la région de Niamey, et le directeur national de World Vision, M. Yves Habumugisha, ont pris part à la cérémonie d’ouverture de cet atelier qui a regroupé pendant deux jours des représentants de la société civile, des ministères sectoriels, des ong, des organisations syndicales, ainsi que des organisations de protection des femmes et des enfants.
Dans l’allocution d’ouverture qu’il a prononcée à cette occasion, le Médiateur de la République, a rappelé qu’il est ressorti des premiers résultats de l’étude conjointe du centre international des recherches sur les femmes et les enfants de la Banque Mondiale sur les impacts économiques du mariage des enfants, qu’outre les effets néfastes sur la santé des filles, l’éducation, les droits et le bien-être, les impacts économiques du mariage des enfants au niveau individuel et national sont très importants. Me Ali Sirfi Maiga a ajouté que selon l’étude, rien qu’en 2015 le Niger a perdu 188,4 millions de dollars en termes de revenus et ou productivité du mariage des enfants. D’après la même étude, une économie considérable de plus de 500 millions de dollars pourrait être faite sur le budget de l’éducation nationale, d’ici 2030 si le mariage des enfants était éliminé. «Une année supplémentaire d’éducation pour les filles au niveau primaire réduit le mariage des enfants de 5,4% en même temps qu’elle réduit les grossesses précoces de 12,6%. En somme, le mariage des enfants bafoue les textes de la république, mais aussi les instruments juridiques régionaux et universels de protection et de promotion des droits humains souscrits par notre pays » a souligné le Médiateur de la République.
Me Ali Sirfi Maiga a indiqué que le Niger est partie à la convention internationale sur les droits de l’enfant de 1989 et à la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant de juillet 1990. «Sans renier notre substrat culturel, sans jurer avec nos convictions religieuses et spirituelles les plus intimes, il nous faut orienter, conseiller, et influer sur les tendances lourdes, il nous faut surtout légiférer. C’est en cela que nous pouvons rendre effectifs les instruments juridiques régionaux et internationaux souscrits par le Niger qui constituent un bloc de constitutionnalité et en cela peuvent être invoqués devant le juge» a dit le Médiateur de la République.
Auparavant, le directeur national de l’ong international World Vision, M. Yves Habumugisha, a indiqué que son institution travaille étroitement avec tous les acteurs pour diminuer le mariage des enfants au Niger. «Nous sommes confiants que cette situation de mariage des enfants peut s’inverser» a-t-il ajouté. Il a souligné que l’harmonisation des textes conduira à des changements importants, et permettra de mieux garantir les droits des enfants. «Nous sommes convaincus que les autorités ne laisseront pas passer les violences contre les enfants» a conclu M. Yves Habumugisha.
Quant au gouverneur de la région de Niamey, M. Issaka Hassane Karanta, il a rendu un vibrant hommage au Médiateur de la République pour toutes les actions qu’il mène au bénéfice des couches vulnérables du pays. En plus de l’harmonisation des textes, les participants à l’atelier ont élaboré une stratégie de plaidoyer qui aidera à l’atteinte des objectifs de protection de la jeune fille au Niger.
Oumarou Moussa(onep)