
Le peuple algérien commémore ce jeudi 13 février 2025, le 65ème anniversaire des explosions nucléaires menées par les autorités coloniales françaises à Reggane dans le Sud de l’Algérie. Ces explosions nucléaires perpétrées par la France le 13 février 1960 sont des « crimes perpétuels » dont les répercussions et effets sont toujours d’actualité, tant sur les humains et les animaux que sur les plantes. Les victimes de cette explosion nucléaire ne sont pas limitées à cette seule période, mais se sont étendues à plusieurs générations. C’est pourquoi, l’Algérie réclame la levée du secret-défense sur les archives des essais nucléaires et l’indemnisation des victimes.
L’opinion internationale se souvient régulièrement des événements d’Hiroshima, de Nagasaki et de Tchernobyl sans se soucier de la tragédie de Reggane. Il est nécessaire de rappeler au niveau des organisations, de forums nationaux et conférences internationales, de faire connaitre ces crimes qui demeurent des crimes contre l’humanité imprescriptibles engageant la responsabilité juridique et politique sur la base du principe de la continuité de l’Etat. En effet, les répercussions de ces crimes sont toujours ressenties dans cette région devenue « zone interdite » en raison de la présence des rayons radioactifs, citant pour preuve les différentes tumeurs cancéreuses affectant la population locale, voire même les caravanes commerciales traversant la région.
La population dans cette zone se nourrissant exclusivement d’aliments simples, exempts de conservateurs cancérigènes, sont affectée, depuis ces bombardements jusqu’à nos jours, par diverses maladies graves, dont le cancer de la peau et du sang et la thyroïde chez l’enfant, outre les fausses couches enregistrées chez un grand nombre de femmes et le taux élevé des sourds, des muets et d’attardés mentaux provoqués par des conséquences directes de la radioactivité.
Il faut souligner que l’Etat algérien a consenti des efforts pour assainir la région de ces rayons radioactifs, assurant que les fonds considérables investis, conjugués à l’exploitation d’une haute technologie, visent à empêcher la subsistance de ces rayons, sachant qu’une période de 64.000 ans, est nécessaire pour leur dissipation de façon naturelle. La France doit d’ailleurs fournir à l’Algérie les cartes topographiques de la région, pour pouvoir localiser les outils et engins empoisonnés utilisés dans ces explosions.
En effet, les essais nucléaires français se sont déroulés pendant six ans. Ainsi, entre février 1960 et avril 1961, quatre essais atmosphériques s’étaient déroulés par des explosions à l’air libre sur le site de Reggane. A partir de décembre 1961, c’est dans des tunnels creusés pour l’occasion au cœur du massif montagneux d’In Ecker que se dérouleront ces explosions et ce, jusqu’en 1966. Ce passage des essais atmosphériques aux essais souterrains était motivé, principalement, par la volonté des officiers français d’échapper à la critique internationale. Il faut en outre souligner que ce dossier épineux se heurte toujours aux frustrations du passé colonial qui empêchent un traitement responsable et objectif de la mémoire, lequel hypothèque l’avenir des relations bilatérales algéro-françaises et repousse toute démarche visant à élargir les domaines de coopération sur une base solide fondée sur la confiance.
Lors d’une réunion préparatoire de la commémoration du 65ème anniversaire, le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga a insisté, le dimanche 02 février 2025, sur l’importance à accorder à cette question à l’échelle nationale, en associant tous les secteurs et les acteurs de la société civile, dans le but de mettre à nu les crimes commis par l’occupation française contre la terre et la population dans le Sahara algérien, en usant de tous les moyens de destruction, y compris ceux prohibés au niveau international.
Seini Seydou Zakaria (ONEP)