
Alou Moustapha, DG ONEP
L’âge de l’actuel Président français, Emmanuel Macron, ne doit ni être une excuse qui l’exempte de s’intéresser à l’Histoire de son pays, les Départements, Territoires d’Outre-mer et autres colonies africaines notamment, ni une faveur qui l’autorise à penser que l’Histoire des relations franco-africaines a débuté il y a moins de vingt-ans, encore moins une dispense qui l’écarte de la nouvelle marche du monde.
Entre la fin des années 70 et le début des années 80, la défense de l’équipe nationale française de football était constituée de trois (3) véloces et robustes joueurs, Marius Trésor, Capitaine de l’équipe, Gérard Janvion et Jean-Pierre Adame, tous originaires des départements d’outre-mer (les Antilles et la Martinique notamment) africains de souche donc, que les chroniqueurs sportifs avaient surnommé « La Garde Noire ».
C’est cette garde dite noire qui a vaillamment défendu les couleurs nationales françaises pendant presque une décennie au cours de plusieurs rendez-vous historiques du football français.
En 1940, en pleine débâcle suite à l’occupation de la France par l’Allemagne Nazi, les forces françaises libres, à la tête desquelles se trouvait le Général Charles De Gaule, dispersées et refugiées un peu partout dans le monde, se sont fortement appuyées sur l’Afrique pour mobiliser des hommes, constituer un rempart contre l’ennemi et participer activement à la libération de la France quelques années plus tard.
En effet, le 26 Octobre 1940, à Brazzaville au Congo, le Général-fugitif Charles De Gaulle lança un véritable SOS aux africains pour qu’ils aident la France à se défendre, voire à combattre l’ennemi allemand.
C’est d’ailleurs dans la capitale congolaise que s’était tenu le premier Conseil de Défense de la France libre.
La guerre dans la péninsule indochinoise appelée « Guerre d’Indochine » qui est, en vérité, une guerre de libération, entrant dans le cadre du processus de la décolonisation, que le peuple indochinois a engagée contre la France coloniale juste après la seconde guerre mondiale a également été menée, entre autres, par des troupes africaines qui formaient l’armée de l’empire français.
Idem pour la guerre d’Algérie au cours de laquelle les soldats des colonies françaises d’Afrique, agissant au nom et pour la France, ont été déployés pour affronter les éléments de l’armée de libération nationale algérienne qui ont décidé d’arracher de haute lutte l’indépendance de leur pays.
Ces exemples démontrent à suffisance que l’Afrique a assurée à un moment donné de l’Histoire contemporaine la défense de la France.
Contre toute attente, c’est le Président français, mélancolique, probablement dépassé par le cours de l’Histoire, certainement désorienté par la tournure des évènements dans certains pays africains qui ont décidé de prendre leur destin en main, sûrement atterré par la dynamique de reconquête de la souveraineté nationale engagée par les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) notamment, qui réclame voire exige des remerciements de la part des pays africains.
Ironie donc de l’Histoire, c’est la France qui a toujours occulté les prouesses des soldats africains dans sa défense, allant jusqu’à abattre froidement certains d’entre- eux qui réclamaient leurs droits et des meilleures conditions de vie à Thiaroye au Sénégal, qui relève une certaine ingratitude dont elle a été victime, semble-t-il.
D’ailleurs, au soir du 25 août 1944, dans la ville de Paris libérée par les forces alliées dont les contingents venus d’Afrique ont joué un rôle névralgique au cours du débarquement de Provence, le Général De Gaulle lors de son fameux discours dans lequel il clamait : « Paris ! Paris outragé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! », N’a pas daigné mettre en relief le concours précieux des troupes africaines dans cette libération.
Au demeurant, toute une mise en scène a été orchestrée à partir de ce jour-là pour qu’il n’y ait aucun soldat noir dans les rues de Paris et effacer de la mémoire collective l’appui des africains dans la libération de la France.
Ainsi commença ce que les historiens ont appelé « le blanchiment », en d’autres termes, retirer tous les soldats noirs de toutes les actions visibles après la libération de la France et les remplacer par des soldats à la peau blanche.
Suprême ingratitude !
Alou Moustapha(onep)