
Notre reporter échangeant avec la responsable de la maternité ...
La santé de la mère et de l’enfant constitue une préoccupation majeure au Niger. C’est pourquoi, dans la politique sanitaire du pays, les autorités s’évertuent d’année en année à améliorer l’offre de soins à travers une meilleure prise en charge des patients. La mère et l’enfant sont inséparables et ils sont des êtres vulnérables. En agissant sur l’offre de soins, le gouvernement du Niger entend améliorer substantiellement les indicateurs de santé de façon générale. Dans la région de Dosso, le centre de la mère et de l’enfant est un véritable centre de référence en matière de prise en charge des complications liées à la santé de la mère et de l’enfant.
C’est un centre qui a été créé en 2013 avec comme mission principale de fournir des prestations gynéco-obstétricales, néonatales et post-natales, des prestations de planification familiale, des prestations de pédiatrie et de néonatologie, la prise en charge des cas référés et surtout de servir de creuset de recherche et de formation aussi bien pour les chercheurs du domaine que pour d’autres disciplines dans la perspective de fournir des éléments d’information susceptibles d’aider les autorités à la prise de décision.
Le Centre Mère et Enfant est situé dans la cité des Djermakoyes, Dosso. Il dispose d’un plateau technique de pointe, toute chose qui lui permet de prendre en charge les cas de patientes référées. Au total, 149 lits sont fonctionnels dans cet établissement sanitaire. Les principaux services disponibles sont, entre autres : un service d’aiguillage, le service de planification familiale, les services obstétriques et de gynécologie, un pavillon de fistule, un service de pédiatrie A (prise en charge des enfants de moins de 5ans) et B (prise en charge des enfants de plus de 5 ans), le service néonatologie, le service de radiologie, un laboratoire, un bloc opératoire, un service de CRENI et les services annexes comme la buanderie et la morgue.

Dans cet établissement sanitaire de référence, le visiteur est tout de suite frappé par la propreté des lieux et l’accueil du personnel soignant. Ce qui laisse présager une prise en charge adéquate des cas de malades référés. Selon le directeur du centre, Dr Issa Moudi, le profil des patients est naturellement les femmes et les enfants qu’ils appellent dans leur jargon le « couple mère et enfant ».
La prise en charge des patients
Dans cet établissement de référence, le « couple mère et enfant» est pris en charge. Certaines patientes viennent tant tôt pour des consultations et accouchements d’une part, et les enfants pour les soins, d’autre part. Dans tous les cas, dès l’arrivée de la patiente ou du patient, il y a le service aiguillage pour le tri. Ce dernier permet de savoir si le cas est urgent ou pas avant de procéder au système d’orientation et transfert vers le service habileté dans la prise en charge. Le tri a pour rôle premier de lever d’abord l’urgence. En effet, les nouveau-nés et les cas de malnutrition sont directement admis dans le centre. Pour les consultations gynécologiques, deux boxes sont dédiés à cet effet. En ce qui concerne les urgences pour les femmes, celles-ci passent automatiquement dans la salle des soins appropriés parce que généralement ce sont des complications liées à l’accouchement. Les pathologies pour lesquelles les femmes sont admises dans le Centre Mère et Enfant de Dosso sont, entre autres, les tumeurs, les fibromes, les kystes, les pathologies gynécologiques et les pathologies obstétricales comme pour l’accouchement et le suivi des femmes enceintes, l’hypertension, les anémies et les cas de fistule obstétricale simple et complexe. S’agissant des enfants, les pathologies qu’on relève sont notamment la malnutrition, les infections respiratoires, les maladies congénitales, surtout chez les nouveau-nés.
Pour ce qui est de la fréquentation, le Centre Mère et Enfant reçoit en moyenne 800 admissions par mois. Ce qui veut dire que le recours à cet établissement est vraiment important. Par rapport au taux de létalité obstétricale, les chiffres sont en constante régression, selon le directeur du centre. Entre 2019-2024, le taux de létalité obstétricale est passé de 4% à 2% chez les femmes. Cette tendance est la même chez les enfants même si par ailleurs les chiffres pourraient être élevés à cause de dysfonctionnements au niveau des structures de référence. Le taux de mortalité était de 3% en 2024 chez les nouveau-nés. Autant dire que des progrès sont en train d’être réalisés dans cette formation sanitaire.
Réduction des prestations sanitaires
Les mesures de réduction des tarifs des prestations sanitaires prises par les autorités du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie pour soulager les souffrances de la population ont été mises en application dans l’ensemble des formations sanitaires publiques. Le Centre Mère et Enfant de Dosso n’a pas dérogé à la règle. C’est ainsi que le logiciel de la comptabilité de cet établissement sanitaire a été mis à jour, un jour avant la mise en application de l’ordonnance. Mieux, le directeur du centre a expliqué qu’une note de service portant notification des nouvelles tarifications a été minutieusement affichée pour que les utilisateurs puissent véritablement se convaincre et informer les autres de l’application stricte de la mesure, conformément au vœu des autorités du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie.

Par rapport à la gratuite de la césarienne et de la prise en charge des enfants de 0 à 5 ans, le directeur du Centre Mère et Enfant de Dosso dit avoir respecté à la lettre cette mesure dont l’objectif est de faciliter à la population l’accès aux soins de santé afin de soulager les femmes et les enfants, ces franges vulnérables de la population.
En ce qui concerne les besoins liés à la planification familiale, le Centre Mère et Enfant met à la disposition des femmes un personnel qualifié et disponible 24 heures sur 24 pour répondre de façon efficace aux différentes sollicitations des utilisatrices par rapport aux méthodes contraceptives. Les agents de santé qui travaillent à ce niveau profitent d’ailleurs de ce moment pour faire le dépistage gratuit du cancer du col de l’utérus. Les patientes ayant été opérées par césarienne reçoivent des formations et des conseils d’usage auprès du personnel soignant avant d’opter pour la méthode contraceptive qu’elles auraient choisie.
Au niveau de la maternité du Centre Mère et Enfant, les lieux sont gardés ce jour-là par Mme Ibrahim Lalla, technicienne supérieure en soins obstétricaux, et son équipe. Dans la salle d’accouchement, une femme en travail gémit. A côté d’elle, Mme Ibrahim qui veille au grain à travers des conseils pratiques et des encouragements jusqu’à la délivrance. Pendant ce temps, les complaintes de la jeune dame envahissent tout le bloc. Cette jérémiade prouve à suffisance la souffrance qu’endure une femme en donnant la vie.
Hassane Daouda (ONEP), Envoyé spécial