Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’Université Abdou Moumouni (UAM) de Niamey, une conférence-débat a été organisée à l’amphithéâtre Chaibou Dan Inna, le 8 avril dernier respectivement sur les thèmes : «Historique de l’Université Abdou Moumouni», animée par Pr Maïkoréma Zakari, historien et «Place et rôle de l’Université Abdou Moumouni dans le développement : défis et perspectives», animé par Pr Habibou Abarchi, ancien recteur de l’institution. Les deux conférences modérées par Dr. Moussa Hamidou Talibi, Maître de conférences à UAM se sont déroulées en présence de plusieurs enseignants-chercheurs, et étudiants ainsi que des invités.
Dans son exposé, le premier conférencier, Pr. Maïkoréma Zakari a tout d’abord rappelé que la création de l’Université remonte à 1971 avec l’appellation du Centre d’Enseignement Supérieur de Niamey qui est devenu Université en septembre 1973. C’est par ordonnance du 21 août 1992 que l’Université de Niamey a pris le nom d’Université Abdou Moumouni. Elle est dirigée par un Conseil de l’Université, présidé par le Recteur ou, en cas d’absence ou d’empêchement, par le Vice-recteur. Ce conseil se compose du Secrétaire général, des doyens de facultés, des directeurs d’instituts, du directeur du Centre National des Œuvres Universitaires, de représentants des enseignants, chercheurs, étudiants et de personnalités désignées par le gouvernement. Il définit l’orientation de l’enseignement, des programmes, le régime des études et des examens et l’organisation matérielle, sociale et culturelle sur le campus universitaire. Le Conseil de l’Université a compétence pour toutes les questions concernant les biens de l’Université et les affaires administratives et disciplinaires intéressant le personnel enseignant, les chercheurs et les étudiants. Il vote le budget et donne son avis sur les questions soumises par le ministère de tutelle ou le recteur.
Créée en 1971, l’UAM a joué un rôle de premier rang dans la formation supérieure et la recherche académique au Niger. Selon le conférencier son évolution du point de vue des activités, ses résultats et les difficultés rencontrées dans son fonctionnement sont liées essentiellement à des questions de financement de ses activités. «Puisque 10 ans seulement après sa fondation, on a mis de côté, les questions de prévisions budgétaires pour fonctionner sur la base de subventions qui sont en deçà des besoins exprimés. Ce qui fait que pendant une bonne partie de son existence, l’Université a fonctionné dans des conditions assez difficiles», a-t-il indiqué.
Le Pr. Maïkoréma devait préciser qu’en dépit de tout cela, les résultats ont été atteints parce qu’il y a beaucoup de cadres formés qui servent aujourd’hui l’Etat dans les divers services. «Il y a même un ancien étudiant de l’UAM qui avait dirigé le Niger. Nous avons également les produits de la recherche issus des conditions difficiles. L’UAM a prouvé qu’elle est bel et bien un outil de développement. Elle a vraiment contribué au développement socioéconomique du pays. Nous devrons rendre hommage à ceux qui ont le mérite d’avoir eu cette initiative et à tous ceux qui ont entretenu cette Université qui a produit des cadres de qualité grâce auxquels, aujourd’hui, notre pays existe», a-t-il dit.
Quant au deuxième conférencier, il a rappelé la place et rôle de l’Université Abdou Moumouni dans le développement ainsi que les défis et les perspectives. Pr Habibou Abarchi a expliqué qu’il s’agit d’un thème très important qui met en relief les défis, les challenges que connait l’Université. En ce qui concerne les missions de l’Université, il est important de savoir que l’Institution a été créée au lendemain de l’indépendance pour subvenir au besoin en ressources humaines du pays. «Aujourd’hui, vous savez que l’Université a formé des cadres nigériens du niveau maîtrise à l’époque et doctorat. Je pense que ce rôle, il faut l’affiner et le poursuivre en s’orientant sur les réalités du moment qui sont la professionnalisation adaptée, ajuster la formation en ressources humaines au besoin du développement du pays», a souligné le Pr. Habibou Abarchi.
Le conférencier a expliqué que même si, on ne cite pas encore la partie recherche, l’Université produit suffisamment d’articles qui ne sont pas très portés à la connaissance du grand public. «En 2015, j’ai pu compter un enseignant sur deux produisait des articles de recherche. C’était un critère de performance, je ne sais pas ce que cela est devenu après. Mais la recherche rencontre beaucoup de problèmes, il faut que l’Etat l’organise», a-t-il ajouté. Pour lui, la recherche au Niger, doit apporter des solutions réelles aux problèmes des citoyens. Elle doit résoudre les problèmes de la société qu’ils soient au niveau culturel, technique, des arts, des sports et à tous les degrés. «Comme l’Etat ne l’organise pas, la recherche est parfois mal financée, au stade embryonnaire. Les universitaires n’ont pas sensibilisé les décideurs», a-t-il souligné.
Pr. Habibou Abarchi devait dire que, les recherches que les enseignants font sont plutôt destinées à leur promotion en grades académiques. Certaines qui correspondent au besoin des solutions de la société ne sont pas exploitées par l’Etat. «Même les systèmes d’exploitation des recherches dans une démarche de projet pilote avant que ça ne soit étendu à l’échelle internationale n’existent même pas dans notre pays. Donc, il y a ce travail à faire, pour organiser la recherche, la rendre performante et rentable par rapport à une production qui est à même de résoudre des problèmes quotidiens des citoyens», a-t-il déclaré.
Seini Seydou Zakaria(onep)