A l’occasion de la célébration de la 5ème Journée Mondiale de Lutte Contre les Maladies Tropicales Négligées (MTN), la Coalition Multisectorielle de Lutte Contre les Maladies Tropicales Négligées (CMLMTN) qui regroupe plusieurs organisations de la société civile (OSC) et parties prenantes dans la lutte contre les MTN, a organisé le mardi 30 janvier 2024, au Stade Général Seyni Kountché de Niamey, une marche de santé suivie d’une conférence débat. Le lancement des activités a été présidé par le Secrétaire général adjoint du Ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, M. Boubacar Bobaoua.
Parmi les 20 Maladies Tropicales Négligées (MTN) identifiées par l’OMS, le Niger en a ciblé 14, selon le SGA du Ministère en charge de la Santé, dans son plan directeur national MTN 2022-2026 et tous les 72 districts sont endémiques à au moins une MTN. C’est dire que nul n’est à l’abri de ces maladies. M. Boubacar Bobaoua a en outre précisé que tous les 26 millions de Nigériens sont à risque pour les GEO helminthes. « Plus de 10 millions d’entre nous sommes à risque pour la Bilharziose, plus de 100.000 personnes souffrent de la forme génitale de la maladie, et plus de 33.000 individus souffrent du lymphœdème ou l’éléphantiasis des membres » a-t-il conclu.
Peu après la cérémonie officielle, les activités se sont poursuivies avec la conférence débat animée conjointement par Dr Almou Ibrahim, chargé du Programme National de Santé Oculaire, Dr Gnandou Issa, Coordonnateur du Programme National de Lutte Contre la Bilharziose et géohelminthes, Dr Gado Moussa Coordonnateur du Programme National de Lutte Contre la lèpre et Dr Salissou Adamou, Coordonnateur du Programme National de l’élimination de la Filariose Lymphatique et l’Onchocercose.
A cette occasion, le Chargé du Programme National de Santé Oculaire, Dr Almou Ibrahim a expliqué que le Trachome est une infection due à un germe qu’on appelle ‘’Chlamydia trachomatis’’. Le germe attaque les yeux des enfants de 0 à 15 ans et crée une ‘’kératoconjonctivite’’, une inflammation de la conjonctive et une inflammation de la cornée. « Les enfants atteints de la conjonctive ont une sensation de grain de sable dans les yeux. Les boutons appelés ‘’culnuphron de follicule‘’, est un stade du trachome qu’on appelle stade folliculaire, stade inflammatoire. Quand il n’est pas traité, ça va encore évoluer. Ces follicules vont guérir d’eux-mêmes, et vont créer une cicatrice. Parce que le trachome est une maladie chronique. Il peut évoluer pendant plus de 15, 20 ans. Un enfant atteint du trachome non traité développe une cicatrice, et cette cicatrice, à l’âge adulte, développe le ‘’trichiasis’’», a-t-il dit.
Pour sa part, le Coordonnateur du Programme National de lutte contre la Lèpre, Dr Gado Moussa a souligné que la lèpre est une maladie infectieuse causée par des microbes. « C’est un microbe qui fait partie de la famille des micro-bactéries comme celles de la tuberculose. Le microbe est dans l’environnement des personnes malades. Le mode de contamination de la lèpre se fait à travers le contact direct et aussi par la voie respiratoire, et le contact prolongé avec les personnes lépreuses. La lèpre attaque le nerf et la peau. « Quand elle attaque la peau elle donne des taches rougeâtres, quand elle attaque les nerfs ça donne un gonflement de nerf. La lèpre est guérissable. Le traitement est gratuit par une combinaison de produit qu’on appelle Produit Chimiothérapie (PCT). Le traitement dure 6 à 12 mois selon la forme », a-t-il expliqué.
Le Coordonnateur du Programme National d’élimination de la Filariose Lymphatique et l’Onchocercose, Dr Salissou Adamou a dans ses propos liminaires fait savoir que la Filariose Lymphatique est provoquée par un parasite qu’on appelle ‘’Wuchereria bancrofti’’. Le parasite est transmis par le moustique. « Le même moustique qui donne le paludisme, transmet la Filariose. Ce qui est dangereux, il y a des moustiques qui ne donnent pas le paludisme et qu’on voit toute l’année, ces moustiques aussi assurent la transmission de cette maladie », a fait savoir le Coordonnateur.
De son côté, le Coordonnateur du Programme National de Lutte contre la Bilharziose et les géohelminthes, Dr Gnandou Issa a indiqué que la bilharziose est une parasitose due à des petits vers qui s’attrapent dans l’eau de surface contaminée, notamment le fleuve ou les rivières. Le parasite séjourne chez un autre être vivant avant de contaminer les personnes qui rentrent dans l’eau contaminée. « Sur les 72 districts que compte le Niger, 69 sont endémiques sauf les districts de Tesker, N’Gourti et Bilma. Il y a deux formes de Bilharzioses. Une forme urinaire dont le signe principal, est la présence du sang dans les urines, et la forme intestinale où il y a la présence du sang dans les selles. Ces deux maladies non traitées peuvent évoluer vers des complications qui sont fâcheuses. La première complication pour la forme urinaire, c’est un cancer de la vessie. La deuxième est liée à l’insuffisance rénale. La troisième, c’est la possibilité d’une stérilité qui peut se voir dans les deux sexes. La plupart des MTN bénéficie d’un traitement gratuit et même préventif », a-t-il conclu.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)