En 1899 la France envoya au Niger Paul Voulet, le commandant de l’une des missions les plus sanguinaires pour prendre le contrôle du lac Tchad. Cette tristement célèbre expédition coloniale qui fut dénommée la mission Voulet-Chanoine parcourut le Niger sur le tracé exact de la principale route qui traverse le pays actuellement. Une traversée sanglante qui marqua profondément l’histoire du Niger avec des dizaines de milliers de morts en quelques jours. Voulet et ses compagnons semèrent le chaos et la mort sur leur passage, comme la plupart des missions coloniales françaises. Aujourd’hui encore, tous les villages traversés par ces escadrons de la mort estiment que le jour où la colonne Voulet est arrivée chez eux a déterminé leur difficile condition actuelle. Parce qu’aussi, « le pillage du passé a rendu le pillage du présent efficace » (Ta-Nehisi Coates).
Il est déroutant de constater qu’il existe encore aujourd’hui au Niger des monuments qui célèbrent les acteurs de ces barbaries que la France a orchestrées. À l’ignominie des massacres s’ajoute l’humiliation de la célébration des bourreaux. La soif du sang de la France n’a d’égale que sa quête de la gloire. C’est d’ailleurs le propre de tous les grands criminels de l’histoire.
À présent que la peur a changé de camp au Niger, il est temps que les nouvelles autorités du pays commencent à démanteler tous les monuments qui célèbrent la France et ses œuvres de malheur. Il faut les remplacer par nos héros qui ont opposé une résistance vaillante, malgré les moyens limités, face aux colons. Parce que notre révolution doit aussi s’exprimer dans les symboles, il urge de purger nos rues et nos places de toutes les manifestations du passage des bourreaux pour célébrer nos héros.
Malgré des décennies de tueries, de pillages, d’humiliation, de manipulation, de restrictions diverses, le peuple nigérien reste débout. Et depuis le 26 juillet dernier, il s’est redressé d’un seul coup pour prendre son destin en main et arrêter tout le mal qu’il subit. Bien évidemment cela n’est pas du goût des prédateurs qui préfèrent un peuple couché qu’ils vont continuer à dévorer jusqu’à la fin des temps. C’est d’ailleurs ce qui explique la batterie de sanctions uniques, iniques, inhumaines et illégales prises contre les nigériens depuis la révolution du 26 juillet.
Mais contre toute attente, malgré les prédictions des « experts » de tous genres sur l’effondrement imminent du pays qui a été toujours présenté comme le plus pauvre du monde, le Niger et les nigériens demeurent débout et même plus que jamais forts. Depuis presque sept mois, les multiples privations ont révélé une population résiliente de la meilleure des façons, prête à relever tous les défis pour construire son bien-être. La nouvelle voie est certes périlleuse, les difficultés demeurent et l’animosité des prédateurs et leurs complices ne facilitent pas le cheminement. N’est-ce-pas la nature de toute lutte de libération d’être douloureuse ?
Il faut ici saluer l’ingéniosité des nouvelles autorités du Niger qui ont su faire fonctionner le pays depuis sept mois avec les ressources internes, malgré la fermeture des frontières et la séquestration de ses avoirs au niveau de la BCEAO par les valets locaux de la France. D’ailleurs, en dépit des restrictions drastiques, la Banque Africaine de Développement (BAD) annonce le Niger en tête des plus fortes croissances d’Afrique en 2024. Cela est possible parce que le Niger possède aujourd’hui des dirigeants qui mettent en avant les intérêts du peuple au-dessus de tout et qui ont surtout conscience du potentiel dont le pays regorge. Cela est possible parce que les nigériens sont prêts à se battre pour leur pays et à supporter toutes les privations, dans un élan patriotique, pour accompagner leurs dirigeants dans cette nouvelle marche.
Par ailleurs, on mesure à quel point le peuple nigérien a été abusé par ses propres fils quand on entend les 15 milliards recouvrés en trois mois par la Coldeff, alors même que les plus célèbres dossiers de détournement ne sont pas encore ouverts. Des individus qui n’ont d’amour que pour le mal qu’ils font au pays se sont ligués en bandes pour s’accaparer des biens du pays au détriment du peuple qui peine à subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Au-delà de sa mission de recouvrement des richesses volées, la Coldeff doit s’atteler à un travail de sensibilisation en profondeur sur la sacralité des biens publics. Il nous faut construire une société où chaque citoyen, à quelque niveau de responsabilité qu’il soit, comprenne, par patriotisme et surtout par crainte d’Allah qu’il ne peut pas voler les biens publics et que ceux-ci doivent profiter à tous les fils du pays. Cela prendra le temps qu’il faut mais ce travail doit commencer aujourd’hui.
Depuis sept mois le Niger a amorcé le processus d’une transformation profonde, dans la douleur et face à l’adversité. Loin des polémiques stériles, hystériques et partisanes, ce cheminement requiert la participation de chaque citoyen qui doit faire sien cette révolution. Pour se faire, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie doit revoir en profondeur sa stratégie de communication pour que le peuple soit en phase avec sa vision pour le Niger. Il faut sortir du schéma de la réaction et s’inscrire dans une dynamique d’actions offensives afin de faire échec à la grosse machine de la cellule d’intoxication médiatique mis en place par les ennemis de cette révolution pour entraver la nouvelle marche du pays.
Aussi, après la phase des diverses nominations des cadres qui doivent gérer les hautes fonctions dans l’appareil étatique, le CNSP doit rapidement opérer une évaluation de ceux-ci pour mettre en avant ceux qui s’inscrivent dans la nouvelle dynamique du pays et écarter ceux qui trainent les tares des anciennes gestions. Il est incontestable que ce pays dispose de ressources humaines suffisamment qualifiées et surtout profondément attachées à la souveraineté nationale pour le faire rayonner. Il faut vite débusquer ces pépites pour les mettre en avant du nouveau Niger que nous voulons construire. Cette révolution que nous amorçons doit se donner tous les moyens nécessaires pour parvenir à bon point.
«Mon espoir c’est de voir la nouvelle voie que nous nous sommes tracée nous conduire, avec ou sans la levée de l’embargo, à répondre aux attentes du peuple nigérien, l’espoir de vivre en paix et dans la prospérité. » (Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du CNSP, Chef de l’État)
Zas